Accueil A la une Bras-de-fer CEDEAO et autorités maliennes: quelle issue?

Bras-de-fer CEDEAO et autorités maliennes: quelle issue?

0
La transition du colonel Assimi Goïta cherche longévité (Ph. d'archives)

Qui sortira vainqueur du bras-de-fer engagé entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et le pouvoir de transition dirigé par le colonel Assimi Goïta? En tout cas, longtemps attendu par tous les scrutateurs de la situation socio-politique au Mali depuis le putsch d’août 2020 qui a mis hors-jeu l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, suivi de celui de mai 2021, le clash entre les militaires de Kati et la CEDEAO est désormais effectif, à preuve, les décisions du sommet extraordinaire, de l’organisation sous-régionale, que le Ghana a abrité ce dimanche. L’hôte de la réunion, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de l’institution et ses pairs, n’y sont pas allés de main morte, contre les hommes en kaki, qui ont décidé de faire marcher à reculons, leurs pays dans l’histoire de la démocratie.

Les nouveaux hommes forts du Mali ont donc du souci à se faire, car les sanctions prises par la CEDEAO, les ciblent directement, eux et les membres de leurs familles. Certes, la CEDEAO apportera son soutien au Mali toujours confronté au défi sécuritaire. Mais les têtes couronnées de l’Afrique de l’ouest, depuis que le gouvernement du Mali a affiché ouvertement sa position de ne pas pouvoir tenir les élections prévues pour février 2022, sont décidées à rappeler à montrer les muscles.

Si la Guinée de l’autre colonel putschiste, Mamady Doumbouya, où la nomination de l’envoyé spécial de la CEDEAO, le docteur Mohamed, un sapeur-pompier reconnu des crises dans la sous-région passe mal, bénéficie d’une bienveillance relative de la part des censeurs de la CEDEAO, les putschistes maliens qui usent et abusent de subterfuges pour faire éterniser la transition, sont, eux, soumis à un régime plus rude. Toutefois, la CEDEAO, une fois de plus, doit se remettre en cause, pour n’avoir pas pris la juste mesure des souffrances du peuple malien qui se plaignait de la mal gouvernance érigée en sport national sous le règne de IBK.

A moins de les avoir ignorées exprès, par solidarité avec un des leurs, le «syndicat» des chefs de l’Etat pensant avoir mis fin aux coups d’Etat militaires, alors qu’il cautionne les coups d’Etat constitutionnels, qui paradoxalement, créent autant, sinon, plus de dégâts humains et économiques. En tout cas, les nouvelles sanctions, que sont les interdictions de voyage et le gel des avoirs financiers qui frappent, sans délai, toutes les autorités de la transition et leurs proches, sont les bienvenues, face à la mauvaise foi de dirigeants maliens, qui, visiblement, ont confisqué le soulèvement populaire à des desseins purement égoïstes et très personnels.

Après s’être consacrés à tout sauf à leur mission première d’organiser des élections libres et transparentes pour le retour d’un régime civil et démocratique, le colonel Assimi Goïta et ses hommes, sont arrivés là où tous les attendaient: l’impossibilité de tenir les élections à la date butoir du 27 février 2022. Car, les militaires le savaient bien, le deuxième putsch qui a failli mettre un coup d’arrêt à la transition et les chantiers, dont celui des assises nationales, qu’ils ont ouverts, ne pouvaient que renvoyer aux calendres grecques les élections, et donc la remise du pouvoir aux civils. Même s’il ne faut pas verser dans le fétichisme des dates, les chefs de la transition politique au Mali doivent mettre un point d’honneur à respecter les engagements pris alors qu’ils étaient sous menace de sanctions de la communauté internationale pour prise de pouvoir par les armes.

En attendant qu’elle donne un tour de vis supplémentaire dans ces sanctions lors d’une prochaine réunion, la CEDEAO, qui a perdu énormément en crédibilité dans ses jugements et décisions à la tête du client, doit sortir le grand jeu pour redorer son blason, si elle veut réussir à faire plier les dirigeants de la transition malienne. Quelle issue pour ce match CEDEAO et dirigeants de la transition malienne? Pourvu que le peuple ne soit pas finalement, comme à l’accoutumée, le seul à souffrir de ces sanctions dont savent toujours se soustraire les véritables cibles.

Par Wakat Séra