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An 4 de l’insurrection: l’UPC dénonce le silence des OSC qui « ont préféré monnayer leur engagement »

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Président du comité d’organisation, Rabi Yaméogo (milieu): « Nous invitons les manifestants à respecter scrupuleusement les mesures sécuritaires »

L’Union pour le progrès et le changement (UPC), deuxième force politique du Burkina Faso a dénoncé dans une déclaration, à l’occasion de l’an 4 de l’insurrection populaire, le silence de certaines Organisations de la société civile (OSC) qui « ont préféré monnayer leur engagement ». Dans cette note, le parti du leader de l’opposition burkinabè Zéphirin Diabré, dresse le bilan du pouvoir actuel qui travaillerait à diviser les fils et les filles du Burkina.

Déclaration

Peuple du Burkina Faso,

Les 30 et 31 octobre 2018, notre pays commémore l’An IV de l’Insurrection Populaire, un événement dont la portée a dépassé de loin les frontières de notre pays.

En cette circonstance à la fois historique et douloureuse, l’Union pour le Progrès et le Changement rend un hommage mérité aux martyrs, et salue la bravoure de notre peuple et son attachement à la démocratie.

L’UPC a été un acteur de premier plan de l’Insurrection. A l’époque, notre parti, qui exerçait la fonction de Chef de file de l’Opposition Politique, à travers son Président, M. Zéphirin DIABRE, a su rassembler toute l’Opposition politique, les Organisations de la société civile et l’ensemble peuple burkinabè pour mener ce combat dans la paix et la non-violence, dans un esprit républicain. Chemin faisant, il n’a même pas hésité à faire accueillir dans les rangs de l’Opposition, des opposants de dernière minute en rupture de ban avec le pouvoir en place, et dont certains étaient, peu avant, des concepteurs de la modification de l’article 37ou de fervents apôtres du sénat. En agissant de la sorte, l’UPC et son Président avaient jugé que le combat autour de la contradiction principale, à savoir celui du maintien ou la suppression de la limitation du mandat présidentiel, commandait de taire les contradictions secondaires, à savoir les différences d’idéologies ou d’intérêts politiques partisans.

C’est en mettant ainsi les intérêts de la Nation au-dessus de tout, que les forces de progrès coalisées ont pu, sous la direction du CFOP, mener à bout ce combat historique.

La principale victoire de l’Insurrection, c’est d’avoir montré que rien ne peut résister à un peuple déterminé.

Le souvenir de la victoire n’efface cependant pas celui de la grande tristesse engendrée par le sort subi par la trentaine de nos martyrs tombés au champ d’honneur, ni par celui des 300 et quelque blessés enregistrés.

Des patriotes sont morts ou ont été blessés parce que certains de ceux chargés du maintien de l’ordre ont délibérément fait usage de leurs armes à feu. D’autres dégâts collatéraux se sont ajoutés au tumulte, résultant de l’action de certaines officines politiques qui ont profité de l’événement pour régler des comptes personnels, notamment en commanditant l’incendie des maisons de leurs adversaires.

Quatre années après cette lutte héroïque du peuple, les Burkinabè attendent toujours justice pour l’ensemble des victimes, et une juste indemnisation des blessés et des ayants droits.

Les dossiers du coup d’Etat manqué de septembre 2015 (pourtant survenu presque un an après l’Insurrection) connaissent de nettes avancées sur le plan judicaire. Il faut s’en réjouir. Mais, concernant l’Insurrection, les familles et l’ensemble des Burkinabè attendent toujours de connaitre la vérité et de voir la justice rendue.

Comment comprendre un tel retard, quand on sait que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui étaient des forces politiques qui ont appelé à manifester, et doivent leur accession au sommet de l’Etat, au sacrifice de ces martyrs ? S’il ya bien des gens qui n’ont nullement besoin d’être interpellés sur la question, ce sont eux !

Pour l’UPC, tous les auteurs d’exactions, quels que soient les camps auxquels ils appartiennent, doivent être poursuivis. C’est quand toute la vérité sera dite, et la justice rendue, que nous pourrons aller à la réconciliation nationale, une réconciliation sincère qui permettra au Burkina Faso de tourner ses pages noires et d’unir ses forces pour aller de l’avant.

Concitoyennes, concitoyens,

La célébration de ce quatrième anniversaire de notre Insurrection survient dans un contexte particulier.

