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Burkina: des soldats ont encore frappé!

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Des populations civiles du quartier Nagrin ont été prises à partie par des éléments de l'armée burkinabè

Le Pays des Hommes intègres a-t-il définitivement mal à son Armée? Interrogation légitime en fonction des actes posés par certains éléments égarés de cette noble Institution qui, pourtant au prix de la vie de ses hommes, notamment dans le cas actuel du Burkina Faso écumé par les terroristes, assure la protection des populations et la défense des frontières du pays. La dernière affaire en date de ces hommes de tenue en inadéquation totale avec l’esprit de cette Armée à la quête de vivre ensemble avec le peuple? Une expédition punitive organisée à la hussarde par une bande de copains «corps habillés» qui avaient décidé de se payer de paisibles citoyens de Nagrin, quartier de la périphérie sud de la capitale burkinabè, en cette soirée dominicale du 8 janvier!

Les raisons de leur colère? Une bien banale et vulgaire affaire de «fesses», une fille disputée par un jeune du quartier à un charmant bidasse qui aurait été poignardé par son concurrent! Et le soldat d’ameuter ses frères d’armes pour l’odyssée correctrice nocturne. Loin d’être inédite, cette malheureuse sortie d’hommes en uniforme, le Burkina Faso en a connu bien d’autres. Et presque toutes pour la même cause: des histoires de «fesses»! Nos hommes de tenue se sont construit une réputation assez funeste dans ce qu’ils appellent volontiers -mais franchement à tort- une «solidarité de corps».

Et les exemples foisonnent. On se rappelle une autre expédition -pour ne citer que celle-là- menée, il y a quelques années par des élèves policiers, dans le quartier populaire de Gounghin. Eux aussi se mirent en devoir de bastonner copieusement tous les riverains d’un bar où un élément de leur «classe» avait eu maille à partir avec un client pour une histoire de … «copine». Le modus operandi est toujours le même: un bidasse se querelle avec un civil, fait appel au gros de la troupe de sa classe ou de sa «promo» aux fins de le venger. Illico presto, les renforts accourent et gare aux populations présentes sur les lieux.

La chose se serait passée en temps de paix qu’on l’aurait simplement regrettée. Mais que ça soit maintenant, en temps de guerre, c’est tout simplement impensable! Alors que tous les patriotes ont l’esprit tourmenté par les attaques d’hommes armés qui endeuillent des familles et jettent les populations dans le désarroi, ce sont nos braves soldats, censés défendre la patrie contre l’hydre terroriste, qui s’illustrent de manière fort calamiteuse dans des rixes de bas étage et s’en prennent aveuglément à des populations qui n’y voient que du feu dans leurs «affaires de femmes»!

De toute évidence, il faut clouer au pilori ces citoyens lambda, également, et régulièrement, cités dans des «affaires de femmes» qui virent aux affrontements et parfois même au drame. Mais il faut davantage condamner ces faits quand ils sont l’oeuvre des Forces de défense et de sécurité (FDS). Si ceux qui sont censés protéger les populations se retournent vers ces mêmes populations pour passer leur colère, on est certainement en droit de se demander à quel saint se vouer.

Dans cette logique, il faut saluer la promptitude de la hiérarchie militaire qui, dans un communiqué du chef de l’Etat-major général des armées, a fustigé ce comportement «isolé» et a promis des sanctions à l’encontre des fautifs. Sauf que ça ressemble à du déjà vu. Que faut-il donc faire pour dissuader pour de bon les auteurs de ces «expéditions punitives» contre des populations meurtries par les attaques terroristes qui, en plus de tuer et jeter de nombreux Burkinabè sur les routes de l’exil dans leur propre pays, ont totalement détricoté le tissu social et mis à genoux l’économie nationale? Il urge de prendre les mesures qui s’imposent pour prévenir ce genre de violences qui sont loin d’honorer nos vaillants militaires.

Par Wakat Séra