Accueil A la une Affaire « Charbon fin »: les experts ont retrouvé de « l’or en teneur inférieure »...

Affaire « Charbon fin »: les experts ont retrouvé de « l’or en teneur inférieure » (défense)

0
Le Directeur Général de IAM GOLD Essakane SA, Mohamed Ourriban, montrant le charbon fin aux journalistes (photo d'archives)

Les experts judiciaires commis dans l’affaire « charbon fin » ont retrouvé de « l’or en teneur inférieure », a indiqué, ce mardi 7 novembre 2023, Me Pierre Yanogo, avocat constitué aux côtés de Essakane SA, principal prévenu dans le dossier.

Les experts judiciaires Moussa Gomina et Joël Ilboudo, commis dans l’affaire « charbon fin » pour produire un rapport en vue de départager le ministère public burkinabè et la société minière IAM GOLD Essakane SA, poursuivie, entre autres, pour fraude, dans l’affaire « charbon fin », ont présenté, sur près de deux heures, ce mardi 7 novembre 2023, la méthodologie qu’ils ont utilisé pour déterminer la teneur des minerais, après qu’un spécialiste du domaine, enseignant de l’université Joseph-Ki Zéro, Dr Arsène Yonli, a remis en cause la « sincérité » de leur travail.

« Ces éléments viennent confirmer à souhait ce que Essakane a toujours dit dans ce dossier à savoir que le charbon avait une teneur en or de 831 grammes par tonne. Les experts ont fait des prélèvements qu’ils ont envoyés dans des laboratoires où il est ressorti qu’ils ont retrouvé 765 grammes par tonne de charbon fin. Ça veut dire qu’il retrouve de l’or en teneur inférieure que ce que Essakane avait annoncée », a dit à la fin de l’audience, Me Pierre Yanogo, à la presse. 

Le parquet « a tenté d’imposer M. Yonli comme un expert. Mais aujourd’hui, le tribunal a admis avec nous, et avec d’ailleurs les conseils du REN-LAC que judiciairement parlant, M. Yonli ne peut pas être un expert », a déclaré Me Yanogo qui a estimé qu’il n’a pas « qualité à remettre en cause » les conclusions du rapport sur lequel vont se porter les débats au fond. 

Les experts burkinabè, Moussa Gomina et Joël Ilboudo, désignés à l’unanimité par les parties prenantes dans le dossier « charbon fin », ont, à travers une projection PowerPoint, expliqué au tribunal, ce mardi, la méthodologie qui les a guidée dans leur travail. Point par point, ils ont fait comprendre au tribunal que les méthodes scientifiques et techniques qu’ils ont utilisées sont ce qu’il faut obligatoirement suivre dans ce cas de figure, c’est-à-dire l’expertise minière, pour avoir des résultats sûrs. 

Selon M. Gomina et M. Ilboudo, le juge leur demandé, entre autres, de « déterminer la nature géologique de chaque substance minérale ou métal ; déterminer avec exactitude la caractérisation de chaque substance minérale ou métal précieux existant dans chaque matériau et quantifier la teneur de chaque substance minérale ou métal précieux trouvé dans chaque matériau ».

Pour l’expert Joël Ilboudo, le procédé proposé par Dr Arsène Yonli, spécialiste auquel a fait recours le ministère public pour avoir des éclairages, « relève de l’absurdité totale » pour avoir les résultats de leur recherche. « Pour nous expert des mines, ça n’a aucun sens », a-t-il martelé alors que la veille, dans la même salle, M. Yonli, par sa méthodologie , a remis plusieurs conclusions du rapport en cause. 

Avant la présentation des experts judiciaires, les débats se sont poursuivis sur la qualité de M. Yonli, appelé par le procureur pour une « explication scientifique » la veille. Sur une question du président du tribunal, le Dr Arsène Yonli a répondu clairement qu’il remettait en cause la « sincérité » du rapport produits par les deux avant de se raviser après le levier de bouclier des avocats de la défense qui veulent une précision de sa qualité dans le procès.

Le président qui semble être d’accord avec la posture des avocats de la défense qui ont soulevé des éléments de droit pour s’opposer, va relancer de façon ferme Dr Yonli. « Je veux que vous me répondez par oui ou non si vous contester le résultat du rapport », a demandé le président. Mais la réponse de Dr Yonli va le laisser sur sa soif. Il va relancer sa question mais M. Yonli qui avait lancé que « le rapport n’est pas sincère » à la suite d’une relance de Me Pierre Yanogo de la défense, a répondu cette fois-ci qu’il « conteste des parties » du rapport de M. Gomina et M. Ilboudo.

Grosso-modo, la défense a rejeté le rapport de M. Yonli présenté comme « expert » par le ministère public qui contredisait sur beaucoup de points, le rapport des experts judiciaires. Mais pour Me André Ouédraogo constitué aux côtés de l’Etat, « il n’y a rien sur le plan légal qui empêche M. Yonli d’intervenir dans cette affaire ».

Dans cette lancée, le président du tribunal va renchérir que « pour le besoin de la vérité, (sa cour) peut avoir recours à toute personne ». « La seule question que je n’ai pas posé hier, c’est de demander si Essakane a des griefs contre M. Yonli », a poursuivi le président du tribunal. Question à laquelle Me Pierre Yanogo, conseil de la mine, va répondre par l’affirmative. 

En tout état de cause, les avocats de la défense disent être « totalement opposés » à ce qu’il (Dr Yonli) intervienne comme expert dans cette affaire. Pour eux, expert au sens de la loi est reconnu par la loi alors que tel n’est pas le cas pour Dr Arsène Yonli.

Le procès reprend demain mercredi au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (TGI 1) à partir de 9H00.

Par Bernard BOUGOUM