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Burkina: traduction du Nouveau Testament dans la langue San en deux variantes

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Les deux oeuvres dédicacées par l'ANTBA

L’Association nationale de traduction de la Bible et de l’alphabétisation (ANTBA) et la communauté chrétienne, ont présenté, le Nouveau Testament traduit en langue San, en deux variantes à savoir « San Matya » et « San Maya », ce samedi 4 mai 2024, à Ouagadougou.

La communauté San, communément appelé Samo au Burkina Faso, et des responsables chrétiens, ont pris d’assaut la salle de prière de l’Eglise centrale de l’Alliance chrétienne (EAC), sise à Ouagadougou, pour la présentation et la dédicace du Nouveau Testament, traduit dans la langue San en deux variantes que sont « San Matya » et « San Maya ».

Le pasteur Mamadou Philippe Karambiri, président de la cérémonie

Le Sourou-Nayala est en train d’être couvert par la parole de Dieu 

« Je suis San cent pour cent », a lancé aux journalistes dans un ton humoristique, le Pasteur Mamadou Philippe Karambiri, président de la cérémonie qui a loué cette initiative divine à l’endroit de sa communauté. Par ce projet, « fort louable, le Sourou-Nayala est en train d’être couvert par la parole de Dieu », a dit l’homme de Dieu qui a démontré l’importance du langage, de la communication.

Le pasteur Mamadou Karambiri a salué toutes les personnes qui se sont investies pour réaliser cette œuvre divine qui apportera un plus aux populations du Sourou-Nayala et à l’Eglise. « Quel que soit l’amour que vous avez pour quelqu’un, si vous ne pouvez pas l’exprimer en parole, ça reste tel. C’est pourquoi nous avons voulu accompagner cette traduction de la Bible dans les deux sous langues San pour exprimer notre reconnaissance à cette population ».

Séance de prière autour des deux Nouveaux Testaments traduits en langue San

« De la même manière qu’elles (populations du Sourou-Nayala) ont accès au langage scientifique et au langage littéraire, elles doivent avoir accès aussi au langage spirituel », a-t-il souligné.

Le directeur exécutif de l’ANTB, Philibert Ouédraogo, a dit être animé d’un sentiment fort réjouissant. « Ces nouveaux testaments renferment des richesses spirituelle, éthique, civique et linguistique qui pourront servir de boussole et de cartographique pour orienter cette communauté afin qu’elle puisse se développer dans tous les secteurs de la vie, nous parlons de développement holistique », a déclaré M. Ouédraogo.

Le directeur exécutif de l’ANTBA, Philibert Ouédraogo

C’est la toute première fois que ANTBA fasse une traduction biblique par adaptation

Le coordonnateur de l’initiative, pasteur Tioro Calixte Bananzaro, s’est dit soulagé après cette dédicace parce que le travail n’a pas été simple en ce sens que c’était la toute première fois qu’ils fassent une traduction par adaptation. « Pour cela, il fallait que des conditions soient réunies. Il fallait que nous ayons dans le lot un locuteur de la variante sur laquelle nous devons travailler », a dit le pasteur Bananzaro.

La seconde difficulté, a-t-il poursuivi, « c’était l’étude même de ces langues-là. Ces variantes n’ont pas les mêmes longueurs vocaliques. Alors il fallait qu’il y ait une personne qui puissent connaître beaucoup en linguistique. On a notre sœur au Canada qui a accepté se donner corps et âme pour venir faire cinq ans avec nous pour étudier et voir comment coordonner ces variantes ».

Le pasteur Calixte Bananzaro remettant les deux livres à un représentant de l’Eglise

La troisième difficulté concerne les financements car « les prévisions ont été dépassés au regard de la réalité du terrain », a-t-il poursuivi. « Mais Dieu merci, il y a beaucoup de soutien comme celui du papa (le pasteur Mamadou Philippe Karambiri) et de son épouse qui nous ont vraiment beaucoup soulagé », a-t-il dit.

Le diable n’aime pas que les gens aient la parole de Dieu

Aussi, l’autre difficulté qu’il a soulignée, c’est que la traduction en elle-même est « un défi parce que le diable n’aime pas que les gens aient la parole de Dieu et qu’ils sortent des ténèbres ». « Donc, il y a eu beaucoup de défis, des cas de maladie, des cas de difficultés dans les foyers qu’il fallait résoudre, des cas de problèmes au niveau des églises locales », entre autres, a-t-il indiqué avant de remercier Dieu parce qu’« il a toujours permis qu’(ils) puissent avoir la solution par la prière et avec amour ».

Cette dédicace aurait dû se passer à Tougan parce que c’est sur la place que le travail a été fait. « Malheureusement à cause de la situation sécuritaire, nous nous sommes entendus avec l’Eglise pour qu’on puisse faire cette dédicace ici à Ouagadougou », a précisé le pasteur Bananzaro qui a laissé entendre, en termes de perspectives, que son équipe veut commencer bientôt, en octobre prochain, la traduction de l’Ancien Testament, toujours en langue San.

Par Bernard BOUGOUM