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Afrique : après la CAN, face au terrorisme et aux mutilations génitales féminines

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La sensibilisation pour protéger la femme contre les mutilations génitales (Ph. un.org)

Une fois de plus, la magie du football a réussi à sécher les larmes des Congolais endeuillés par la mort de l’opposant historique, Etienne Tshisékédi, reléguer au second plan la précarité du quotidien des populations au Burkina Faso, ranger aux oubliettes la peur des menaces terroristes au Niger, et faire sauter de joie, dans le même stade ou devant le même écran de téléviseur, Ali Bongo Ondimba et Jean Ping, des adversaires politiques qui ne se font pas de cadeaux. Ce ne sont pas les Camerounais qui nieront cette vertu euphorisante du sport roi qui rassemble sous la même bannière des ennemis jurés, le temps d’un match de 90 minutes, et plus si on remporte la CAN 2017, après une quinzaine d’années de disette. Si durant près d’un mois ils ont fait vibrer tout un peuple qui, comme tous les bookmakers, ne vendait pas cher leur peau, les Lions indomptables ont simplement créé après leur victoire, une liesse populaire qui n’a pas faiblit d’une once depuis le dimanche 5 février à Yaoundé, Douala, Bafoussam, etc. Mieux, le retour des nouveaux rois de l’Afrique a été fêté comme au temps du règne sans partage des Lions sur l’Afrique, du temps où ils étaient réellement indomptables.

Comme les Lions camerounais, les Etalons burkinabè, médailles de bronze au cou, sont rentrés de la CAN Total Gabon 2017, dans une ferveur populaire à la hauteur de leurs exploits en terre gabonaise. A peine a-t-il reçu et décoré les « valeureux ambassadeurs » du Burkina Faso, auteurs d’une chevauchée fantastique, que Roch Marc Christian Kaboré a dû s’envoler pour Bamako. Dans la capitale malienne, le président du Faso et ses pairs du G5 Sahel sont parvenus à la création d’une force commune au Sahel et dont la mise en place se fera selon des « formats ». A ce titre, dans une unité d’action salvatrice, et sous le regard bienveillant du Guinéen Alpha Condé, coiffé de sa casquette toute neuve de président de l’Union africaine, le Tchad, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Mali, devraient engager une lutte plus efficace contre le terrorisme qui prospère presque impunément dans le Sahel. La gangrène sévit notamment dans le nord du Mali où il a trouvé terrain fertile et s’épanouit presque allègrement. La Minusma, Serval et maintenant Barkhane, tout comme l’armée malienne semblent impuissantes devant l’hydre dont les têtes repoussent aussitôt sectionnées. Ces derniers temps, les Burkinabè, et singulièrement les unités des forces armées stationnées à la frontière avec le Mali, sont devenues la cible privilégiée de ces hommes sans foi ni loi, mais qui disent tuer au nom de Dieu.

Mais des bords du Djoliba, les hôtes de Ibrahim Boubacar Keïta ne s’engagent pas moins, aux côtés de leurs populations, dans le combat contre les mutilations génitales féminines mis en avant à la faveur de la 14è journée internationale de lutte contre l’excision, commémorée ce lundi 6 février 2017. Emballée dans le grand package pudiquement appelé Mutilations génitales féminines (MGF), la pratique qui a la peau aussi coriace que la coutume qui lui sert de matrice nourricière continue de faire des ravages parmi les jeunes filles et les femmes. Si au mieux des cas elle laisse des séquelles avilissantes sur son passage, portant une atteinte grave à la dignité de la femme, au pire, l’excision provoque la mort par hémorragie ou gangrène tant les conditions dans lesquelles elle est pratiquée manquent d’hygiène. Les chiffres sont éloquents : plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes sont victimes de mutilations sexuelles dans 30 pays d’Afrique et du Moyen Orient, mais le phénomène est désormais mondial, car exporté vers l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Plus de 3 millions de jeunes filles sont excisées chaque année. Le danger est donc permanent.

C’est dire que nonobstant l’inversion de la courbe observée ces trente dernières années, la vigilance et la sensibilisation couplée au couperet de la loi, doivent rester de mise afin qu’à l’horizon 2030, comme le projette l’ONU et ses services spécialisés, on parvienne à la tolérance zéro.

Par Wakat Séra