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Afrique et Covid: se vacciner ou ne pas se vacciner, that is the question!

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Une femme en train de se faire vacciner contre la Covid-19 (Ph. d'archives Wakat Séra)

En Afrique comme ailleurs dans le monde, le vaccin, qui, malheureusement, suscite peu d’engouement, alors qu’il constitue, en plus des mesures barrières une véritable arme contre le virus à couronne, s’offre une nouvelle mauvaise publicité. Celle de trop, sommes-nous tentés de dire! Alors que la plupart de ceux qui se vaccinent le font pour pouvoir traverser les frontières occidentales en toute tranquillité, nombre de pays de l’Union européenne, au titre desquels la France, ressuscitent «le mur de Berlin» version Covid-19. «Le vaccin Covishield n’est à ce stade pas reconnu par les autorités sanitaires européennes».

La déclaration est sans équivoque, et en français facile, signifie que le vaccin qui est envoyé en Afrique, ne permet pas d’«aller derrière la mer», comme le disent nos parents pour parler de l’Europe. Pourtant, c’est majoritairement ce type de vaccin qui est offert, à grand coup de pub, par les «généreux» donateurs de l’initiative Covax. De quoi en perdre son latin, car le même vaccin est dit «sûr et efficace»! Ce vaccin Covishield d’AstraZeneca bénéficie, d’ailleurs du soutien de l’Union européenne, des Etats-Unis et de l’OMS.

Où se trouve donc le problème? Tentative de réponse: la France, et bien d’autres pays européens ne font confiance qu’aux vaccins approuvés par l’Agence européenne du médicament (EMA). Par conséquent, les vaccins chinois, russe et le Covishield d’AstraZeneca, produit en Inde, sont donc mis sur la touche. Seul sont reconnus par ces pays censeurs, les vaccins Vaxzevria d’AstraZeneca, Comirnaty de Pfizer/BioNTech, Janssen de Johnson & Johnson et Moderna. D’où sort donc cette fameuse EMA dont les décisions sont au-dessus de celles des puissants de ce monde et de l’OMS? Visiblement, à la guerre commerciale entre les firmes et laboratoires pharmaceutiques, se greffe la realpolitik. Et comme à l’accoutumée, ce sont les pays pauvres, qui pâtiront encore de ces politiques d’un autre âge que sous les tropiques, l’on croyait, naïvement, révolues.

En espérant que ces pays européens reviennent le plus vite à la raison, à moins d’avoir mis de leurs côtés tous les atouts pour supporter l’inconséquence de leur conduite, c’est la campagne de vaccination qui risque de prendre un autre coup. En tout cas, pour une fois, les populations du Sahel ne se plaindront point du soleil ardent qui leur brûle le dos et le front, mais rend difficile, la vie à des virus comme celui du Covid-19.

La troisième vague du Covid-19 fait des ravages en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la Santé. Lors de la première vague, la même OMS avait prédit, à raison mais en vain, une hécatombe pour le continent où tout est priorité et où sévit un manque criard d’infrastructures sanitaires et de médicaments. Ceux qui nous dirigent et les autres citoyens nantis, ne diront pas le contraire, eux qui évitent, comme la peste, les hôpitaux en Afrique. Notamment dans la partie subsaharienne du berceau de l’humanité, les centres de santé sont plutôt vus comme des mouroirs. Le plus petit rhume ou la moindre fièvre les conduit directement en France où ils sont certains de recevoir les meilleurs soins.

Les maladies sont au sud et les médicaments au nord, dit-on. Tout comme, d’ailleurs, le vaccin contre le Covid-19. Si dans le cadre de l’initiative Covax les pays africains reçoivent le vaccin, à dose homéopathique, l’expression sied plus que jamais, il est entendu que la majorité des populations ne peut être servie. Pire, ils sont encore nombreux à convaincre pour aller se faire «piquer».

Et alors que la quantité dérisoire du précieux liquide protecteur fournie aux Africains fait l’objet de frustration, une flambée épidémique des plus inquiétantes guette l’Afrique, toujours selon l’OMS, qui a fait le constat de la hausse du nombre de cas de contamination. Une annonce d’un paradoxe étonnant, vu que les statistiques mises à la disposition du public sont loin, et très loin, d’être alarmantes.  A titre d’exemple, si à la date du 22 juin dernier le Burkina Faso présentait, officiellement, des chiffres de quatre nouveaux cas confirmés, zéro guérison et zéro décès pour dix cas actifs, en Côte d’Ivoire, ce 24 juin, les nouveaux cas confirmés étaient de 35 pour 138 guérisons et deux nouveaux décès, avec un bilan de 114 cas actifs.

Certes, en Afrique australe, surtout en Afrique du sud, et dans des pays de l’Afrique du nord, la situation est peu reluisante, mais elle n’est pas désespérante, encore moins désespérée. Tout compte fait, le continent africain, où les tableaux sont contrastés, demeure nettement moins touché par une pandémie de Covid dont les populations rurales, et des citadins, doutent même de l’existence. Le miracle africain que cherche à percer l’OMS va-t-il durer pour longtemps? La question reste posée.

En attendant, il faut continuer à se laver les mains, porter les masques, respecter la distanciation physique et se vacciner, car comme le dit l’adage, «mieux vaut prévenir que guérir».

Par Wakat Séra