Accueil A la une Burkina: la campagne pour l’élimination des Maladies Tropicales Négligées lancée

Burkina: la campagne pour l’élimination des Maladies Tropicales Négligées lancée

0

Le ministre burkinabè en charge de la Santé, Dr Robert Lucien Kargougou, a lancé la campagne de lutte pour l’élimination des Maladies Tropicales Négligées (MTN), ce vendredi 7 février 2025, à Ouagadougou, en lien avec la Journée mondiale des MTN, célébrée le 30 janvier 2025.

Le 30 janvier 2025, à l’occasion de la Journée mondiale des MTN, Speak Up Africa, lançait GO BEYOND, une initiative audacieuse qui mobilise des artistes, des athlètes et des leaders communautaires dans la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN). C’est dans ce cadre que le ministre burkinabè de la Santé, Dr Robert Lucien Kargougou, accompagnés par son homologue, le ministre délégué chargé des Ressources animales, Dr Amadou Dicko, et des représentants d’autres ministères impliqués dans la bataille, a procédé, ce vendredi 7 février 2025, au lancement de la campagne de lutte pour l’élimination des Maladies Tropicales Négligées (MTN) au cours d’une cérémonie à Ouagadougou.

Le ministre burkinabè en charge de la Santé, Dr Robert Lucien Kargougou

Au Burkina Faso, les maladies endémiques, notamment les MTN, « sont présentes dans nos contrées et constituent un problème de santé publique majeur. Le gouvernement a toujours considéré la lutte contre ces maladies comme une haute priorité. Cela a permis un succès important grâce aux efforts conjugués de différents secteurs ministériels, des acteurs du tissu économique, de l’association civile, de l’appui des partenaires technique et financier que je salue au passage », a indiqué le ministre de la Santé, Dr Robert Lucien Kargougou qui a enchaîné qu’« à ce jour, on note la règle du traitement de masse contre la filariose lymphatique dans 67 districts sanitaires sur les 70 que compte (le) pays et ces districts sont désormais sous surveillance ».

Le ministre Kargougou a noté également « la réduction considérable de la prévalence et de l’intensité d’infection de l’onchocercose et de la schistosomiase. Pour les verts intestinaux, les prévalences actuelles sont en dessous des seuils d’interventions dans tous les districts sanitaires. Sur le plan de la prise en charge intensive des cas, la maladie du vert de Guinée a été éradiquée en décembre 2011 et la surveillance continue n’a pas détecté de nouveaux cas ».

Une vue du public

En dépit de ces progrès réalisés, des défis se posent encore au Burkina Faso dans l’atteinte des objectifs et des éliminations des MTN. Pour le chef du département de la Santé, la lutte contre les MTN repose sur deux stratégies majeures que sont « la chimiothérapie préventive et la prise en charge intensive des cas ». A ces stratégies, s’ajoute la lutte intégrée contre les vecteurs et les autres intermédiaires, les mesures d’hygiène, d’assainissement, la mise en œuvre des mesures de santé publique vétérinaire comme l’application des sciences vétérinaires à la santé publique et au bien-être de l’homme et l’éducation pour la santé », a-t-il complété.

Selon Dr Robert Lucien Kargougou, l’obtention des résultats nécessitent une action concertée et une mobilisation à tous les niveaux de la société burkinabè. « Nous devons lier nos forces pour étendre le filet de la prévention, offrir des traitements efficaces et reconstruire les vies qui ont été fracturées par ces maladies ». Le thème de cette année, « S’unir, agir et éliminer » est une opportunité pour y parvenir, selon lui. Au vu des résultats actuels de la lutte contre ces endémies au Burkina Faso, « l’espoir d’éliminer certaines MTN à l’horizon 2030 est possible », foi de M. Kargougou qui a lancé « un vibrant appel à tous les acteurs, chacun dans son domaine, à un engagement pour relever ces défis pour qu’à l’horizon 2025, le pays célèbre déjà l’élimination de certaines MTN ».

