Accueil Editorial Union africaine : un sommet de plus ou un sommet plus ?

Union africaine : un sommet de plus ou un sommet plus ?

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Un sommet qui pourrait changer le statut de l'Union africaine (Ph. afriqueexpansion.com)

« Tirer pleinement parti du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ». C’est le thème officiel du non moins solennel 28è sommet de l’Union africaine (UA) qu’abrite l’imposant complexe de verre et d’acier, siège de l’institution continentale, actuellement présidée par le Tchadien Idriss Déby Itno. Mais la jeunesse aura-t-elle la chance de se frayer un passage dans ce bloc de dossiers chauds qui seront sur la table des chefs d’Etats et de gouvernements, hôtes d’une Ethiopie placée en régime état d’urgence et hautement et militairement sécurisée ? Rien n’est moins sûr, parce que l’élection du, ou la, successeur de Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente actuelle de la commission de l’UA, accréditée d’un bilan controversé, occupera assez les dirigeants africains. Les cinq candidats qui convoitent le poste de la Sud-Africaine sont tous d’un gabarit et certain et l’issue  des joutes électorales est loin d’être connue d’avance. La candidature du Tchadien Moussa Faki Mahamat, étant portée, aki excusez du peu, par son président, par ailleurs président en exercice de l’UA, alors que les chefs d’Etat de l’Afrique de l’ouest jetteront sans doute leur dévolue sur leur champion, Abdoulaye Bathily. Dans cette bataille électorale où l’appartenance régionale risque au finish de faire pencher la balance, les autres challengers, en l’occurrence  l’Equato-Guinéen Agapito Mba Mokuy, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et la Kényane Amina Mohamed Jibril, ne se présenteront point en figurants. Ils ne se laisseront pas intimider dans ce combat de gladiateurs où l’essentiel de sera pas d’y participer.

L’autre plat de résistance au menu de cette rencontre au sommet, ne sera pas moins croustillant. Il ne s’agit ni plus ni moins que du come-back du Maroc dans la famille UA. Si le royaume chérifien s’était retiré, en 1984, de l’Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’UA, dont il était membre fondateur, son retour pourrait n’être désormais qu’une formalité après la grande campagne menée par son souverain himself, qui entend jouer un rôle de premier plan en Afrique. Les choses seront sans doute facilitées du fait que le Maroc qui était parti de l’UA, contestant la présence en son sein de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), n’en n’a aurait plus fait un préalable dans sa demande d’admission auprès de la commission de l’UA. Qui plus est, le Maroc, qui a réuni plus de 40 voix à sa cause, a largement dépassé le quota de dépassé la majorité de 28 Etats imposée par l’acte constitutif de l’UA. La seule inconnue qui pourrait doucher quelque peu l’enthousiasme de Mohamed VI et de ses sujets de réintégrer le giron de l’Union africaine pourrait bien venir de Johannesburg,  Abuja et Alger, l’Afrique du sud, le Nigeria et l’Algérie demeurant de puissants soutiens de la RASD.

Les crises post-électorales dont la dernière en date a eu pour théâtre la Gambie, l’abolition de la peine de mort, le passage de témoin entre Idriss Déby Itno et sans doute le guinéen Alpha Condé, le terrorisme et les réformes institutionnelles de l’UA, pour lui permettre une meilleure organisation et un fonctionnement plus efficient de ses organes et de son auto financement, sont autant de questions, qui, si elles sont traitées avec le sérieux requis devront donner un nouveau départ salutaire à l’UA. Et peut-être, l’institution tournera le dos, pour de bon, à son statut peu flatteur de « machin » ou jettera aux oubliettes son qualificatif peu reluisant de « syndicat des chefs d’Etat africains ». Pourvu que ce soit un sommet plus !

Par Wakat Séra