Accueil A la une Burkina : des associations remontées contre les « agressions culturelles »

Burkina : des associations remontées contre les « agressions culturelles »

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Un collectif d’associations de défense de la culture africaine remonté contre les agressions culturelles à répétition au Burkina, a, au cours d’une conférence de presse, ce jeudi 29 avril 2021, souhaité l’arrêt des « agissements regrettables et incompréhensibles », tels que l’incinération de gadgets spirituels traditionnels qualifiés de fétiches.

Le Haut conseil national des Dozos du Burkina Faso, Koombi culture, Faso Kudumdé, Maaya Blon, Afrik Talents, Miirya et Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita, des organisations qui militent en faveur de la défense de la culture africaine, qui ont appris l’incinération de gadgets spirituels traditionnels par la Paroisse Saint-Pierre de Gounghin, le 20 avril 2021, ont exprimé, face à la presse, ce jeudi 29 avril 2021, leur mécontentement face à cet acte. Pour eux, cela constitue « une provocation d’une interminable série d’actes type posé par les religions dites révélées, qui ont pourtant bénéficié de l’ouverture et de l’hospitalité généreuse de leur aîné le culte dû aux ancêtres appelés animisme ».

Cet acte est « assurément la provocation de trop au regard du contexte socio-politique nationale et de l’évolution substantielle des mentalités en matière de pluralité religieuse », a laissé entendre Serge Bayala, secrétaire général de l’association Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita, parlant au nom du collectif.

Des cas d’intolérance religieuse avec pour cible la foi traditionnelle

M. Bayala a affirmé qu’il s’agit d’un acte qui « rappelle des comportements rétrogrades d’une époque révolue, notamment celle de la période coloniale », soutenant qu’il « a choqué et meurtri plus d’un citoyen burkinabè, et au-delà, aux personnes attachées au respect dû à la tradition et à leurs symboles culturels».

Selon ces associations, dans le courant de l’année 2020, « au moins trois cas d’intolérance religieuse majeur avec pour unique cible, la foi traditionnelle, ont été constatés et avec comme pour point culminant la colère de la communauté Gan confronté à une église Catholique dans le Sud-Ouest, en avril 2020 ».

Ce sont des « agissements regrettables et incompréhensibles d’autant plus que depuis bientôt un an, une loi nationale reconnait officiellement la foi traditionnelle comme une composante essentielle et indispensable de la diversité religieuse burkinabè », a souligné le secrétaire général de l’association Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita.

Pour lui, il faut « impérativement repenser » la laïcité au Burkina « dès maintenant pour prévenir de possibles dérapages menaçant la concorde nationale et la construction d’un état nation où tous ont une place ».

En ce qui concerne l’incinération de gadgets spirituels traditionnels intervenue le 20 avril dernier, le collectif des associations, a déposé une plainte contre la paroisse pour des faits « d’attentat aux symboles d’une foi légalement reconnue et pour atteinte grave à la coexistence pacifique entre communautés religieuses ».

Pour les plaignants il s’agit d’une interpellation préventive à l’endroit des autorités tant religieuses, coutumières que politiques. La plainte « est une invite faite à chaque composante de la société, afin qu’elle veille en toute circonstance à poser des actes responsables pour ne pas envenimer une situation déjà tendue car historiquement, les tensions inter-religieuses dans notre pays, ont toujours été le fait des religions dites révélées qui se tiraillent pour la conquête des fidèles d’une part et d’autre part sont restés solidaires dans leur haine et leur mépris souverain pour la traditionnelle que chacune d’elle rêve publiquement de faire disparaitre », a soutenu M. Bayala.

Le collectif d’organisation a invité, au cours de la conférence de presse, les autorités traditionnelles des quatre coins du Burkina à « réfléchir très sérieusement à la création d’un haut conseil de la foi traditionnelle » dans le but de porter un point de vue unifié de la tradition partout où cela sera nécessaire.

Egalement, les plaignants ont souhaité que les autorités politiques posent « des actes concrets en faveur de l’équité dans le traitement des croyances religieuses sans exception ». « Nous invitons, enfin, les fidèles des différentes communautés religieuses, à se désolidariser de tout acte de profanation, d’intolérance religieuse entrepris par leur « gourou » à même de mettre à mal la coexistence pacifique dans notre pays », a conclu le porte-parole du collectif.

Par Daouda ZONGO