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Burkina: la mise à mort du MPP, l’ex-parti au pouvoir?

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photo d'archives

Le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) a enregistré, le mercredi 21 septembre 2022, la deuxième vague de démissions, suivie ce jeudi de la troisième, en son sein depuis la chute du président Roch Kaboré, le 24 janvier dernier par un coup d’Etat militaire. Fragilisé par ce nombre important des départs dont la liste peut encore se rallonger, le parti se dirige-t-il vers sa fin?

Le navire MPP tangue depuis le coup d’Etat militaire du 24 janvier dernier qui a renversé le président Roch Kaboré. La saignée au sein du parti de l’ancien président avait déjà commencé à moins de deux mois après la chute de ce dernier, qui en plus, était toujours détenu par les auteurs du putsch. En effet, la première vague de démissions au sein du MPP est intervenue le 21 mars 2022, avec le départ de 46 membres du Bureau politique national (BPN) dont Abdoulaye Mossé, ancien député, et Ousmane Nacro, ancien ministre.

Sans grande surprise, les premiers démissionnaires, désormais anciens dignitaires de ce parti ont aussitôt créé leur propre formation politique qu’ils ont dénommée «Parti Panafricain pour le Salut» (PPS). Ce départ avec fracas de Mossé et ses alliés était déjà annonciateur des fragilités au sein de l’ancien parti présidentiel dirigé par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé. Le parti s’est depuis lors rétréci, avec cette première grande vague de démissions, comme peau de chagrin.

Sentant les frustrations et grincements de dents au sein du parti du soleil levant, M. Sakandé avait alors voulu assumer ses responsabilités de premier représentant de la formation politique. Ainsi, au cours de la première session de l’année 2022 du Bureau politique du parti, organisée, le samedi 16 juillet dernier, Alassane Bala Sakandé avait publiquement demandé pardon aux militants. Il avait reconnu que les frustrations «étaient grandes à tous les niveaux» du parti.

Cette demande de pardon, qui arrivait peut-être trop tard, n’a visiblement pas été entendue par les militants, qui, dans un passé récent, galvanisaient ensemble, les foules pour la réélection de leur champion à la présidentielle de 2020. Pour preuve, après ce mea culpa du leader du parti qui avait dit reconnaître leurs erreurs, lui et le reste de la direction, une autre vague de démissions plus importante que la première, est survenue le mercredi 21 septembre 2022. Et cette fois-ci, ce sont au total 116 militants non des moindres, qui ont quitté le bateau MPP, qui n’est sans doute plus loin de chavirer. L’hémorragie a continué avec une nouvelle liste de membres qui ont claqué la porte du MPP, ce jeudi 22 septembre.

Parmi les démissionnaires, on note des ministres sous le pouvoir Kaboré, d’anciens députés, d’anciens directeurs de cabinet ainsi que des directeurs généraux. On peut citer Alpha Barry, ministre en charge des Affaires étrangères pendant six ans et porte-parole des démissionnaires,  Bachir Ismaël Ouédraogo qui a dirigé le département de l’Energie et Alpha Omar Dissa qui a géré celui des Mines et Carrières.

Cette saignée sans fin vient, sans aucun doute, aggraver la blessure du Mouvement du Peuple pour le Progrès causée par le coup de force des militaires, le 24 janvier dernier. Oui ou non, on ne peut être aussi sûr. Ce qui est en revanche certain, est que le MPP vient une fois de plus de prendre du plomb dans l’aile. Est-ce déjà le chant du cygne pour cette formation politique? Si oui, ce serait bien une triste fin  pour un parti mûr aussitôt né qui a accédé au pouvoir un an seulement après sa création officielle.

Tout n’est peut-être pas perdu pour le parti sous la houlette de Bala Sakandé qui peut toujours compter sur des cadres tels que Simon Compaoré, cependant bien atone et aphone, l’ancien ministre en charge de l’Administration territoriale, Clément P. Sawadogo, celui de l’Education nationale Stanislas Ouaro et bien d’autres qui jurent toujours fidélité à la couleur orange. En tout cas depuis la disparition de l’un des trois leaders naturels qui étaient les pères fondateurs, en l’occurrence Salifou Diallo, véritable « monstre politique » et cheville ouvrière du parti, emporté la grande faucheuse, l’avenir du MPP et même du pouvoir en place était devenu douteux. Quid du premier militant du MPP, l’ancien président du Faso Roch Kaboré? Pour l’instant, il assiste, impuissant au naufrage du mastodonte. Mais comme les grands partis ne meurent jamais, comme le disent les politiciens, peut-être que le MPP, comme le phénix, renaîtra de ses cendres. Un épisode qui n’est pas sans rappeler l’implosion d’un autre parti politique à l’époque, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de Blaise Compaoré, qui s’était vidé au profit du…MPP!

Par Siaka CISSE (Stagiaire)