Accueil Culture Burkina/Insurrection 2014: «Par moment, les journalistes (…) des militants politiques» (Youssef Ouédraogo)

Burkina/Insurrection 2014: «Par moment, les journalistes (…) des militants politiques» (Youssef Ouédraogo)

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L'ouvrage de Youssef Ouédraogo sur l'insurrection populaire

Le journaliste Youssef Ouédraogo, a indiqué le mercredi 30 mars 2022, face à la presse qu’au moment des débats de l’article 37 de la Constitution portant sur la limitation des mandats présidentiels au Burkina Faso, « par moment, les journalistes ont outrepassé leur devoir d’informer pour se positionner comme des militants politiques ». Au cours de la dédicace de son ouvrage intitulé « CRISES SOCIOPOLITIQUES EN AFRIQUE : Rôle des médias dans l’insurrection de 2014 au Burkina Faso », à Ouagadougou, Youssef Ouédraogo, a signifié que son livre est « une sorte de guide » pour les journalistes dans les périodes de conflits.

Plus que de simples observateurs de la scène sociopolitique nationale, les médias et leurs professionnels se retrouvent « implicitement investis d’un rôle à la fois éducatif, de veille et de mobilisation citoyenne dans les contextes africains où les partis politiques et les Organisations de la société civile (OSC) perdent progressivement leur légitimité et leur crédibilité », a déclaré Boureima Ouédraogo, présentateur de l’ouvrage.

A gauche, Thierry Millogo, l’éditeur du livre, et à droite, Boureima Ouédraogo, présentateur de l’ouvrage

Prenant le cas spécifique du Burkina Faso qui a connu une insurrection populaire fin octobre 2014, Boureima Ouédraogo, directeur de publication du bimensuel Le Reporter, a estimé que lors des évènements ayant contraint le président Blaise Compaoré à la démission, « les médias ont été très actifs à travers le traitement de l’information mais aussi des prises de positions plus ou moins tranchées contre la modification de la clause limitative des mandats présidentiels ».

L’auteur dit être revenu sur l’insurrection populaire 2014 pour parler de l’entité que sont les médias. Dans l’ouvrage, il montre que les journalistes « ont créé des espaces pour permettre aux protagonistes de s’exprimer sur le débat de l’article 37 » de la Constitution portant sur la limitation des mandats présidentiels au Burkina Faso. « Les médias ont travaillé à créer une sorte de cohésion sociale en essayant de véhiculer un message de paix et de rallier toutes les positions afin que la crise qui couvait le pays qui est l’insurrection puisse être estompée », a-t-il fait observer avant d’indiquer que « les journalistes ont joué un rôle important» dans la survenue de cet évènement.

Dans l’ouvrage, Youssef Ouédraogo a également travaillé à rassembler des recommandations recueillies auprès des professionnelles des médias afin de permettre aux hommes de médias de « mieux (s’)outiller pendant les moments de crise qui demandent parfois beaucoup d’astuces parce que les médias ne sont pas des acteurs neutres et à ce titre, il y a la nécessité de se former et de savoir adopter une position pour être beaucoup utile à la population ». Les recommandations, à l’entendre, se basent plus sur l’éthique et la déontologie qui encadrent cette profession. Pour lui, les journalistes ne doivent pas « accepter que les politiques utilisent les femmes et hommes de médias pour arriver à leurs objectifs funestes ».

« Nous nous sommes rendus compte que les hommes de médias dans leur bonne foi en voulant donner l’information juste en direct ont parfois envenimé la situation », a déploré Youssef Ouédraogo qui est par ailleurs un critique littéraire. Il a dit vouloir par cet écrit, « être un historien du présent, rompre le silence pour montrer que les médias ont été un acteur clé » dans le renversement du régime de 27 ans de Blaise Compaoré.

« CRISES SOCIOPOLITIQUES EN AFRIQUE : Rôle des médias dans l’insurrection de 2014 au Burkina Faso » est subdivisé en trois chapitres. Le premier porte sur les Médias et espaces publics au Burkina Faso, l’autre de l’insurrection populaire. Le deuxième parle du rôle des médias dans les crises sociopolitiques : quelques expériences en Afrique. Le dernier chapitre aborde le monde, les défis et les perspectives.

Youssef Ouédraogo, auteur du livre CRISES SOCIOPOLITIQUES EN AFRIQUE Rôle des médias dans l’insurrection de 2014 au Burkina Faso

Dans le premier chapitre, Youssef Ouédraogo met en exergue le rôle joué par les médias avant et pendant l’insurrection populaire de 2014. Les organes de presse ont été des espaces publics d’interpellation et de débats démocratiques. Pendant l’insurrection populaire, les médias notamment les radios et les télévisions privées ont assuré une couverture des évènements en temps réel.

Au deuxième chapitre, Youssef Ouédraogo fait un tour d’horizon de quelques expériences vécues à travers le continent africain et le monde. Du Rwanda avec la tristement célèbre radio-télévision « Mille collines », à la Côte d’Ivoire en passant par la République Démocratique du Congo, le Burundi, le Gabon et le Tchad, l’ouvrage propose une analyse synthétique du rôle des médias dans les crises sociopolitiques parfois dramatiques. Il relève à la fois leurs contributions à l’exacerbation des tensions et des violences.

Dans le troisième chapitre, l’auteur propose dans un premier temps une analyse des forces, faiblesses et opportunités pour les médias ; une modélisation du rôle et des espaces publics en situation de conflits ou de crises sociopolitiques et des conseils pratiques pour les médias et les journalistes en temps de crises. Dans un second temps, il aborde la contribution des médias et des espaces publics au renforcement de la paix.

L’ouvrage coûte 5 000 FCFA l’unité et est disponible notamment dans les librairies Mercury.

Grand passionné des médias, des arts et de la culture, Youssef Ouédraogo, est l’auteur d’un ouvrage dont le thème porte sur la musique burkinabè : « Musique burkinabè moderne, des années 90 à nos jours : Analyse critique et perspectives de promotion ».

Des personnes ressources ont salué et félicité Youssef Ouédraogo pour son ouvrage qui a ciblé les journalistes, des acteurs clé visibles mais très souvent oubliés. Après avoir souhaité plein succès au livre de celui qui a obtenu sa Maîtrise en Lettres Modernes, option critique littéraire, disent avoir hâte de lire le livre.

Par Bernard BOUGOUM