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Burkina: des associations dénoncent une «insuffisance de l’action gouvernementale» dans le Noumbiel

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Des associations de la province du Noumbiel (Sud-ouest du Burkina), dénoncent dans cette lettre ouverte adressée au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, une «insuffisance de l’action gouvernementale» dans leur province dont la capitale est Batié, une ville ayant des potentialités car faisant frontière avec la Côte d’Ivoire et le Ghana. Dans la note transmise à Wakat Séra ce lundi 6 juillet 2020, ces forces vives soulignent que «plusieurs promesses» de Roch Kaboré concernant le Noumbiel «sont tombées aux oubliettes». Ce regroupement souhaite surtout le prolongement des travaux de bitumage de la Route nationale N°11 (Banfora-Sidéradougou-Gaoua-Batié-Kpiéré, dont l’étude a été bouclée) qui se limite désormais à Gaoua sur une longueur de 190 kilomètres.

Lettre ouverte au Président du Faso sur l’insuffisance de l’action gouvernementale dans la province du Noumbiel.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

C’est avec un grand intérêt que nous, forces vives de la province du Noumbiel souhaitons vous saisir de nos inquiétudes face à l’abandon de notre chère province. Nous avons beaucoup salué quelques récentes dispositions positives comme, l’installation d’un émetteur de 1 000 watts pour s’informer de l’actualité nationale, le projet d’électrification dont l’effectivité reste encore attendue pour les habitants de Kpéré, Boussoukoula, Midebdo et Legmoin.

Par contre, plusieurs promesses de l’État sont tombées aux oubliettes, au grand dam des populations du Noumbiel. Nos inquiétudes liées au sentiment d’abandon de la province du Noumbiel ont été confirmées récemment par un certain nombre d’éléments.

En effet, les échanges francs et directs entre les forces vives et le Chef du Gouvernement S.E.M. Christophe Joseph Marie Dabiré le samedi 15 février 2020 à Batié avaient permis de rappeler plusieurs engagements non tenus du gouvernement. Nous pouvons rappeler ici le bitumage de la Route Nationale n°11 (RN11 Orodara – Banfora – Sidéradougou – Batié -frontière Côte d’Ivoire), l’une des plus grandes préoccupations de la province. Ensuite, les études des routes Batié – Boussoukoula – Frontière Côte d’Ivoire (28 km) dont les financements de 96 millions étaient également acquis et l’étude de faisabilité de la construction d’un port fluvial à Batié, connecté à Téma. Enfin, il a été question non seulement d’un besoin urgent d’échographe au CMA de Batié qui n’en dispose aucun depuis 2012, mais aussi de remédier au problème d’ambulances au regard du manque criard dans les différentes communes de la province. Une autre préoccupation non moins négligeable, est celle liée au barrage du Noumbiel qui attend toujours un aménagement hydroélectrique et qui, nous semble-t-il, aurait un débit moyen de 139 m3/s soit 12 milliards de m3 d’apports annuels contre une capacité de stockage de l’ensemble des barrages du Burkina (Sans Noumbiel) qui est de 5,6 milliards de m3 (Source: L’opinion N°357 du 04 au 10 Août 2004).

Au terme de ces échanges, son excellence Monsieur le Premier Ministre, nous avait rassuré de vous transmettre ou du moins vous rappeler nos préoccupations et s’était engagé pour nous offrir un échographe et une ambulance dans un délai de deux semaines. C’est donc avec regret que nous constatons que ces préoccupations urgentes qui freinent le développement économique et social de notre province n’annoncent aucune perspective heureuse à la date d’aujourd’hui.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Le 16 juin 2020, nous apprenions de l’audience entre le Chef de gouvernement S.E.M. Christophe Joseph Marie Dabiré et l’ambassadeur de la République populaire de Chine, S.E.M LI Jian, que l’étude de réalisation du projet de bitumage de la RN11 était fin prêt et que les travaux allaient bientôt démarrer. Mais grande fut notre surprise et profonde fut notre douleur d’apprendre que ce projet ne prend plus en compte le Noumbiel puisque se limitant à Gaoua. Pourtant, lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre S.E.M Paul Kaba Thiéba en février 2016, il était clairement établi que le gouvernement avait déjà acquis les financements de 929 millions pour les études de bitumage de la RN 11 Orodara – Banfora – Sidéradougou – Batié -frontière Cote d’Ivoire (365 km). Les populations du Noumbiel s’interrogent alors sur ce qui est advenu du projet initial pour que finalement l’étude s’arrête à la route Banfora-Sidéradougou-Gaoua, longue de seulement 190 kilomètres, abandonnant ainsi le tronçon Gaoua-Batié-Kpéré. Oubli ou simple coïncidence ?

Pire, la province du Noumbiel qui est la plus enclavée des quatre que compte la région du Sud-ouest à cause de l’accès routier difficile reçoit une seule ambulance sur un total de 185 à l’échelle nationale et 18 dans la région du Sud-Ouest. Au lendemain de la nouvelle de remise de cette unique ambulance pour toute la province, ce fut comme un coup de massue pour les populations. La question qui surgit de toutes les lèvres est la suivante : quelle logique a-t-elle encadré cette répartition de la promesse présidentielle ? « Trop c’est trop » pouvait-on entendre.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Les raisons qui militent en faveur du bitumage de la RN11 Gaoua-Batié-Frontière Côte d’Ivoire ne manquent pas. La province du Noumbiel est encore l’une des rares provinces du pays à n’avoir pas connu de bitume malgré les potentialités dont elle regorge. Nos productions agricoles et nos ressources minières demeurent parmi les plus importantes du pays.

À cela, il faut ajouter la position géographique très privilégiée du Noumbiel qui constitue la frontière du pays à la fois avec le Ghana et la Côte-d’Ivoire. C’est également d’après les données GPS, la position la plus avantageuse pour se rendre de Ouagadougou aux nombreuses capitales de la sous-région.

Au final, nous populations du Noumbiel apparaissons comme les oubliés et les plus grands perdants de l’action gouvernementale. Ce sentiment ne cesse de s’accroitre en parallèle, avec la baisse remarquable du pouvoir d’achat des populations du fait de l’inexistence de politique d’accompagnement telle que les micros crédits ou une mise en place de fonds de garantie pour faciliter l’accès des crédits bancaires aux jeunes et aux femmes.

Il nous semble que le bilan de votre quinquennat ne saurait être entaché par ce sentiment d’abandon de notre chère province. C’est pourquoi, face à cette urgence, nous restons à votre disposition pour travailler ensemble afin d’échanger et de trouver des solutions adaptées qui redonnent confiance à toutes les composantes des populations du Noumbiel  à propos de la volonté gouvernementale.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président du Faso, l’assurance de notre haute considération qu’accompagnent nos prières pour une victoire de notre pays sur le terrorisme et la pandémie de la COVID 19.

Batié, le 1er juillet 2020

Signataires :

Coordination des jeunes du Noumbiel Coordination des femmes du Noumbiel
Conseil provincial de jeunes/Noumbiel

 

Association des commerçants de Batié
                                                 

Association des doyens et retraités du Noumbiel