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Archange trouve la sécurité à Moscou, Lourenço cherche la paix pour ses voisins à Paris

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Faustin Archange Touadéra (à gauche) semble avoir trouvé la sécurité avec Poutine (Ph. d'archives)

En d’autres temps, on verrait mieux le président centrafricain à Paris et celui angolais en terre russe. Mais compte tenu des mutations perpétuelles, au gré des intérêts politiques et économiques de l’heure, c’est le président angolais, Joao Lourenço, qui s’est retrouvé sous l’Arc de Triomphe, pour une visite d’Etat, alors que le Centrafricain Faustin Archange Touadera, était accueilli dans le froid polaire de la Russie. Comme quoi, les temps ont changé et, visiblement, le glas des précarrés a sonné! Pendant que Vladimir Poutine, n’eût été son austérité légendaire, aurait pu rougir sous les fleurs qui lui étaient jetées sans modération par l’archange de Bangui, Emmanuel Macron, en délicatesse profonde avec les anciennes colonies de la France, à l’ombre de la Tour Eiffel, contait fleurette, honni soit qui mal y pense, à son homologue venu de Luanda. Si à Moscou, ce sont les «instructeurs» de l’armée russe qui ont été portés aux nues, à Paris, ce sont les relations politiques entre la France et l’Angola et les enjeux internationaux et régionaux qui ont constitué le plat de résistance du menu proposé par le président français à son hôte angolais, le tout sur fond de signatures de plus de 430 millions d’euros en vue.

Le vent de la coopération entre l’Europe et l’Afrique, notamment entre la France et ses partenaires change visiblement de direction, faisant fi de la barrière linguistique et des liens historiques, dans un contexte où le sentiment anti-français continue de prospérer dans certaines parties du continent noir. Ce qui ressemble fort à l’adage «changer le fusil d’épaule», permet sans doute à la France de se refaire une santé, loin de ses «ex». Dans le même temps, ce voyage français de Joao Lourenço, loin d’être un séjour purement touristique, constitue l’occasion idéale, pour les deux présidents, de décortiquer la guerre entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, Kinshasa accusant Kigali d’être ouvertement son agresseur, par le M23 interposé. Dans ces relations explosives à plus d’un titre entre voisins, volcan que Luanda s’investit à calmer, sans succès pour l’instant, les espoirs de paix sont encore bien minces, les deux parties étant résolues à en découdre jusqu’au bout. Ce qui offre peu de place au dialogue et la négociation qui demeurent inaudibles, couverts par le bruit des canons. Peut-être que Joao Lourenço, encouragé par Emmanuel Macron, trouvera l’inspiration nécessaire, sur les bords de la Seine, pour relancer le processus de paix, au point mort.

Pendant ce temps, louant le travail des instructeurs russes, qui, selon la communauté internationale, ne sont autres que les combattants du groupe russe Wagner, Faustin Archange Touadera, lui, prône le renforcement des relations avec la Russie. Surtout que, selon le Centrafricain, grâce aux «braves guerriers» russes, son pays lutte efficacement contre les «terroristes» et autres «criminels» à l’intérieur et vise à consolider la sécurité à ses frontières. Dans le froid polaire où la proximité a été célébrée avec les mots et la simple petite table qui a remplacé celle interminable, qui sépare, habituellement, Poutine de ses visiteurs, le président centrafricain semble avoir trouvé, à travers l’ours russe du Kremlin, le bon partenaire pour résoudre ses soucis sécuritaires. Mais à quel prix, quand l’appétit des Russes pour les ressources naturelles, notamment les mines d’or et de diamant, est réputé sans limite?

Par Wakat Séra