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Burkina en attente d’un gouvernement: Roch doit être «la solution», pas le problème!

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Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré lors de sa prestation de serment (Ph. d'archives)

Dans l’attente d’un nouveau Premier ministre qui se chargera de former un gouvernement, en lieu et place de celui qui a été «démissionné» en même temps que le désormais ancien chef de l’Exécutif, Christophe Joseph Marie Dabiré, les supputations vont bon train. Les noms des «premiers ministrables et ministrables», les plus en vue, sont évoqués en même temps que des pronostics peu crédibles pour ne pas dire des plus farfelus. On peut même lire sur les réseaux sociaux cette déclaration anonyme qui tourne en boucle: «Certaines rumeurs font déjà état de ce que j’ai été nommé Premier Ministre du Burkina Faso. Je viens par ce message apporter un démenti formel sur cette rumeur. Même si j’ai été consulté hier nuit et très tard par le Président du Faso sur la question, je précise que je n’ai pas encore donné ma réponse. J’appelle donc les uns et les autres à la retenue.» S’il n’a rien de sérieux, ce message que nombre de personnes se sont appropriés pour faire sourire un proche ou des amis dans un groupe, a eu le mérite de dérider un peu cette atmosphère lourde qui précède toujours les nominations de Premier ministre et les remaniements ministériels.

En tout cas, si à Wakat Séra, nous n’avons reçu le moindre coup de fil pour être consulté, les coups de fil pleuvent par contre, nos interlocuteurs étant persuadés que nous sommes dans les secrets de Kosyam, le palais présidentiel, où les sorts de plusieurs ministres sont déjà scellés ou en négociation. Mais plus qu’une question d’hommes et de fusibles qui vont inévitablement sauter, le cas burkinabè en appelle davantage à la mise en place d’une vision claire et affinée, pour sortir le «pays des hommes intègres» de l’œil du cyclone terroriste, des serres de la mal gouvernance et des griffes crochues et acérées de la pauvreté endémique qui frappe des populations qui n’en finissent pas de serrer la ceinture. Et c’est à ce niveau qu’il faut regretter le manque de vision claire et judicieuse du pouvoir en place qui donne l’impression de naviguer à vue. Roch Marc Christian Kaboré oublie presqu’il a été élu, en 2015, dès le premier tour de l’élection présidentielle, par 53,49 % des voix de ses concitoyens, les mêmes qui lui ont réitéré leur confiance en 2020, pour un second quinquennat, toujours dès le premier round de la présidentielle, sur le score de 57,87 % des voix. Selon ces résultats officiels des urnes, la vox populi donnait donc au candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) toutes les cartes pour fabriquer un Burkina nouveau.

Mais le chef de l’Etat a oublié qu’il ne suffisait pas de prendre le pouvoir, mais de gérer un pays, avec toutes ces différences dans l’unicité. Roch Marc Christian Kaboré a oublié qu’un président gouverne et dirige, tout en se gardant de verser dans la dictature dans un régime démocratique. En somme, c’est ce que ceux qui manient bien la langue de Molière et possèdent le sens du symbole, appellent avoir «une main de fer dans un gant de velours». Malheureusement, cet art de conduire un peuple, qui n’est pas donné à tous, n’a visiblement pas été mis à contribution par le président du Faso qui a trop souvent manqué de fermeté dans ces prises de décision et de choix des hommes qui l’entourent. Il n’est jamais tard pour bien faire, dit l’adage! A ce titre, si le chef de l’Etat a un peu trainé à l’allumage, comme tout bon moteur diesel, il a visiblement pris la mesure de la situation. Et s’il reste dans le nouveau sillon de changement que la situation de pays en guerre du Burkina le contraint à emprunter, l’espoir existe bel et bien que le locataire de Kosyam, pour au moins trois années encore selon la Constitution, pourra redresser le gouvernail de ce navire sur lequel tire, sans ménagement, les «pirates du désert» qui ont installé leur sanctuaire dans le Sahel, où ils endeuillent au quotidien, les armées nationales et les populations civiles.

Comme l’a qualifié son slogan, Roch, doit être «la solution» et pas le problème!

Par Wakat Séra