Ce contexte est hélas dominé par la question sécuritaire. L’hydre terroriste, jusque-là inconnu des Burkinabè, s’est comme solidement installé chez nous. Le péril appelle à l’union sacrée des enfants de la patrie autour de nos forces de défense et de sécurité. L’UPC ne marchandera jamais cette solidarité. Mais l’union sacrée n’empêchera pas notre parti de pointer du doigt les insuffisances de la politique sécuritaire menée par nos dirigeants, lesquelles insuffisances ont fini par livrer l’ensemble des régions à la guérilla des ennemis : mauvaise évaluation du risque réel , nominations de complaisance à la tête des départements de la sécurité et de la défense, improvisation, déplacement des priorités dans la dépense publique qui conduit à préférer offrir des véhicules de luxes aux ministres plutôt que d’équiper l’armée en matériel de combat, etc. La vérité oblige à dire que jamais, sur le plan de la protection de l’intégrité territorial, aucun régime burkinabè n’a autant échoué.

La gouvernance servie par les insurgés de la dernière heure qui sont aujourd’hui aux commandes de l’Etat est aux antipodes des rêves qui ont nourri l’Insurrection.

La corruption a de beaux jours sous le régime du Président Roch KABORE. Le vote forcé de la loi sur les PPP/gré à gré a ouvert la caverne d’Ali Baba pour les barons du régime. Ainsi, des milliards sont pillés en catimini, en contrepartie de travaux bâclés. Et, ce sont des générations entières de Burkinabè qui en payeront le prix, quand le MPP et alliés auront fini de se jouer de notre pays.

A cela s’ajoute le pillage du foncier par les protégés du régime, qui volent au grand jour sous la couverture de la « promotion immobilière ». Maintenant qu’ils se sont suffisamment gavés et que la pression monte, surtout de la part de l’Opposition politique, le Gouvernement lève timidement la suspension des lotissements.

Le peuple s’est également soulevé en 2014 pour plus de liberté. Or de nos jours, le nombre de prisonniers d’opinion croit. Les arrestations et incarcérations continuent sous le prétexte de « tentative déstabilisation », s’ajoutant aux nombreuses tentatives pour restreindre de fait les libertés syndicales. La « complotite » est même de retour. Comme ils l’ont fait par le passé, les dirigeants du MPP n’hésiteront pas un seul instant à concocter des complots imaginaires, pour se débarrasser de certains opposants dans la perspective des joutes électorales à venir.

Les jeunes et les femmes, pourtant moteurs de l’Insurrection, sont désillusionnés par ce pouvoir sans vision et sans initiative pour les sortir de l’ornière.

Notre économie est à terre. Le PNDES, dont le boubou de 18.000 milliards a été cousu en France, n’espère plus qu’une culotte raccommodée en Chine.

Sur le plan politique, la question de l’article 37 ne semble pas avoir prévenu le MPP et compagnie. En effet, les forts du moment, amnésiques des faits qui ont conduit à l’Insurrection, s’imaginent déjà dans un pouvoir de 50 ans, c’est-à-dire à vie. Ensuite, ils ont révisé le Code électoral pour s’assurer une mainmise sur le fichier électoral, donc un parfait contrôle des résultats de chaque élection. Cela porte atteinte au principe d’alternance, au même titre que la modification de l’article 37.

Et que dire de l’achat de députés et de conseillers municipaux par le régime du MPP ? En 2014, les Burkinabè s’en sont pris à des députés logés à l’hôtel Azalaï, parce qu’ils estimaient qu’ils ne devaient pas cautionner la modification de l’article 37. Moins de quatre ans après, des députés oublieux de ce signal fort, se vendent au pouvoir et trahissent ceux qui les ont mandatés.

Par ailleurs, plusieurs organisations de la société civile, parties prenantes de l’Insurrection, ont préféré monnayer leur engagement. Hier dénonciatrices des maux qui minent notre société, elles sont à présents aphones sur tout, sauf sur ce qui touche à leur pain.

Chers concitoyens,

L’état actuel de notre pays ne doit pas nous faire regretter d’avoir fait notre insurrection. Loin de là ! Nous ne sommes pas sortis dans la rue contre le sigle ou le logo d’un parti, encore moins contre des individus. Nous sommes sortis pour dénoncer une manière de gouverner, un système. Il se trouve malheureusement que les concepteurs et exécutants de ce système sont ceux-là que nous avons choisis pour présider à la destinée de notre pays. Nous leur avons remis un pays entier, ils s’apprêtent à nous retourner un pays en morceaux.

Ce n’est pas l’Insurrection qui a conduit notre pays dans sa situation actuelle. Ce sont les insurgés de la dernière heure à qui nous avons confié notre destin au lendemain de l’Insurrection qui ont conduit le pays dans cette impasse.

Ce qu’il nous faut donc regretter sincèrement et chercher à corriger, ce sont nos choix politiques. L’immense soif qui demeure en chacun de nous, c’est celle du vrai changement, d’alternative crédible. Travaillons à étancher cette soif à temps !

Que Dieu bénisse et protège le Burkina Faso!

Pour le Bureau politique national de l’UPC,

Le Secrétaire général national

Rabi YAMEOGO