La coordinatrice du Programme national de lutte contre les MTN, Dr Boézemwendé Ouoba-Kaboré

La coordinatrice du Programme national de lutte contre les MTN, Dr Boézemwendé Ouoba/Kaboré, a présenté les progrès réalisés dans la lutte pour l’élimination des MTN et les prochains à relever. Selon elle, il y a deux stratégies de lutte majeures contre les maladies endémiques recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il s’agit de la chimiothérapie préventive et de la prise en charge intensive des cas auxquels s’ajoutent les approches intersectorielles développées par le programme.

« Les MTN sont un groupe de 21 maladies d’origine parasitaire, virale et bactériale qui sévit dans les zones tropicales et qui touchent principalement les couches démunies. Ce sont des maladies qui peuvent se transmettre d’une personne malade à une autre », a-t-elle précisé avant de marteler qu’avec l’ensemble des stratégies et les acteurs mobilisés, ils « pensent pouvoir vraiment être au rendez-vous de 2030 ».

Le représentant du Représentant de l’OMS au Burkina Faso, Dr Laurent Moyenga

Le représentant du Représentant de l’OMS au Burkina Faso, Dr Laurent Moyenga, a déclaré que les approches centrées sur la personne et la participation communautaire restent essentielles. « En donnant les moyens d’action aux communautés, nous veillons à ce que les interventions de lutte contre les maladies tropicales négligées soient non seulement efficaces, mais aussi équitables et durables ». Il a poursuivi que l’élimination des MTN n’est pas seulement un rêve mais aussi une cible à portée de main.

« En fin 2024, 20 pays de notre Région avaient éliminé au moins une maladie tropicale négligée. Ce mois-ci, le Niger est devenu le premier pays de la Région à être vérifié pour l’élimination de l’onchocercose, et la Guinée est le neuvième pays validé pour l’élimination de la maladie du sommeil comme problème de santé publique », a-t-il soutenu tout en soulignant également les réalisations remarquables du Togo, « seul pays au monde à avoir été validé pour l’élimination de quatre maladies tropicales négligées, sont une preuve supplémentaire de ce qu’il est possible de faire lorsque la détermination s’allie à l’action ».

La représentante de la société civile disant «Non aux MTN», Irène Zoungrana

La représentante de la coalition des Organisations de la société civile (OSC) dénommée «Non aux MTN», Irène Zoungrana, a, quant à elle, rassuré de l’engagement des OSC pour l’élimination des MTN. Elle a remercié « le Champion MTN », le ministre de la Santé qui a rassuré que son département, comme en 2024, a pris « l’engagement d’allouer des ressources supplémentaires » pour l’atteinte des objectifs contre les Maladie Tropicales Négligées (MTN).

En rappel, les MTN affectent un milliard de personnes dans le monde, avec 40% de ce fardeau supporté par l’Afrique. Parmi les pays africains, le Burkina Faso illustre à la fois les progrès accomplis et les défis persistants dans la lutte contre les MTN, soulignant l’importance d’initiatives comme GO BEYOND pour renforcer les efforts d’élimination. Au Burkina Faso, des progrès significatifs ont été réalisés dans le contrôle des MTN mais l’élimination n’est pas encore atteinte. Des efforts continus sont donc nécessaires pour lutter contre des maladies comme l’onchocercose et la schistosomiase, notamment à travers l’administration massive de médicaments (MDA), une surveillance améliorée, l’engagement communautaire et un meilleur accès aux soins de santé dans les zones difficiles d’accès.

Une vue du présidium aux MTN

Ces interventions sont essentielles pour parvenir à une élimination complète, et des initiatives comme GO BEYOND jouent un rôle crucial en mobilisant les communautés et en amplifiant les efforts existants. Le mouvement a pris forme au Sénégal, au Kenya, en Éthiopie, au Bénin, au Niger et au Burkina Faso, en utilisant le sport, la musique et le plaidoyer pour amplifier les voix des communautés et pousser à une action politique plus forte. Au Sénégal, la Basketball Africa League (BAL) mobilise les jeunes à travers le sport, tandis que des journalistes et des parlementaires sensibilisent aux plus hauts niveaux.

Par Bernard BOUGOUM