Accueil A la une Burkina/Affaire Kémi Séba: «Le pouvoir est victime de son double-jeu avec la...

Burkina/Affaire Kémi Séba: «Le pouvoir est victime de son double-jeu avec la France» (opposition)

0
Le président du PNDS, Yumanli Lompo en veste noir et Jean-Hubert Bazié, président de l'Espoir

L’opposition politique burkinabè, comme à son habitude, a animé ce mardi 24 décembre 2019, une conférence de presse sur des sujets liés à l’actualité nationale et internationale dont l’arrestation samedi à Ouagadougou de Kémi Séba, leader de l’ONG «Urgences panafricanistes», par la gendarmerie. Sur cette actualité qui très commenté sur des émissions interactives et la toile, l’opposition estime que «le pouvoir du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) est tout simplement victime de son hypocrisie et de son double-jeu avec la France».

La conférence de ce jour a été animée par les opposants Jean-Hubert Bazié, président de l’ESPOIR, et Yumanli Lompo, du Parti national des démocrates sociaux (PNDS). Dès l’entame, ils ont rappelé que «l’opposition politique réclame toujours vérité et justice pour le chef, ses proches et les 210 citoyens de la communauté peule massacrés» à Yirgou il y a 358 jour de cela. Suite à l’arrestation de Kémi Séba qui est gardé-à-vue par la gendarmerie, l’opposition indique que le leader de la structure de lutte anticolonialiste, a fait savoir qu’il avait été reçu par le président du Faso, Roch Kaboré qui lui «avait proposé une collaboration». C’est pourquoi, le regroupement politique a conclu que le régime est «simplement victime de son hypocrisie».

«Indiscutablement, par ses propos, Kémi Séba a manqué du respect à l’ensemble du peuple burkinabè, et nous le condamnons fermement», a déclaré Jean-Herbet Bazié. «Mais Kémi Séba a dit vrai, en parlant d’incompétence, d’inconstance et de manque de fermeté du pouvoir en place. Kémi Séba a utilisé le même registre de vocabulaire hors de nos frontières, et cela n’avait pas gêné le président Kaboré qui lui a ouvert, malgré tout, les portes de son palais malgré cela», a-t-il aussitôt réagi, avant d’affirmer que «des activistes en odeur de sainteté auprès du pouvoir l’avait même encensé et décrit comme un panafricaniste, héritier de Thomas Sankara».

Pour l’opposition, le régime «a cru pouvoir utiliser Kémi Séba comme objet de propagande». Elle «constate que l’imprévisible Kémi Séba ne peut être réduit à un simple faire-valoir ou à vulgaire agent de publicité».

L’opposition réclame un bilan des exonérations

Concernant l’application de l’Impôt unique de traitement sur salaire (IUTS) qui oppose les syndicats au régime du MPP, l’opposition exige «avant l’exécution de la décision sur l’IUTS en janvier, qu’un bilan soit fait des exonérations accordées par l’Etat burkinabè depuis les dix dernières années». Pour les opposants, «il existe bien des niches fiscales qui pourraient rapporter beaucoup d’argent à l’Etat, sans oublier l’argent perdu dans les fraudes, la corruption, les détournements et autres».

Le 21 décembre dernier, à l’occasion de la visite du président français Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire, le président ivoirien Alassane Ouattara, a déclaré que la nouvelle monnaie ECO remplacera le franc CFA à partir d’avril 2020. L’opposition politique note que la création de l’ECO est «un premier pas symbolique dans l’indépendance monétaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa)». L’une des «grandes» préoccupations de l’opposition, est le fait que ce sont les pays de l’Uemoa qui «doivent faire en sorte que les autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) puissent entrer dans le projet ECO, pour donner à cette monnaie du poids et de l’envergure».

L’opposition sur les 300 millions du Parti communiste chinois

L’opposition s’est aussi prononcée sur un investissement de 300 millions que le Parti communiste chinois (PCC) a fait au MPP pour son centre de formation qui, «à ce jour, est doté de moyens roulants, notamment, de véhicules tout terrain et de minicars».

L’opposition politique burkinabè condamne cette «patrimonialisation des liens diplomatiques entre le Burkina et la République populaire de Chine», ont dit les conférenciers qui ont clairement signifié que «la nature du parti-Etat du PCC pose ici problème dans un pays où le multipartisme est en vigueur, avec un parti temporairement au pouvoir».

Par Bernard BOUGOUM