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Burkina Faso : des terroristes terrorisés

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Les Armées des pays du sahel doivent unir leurs efforts contre le terrorisme (Ph. sahel-intelligence.com)

Harouna Dicko, le présumé auteur des attaques armées dans le nord du Burkina a été tué ce mercredi 23 mars 2017 et les membres de son groupe, dont son fils ont été neutralisés par les Forces de défense et de sécurité (FDS). 18 d’entre eux, 12 selon certaines sources, ont été interpellés. L’information émane de sources sécuritaires. La plupart des attaques perpétrées dans le sahel burkinabè et pour lesquelles les FDS ont payé un lourd tribut, seraient l’œuvre odieuse de ses fous de Dieu qui écument la bande sahélo-saharienne, tuant à tour de bras, comme dans un film d’horreur. Leurs exploits sanglants récurrents, avaient même fini par semer la panique et la psychose dans ce nord que d’aucuns craignent qu’il échappe au Burkina, comme c’est pratiquement le cas au Mali.

En effet, un autre Kidal, bastion presque imprenable aux mains des djihadistes au Mali, avait commencé à prendre forme sur la carte géographique du Burkina. Les populations, notamment les enseignants sont menacés et l’un d’eux a même été trucidé publiquement. La peur étant devenue la chose la mieux partagée, certains habitants de cette zone frontière partagée par le Burkina, le Mali et le Niger, ont simplement pris la poudre d’escampette, sans demander leur reste. Les fuyards ont tout sauf tort, car les forces armées sensées les protéger s’étant révélées, elles-mêmes sans défense. La situation qui n’était pas désespérée mais n’en n’était pas moins grave penchait pour les djihadistes qui opèrent en toute impunité et replient tranquillement au Mali. Parfois, ils se fondent dans la population, protégés par des parents ou voisins parfois terrorisés, parfois acquis à leur cause par le tour infaillible de la radicalisation. Du reste, les téméraires pour aller dénoncer les hommes de Ibrahim Malam Dicko ou Harouna Dicko, ne courent pas les rues, vue que la protection des sources n’est point garantie. Or, comme le dit l’adage, quand la bouche parle comme elle le veut, c’est parce qu’elle sait que la nuque est protégée.

Désormais, les terroristes ont-ils trouvé à qui parler ? L’espoir est permis si la détermination des Forces de défense ne subit pas les effets d’une force contraire. Il importe surtout de les doter des moyens adéquats et rendre performants les services de renseignement. Une armée sans renseignements qui lui permettent d’avoir une longueur d’avance sur ses ennemis est simplement une armée nue, qui fonce à l’aveuglette. Aujourd’hui, dans les armées dites modernes, les renseignements constituent le volet le mieux choyé, et la rubrique à laquelle est consacré le budget le plus conséquent. En attendant les grandes frappes prévues dans le cadre du G5 Sahel (Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Mali et Tchad), il urge que les militaires burkinabè gagnent cette bataille de l’information. Sans cela, ils ne seront jamais à l’abri des massacres de l’envergure de l’attaque de Nassoumbou, dans le Sahel, le 16 décembre 2016 qui a fait du coup, douze militaires tués et quatre autres blessés dans les rangs de l’armée nationale. Dans cette bataille sans merci, on ne saurait occulter le droit de poursuite réciproque au-delà des frontières nationales afin de couper toute retraite salvatrice aux djihadistes qui frappent et se perdent ensuite dans les forêts ou montagnes de pays voisins. Last but not the least, il faut s’interdire les discours inutiles et les déclarations à l’emporte-pièce et populiste des politiciens pour privilégier la stratégie et les stratagèmes de sioux de la grande muette, qui regorge de spécialistes de la chose.

Des troupes au moral haut, dotées d’équipements à la pointe, et surtout bien renseignées. C’est à ce prix que le Burkina Faso ne perdra pas le nord, et pourra continuer à terroriser les terroristes.

Par Wakat Séra