Accueil A la une Burkina: les étudiants burkinabè en France invités à « garder un regard attentif...

Burkina: les étudiants burkinabè en France invités à « garder un regard attentif sur la situation socio-politique du pays »

0

Ceci est une déclaration de l’Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB), à travers l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF), le 5 novembre 2022, à l’occasion de la rentrée 2022-2023. Elle y invite « les étudiant.e.s burkinabè en France à garder un regard attentif sur la situation socio-politique de notre pays et à soutenir les mobilisations et luttes de notre peuple et de sa jeunesse dans leur combat pour la sécurité, la liberté et la justice ».

DÉCLARATION DE RENTRÉE 2022-2023

Camarades étudiant.e.s,

En ce début d’année académique 2022-2023, le Comité Exécutif (CE) de l’AEBF adresse ses félicitations aux étudiant.e.s burkinabè en France qui passent en année supérieure ou qui sont en fin d’étude. Pour celles et ceux qui reprennent leurs années pour une raison ou une autre, il leur souhaite beaucoup de courage et leur formule ses vœux de succès pour cette année. A celles et ceux nouvellement arrivé.e.s,  qui ont  d’ailleurs été très nombreu.x.ses à solliciter l’AEBF au cours de leurs différentes démarches, le CE  souhaite la bienvenue et du courage pour faire face aux réalités de la vie estudiantine des Burkinabè en France.

Camarades étudiant.e.s,

Cette rentrée académique s’effectue dans un contexte international trouble et complexe. Le système capitaliste-impérialiste qui domine le monde traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire. Les contradictions entre puissances impérialistes se sont accélérées en débouchant sur des affrontements de plus en plus ouverts.  Par ailleurs, la contradiction entre les masses exploitées et les exploiteurs s’approfondit : mobilisations dans les néocolonies françaises d’Afrique de l’Ouest disant NON à l’impérialisme en exigeant le départ des armées étrangères d’occupation, NON au FCFA, NON à l’exploitation moyenâgeuse des ressources naturelles, etc.

En Afrique, les appareils d’Etat néocoloniaux demeurent incapables de subvenir aux besoins fondamentaux des populations, en termes de santé, d’éducation, d’emploi, de sécurité, etc. Au sahel, le terrorisme gagne chaque jour du terrain malgré la présence des armées étrangères.

Notre pays, le Burkina Faso, est le pays le plus touché par le terrorisme avec son lot de conséquences : plus de 50% du territoire hors du contrôle de l’Etat, 708 341 élèves affectés par la fermeture de 4258 écoles, plus de 30% des formations sanitaires impactées. Au même moment, « la communauté internationale » débloque en un temps record des moyens énormes pour la guerre en Ukraine (chiffres d’août 2022 : 48,18 milliards d’euros par les USA, 16,2 milliards d’euros par l’UE, 6,2 milliards d’euros par le RU…), cette même « communauté » est incapable d’apporter le minimum vital aux populations victimes du terrorisme. En rappel, plus de 3 millions de personnes ont actuellement besoin d’aide humanitaire dans notre pays selon les données des ONG, la majorité étant des enfants et des femmes.

Cette crise sécuritaire a mis en lumière la faillite de toutes les institutions de l’Etat néocolonial avec son armée néocoloniale spécialisée dans la répression des populations, la guerre subversive et les coups d’Etat. C’est l’occasion pour l’AEBF de condamner ce coup d’Etat du MPSR. Le MPSR 2 du capitaine Ibrahim Traoré, tout comme le MPSR 1 du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, a surfé sur le désemparement de la population pour usurper le pouvoir après avoir échoué au front. Heureusement que le peuple burkinabè, qui est en train de chercher sa voie de libération, a placé la barre haute et s’attend à des résultats concrets. L’AEBF a fort espoir que notre peuple, après le constat de l’échec de l’électoralisme et du putschisme, s’orientera vers la voie révolutionnaire, la seule capable de poser dans le contexte actuel de notre pays les fondations d’un progrès social véritable en sa faveur.

Camarades étudiant.es

En France, cette rentrée académique se déroule dans un climat social tendu, marqué par la crise énergétique et ses conséquences pour les masses populaires et par les réformes antisociales

(renchérissement du coût de la vie,  baisse du pouvoir d’achat, durcissement à venir des règles d’indemnisation des chômeurs, réforme des retraites en vue, augmentation des prix de l’essence, grève pour de meilleurs salaires et pour la défense des libertés syndicales, conflit à Total Energies…). L’inflation dégrade davantage les conditions de vie des étudiant.e.s , boursier.e.s comme non boursier.e.s. Ce qui a amené le gouvernement français, sous la pression des organisations combatives, à prendre quelques mesures vis-à-vis de ses étudiant.e.s :  augmentation de 4% du taux de la bourse, augmentation de 3,5% de l’aide  au logement.

En ce qui concerne l’étudiant.e burkinabè en France, et sur le plan social, cela fait plusieurs années  que l’AEBF n’a cessé de démontrer chiffres à l’appui l’insuffisance du taux de la bourse nationale surtout quand on habite en région parisienne, et la nécessité d’augmenter le nombre de bourses attribuées et d’octroyer une aide aux étudiant.e.s étranger.e.s non boursier.e.s, tout comme celles et ceux inscrites dans les universités nationales. Face à ces revendications justes et légitimes, les autorités restent dans le dilatoire.

Pour cette rentrée académique 2022, le problème pressant pour les nouveaux/ nouvelles étudiant.e .s burkinabè en France demeure la question du logement selon des données récoltées auprès d’une centaine de nouvelles/ nouveaux, depuis la recherche de visa, jusqu’à leur arrivée en France. La majorité étant non boursier.e.s y a été confrontée une fois sur place où le coût de la vie est très élevé. Par exemple en ile de France, le studio meublé coûte entre 500 et 950 euros par mois et la chambre de collocation environ 480 euros/mois, comparé à une bourse de 552 euros et une aide au logement de 76 euros. Une bonne partie des étudiant.e.s burkinabè en France ne sont pourtant pas logés en résidences CROUS.

Si la réouverture de la Cité Fessart en 2021 et l’élargissement de son accessibilité aux étudiant.e.s non boursier.es constitue un acquis majeur de l’ensemble des étudiant.es burkinabè en France sous la direction de l’AEBF, force est de constater que les conditions d’attributions des chambres demeurent opaques et sans participation des structures authentiques de lutte des étudiant.e.s dont l’AEBF. Cette année, aucun.e étudiant.e n’a été admis.e officiellement à la Cité Fessart. Pourtant de nombreu.x.ses étudiant.e.s sont rentré.e.s en contact avec l’AEBF à ce sujet. L’Ambassade du Burkina Faso en France est restée sourde et muette face à toutes les interpellations de l’AEBF sur cette question. C’est le lieu également de réclamer la prise en compte des organisations représentatives des étudiant.e.s burkinabè en France dont l’AEBF dans la commission d’attribution des chambres et de dénoncer le dédoublement des frais de loyer depuis 2021.

Sur le plan académique, depuis la réforme “Bienvenue en France” en 2018, les étudiant.e.s extra-communautaires (étranger.e.s) ont vu leurs frais d’inscription multiplier par 15  (2770 euros au lieu de 170 euros pour la licence et 3770 euros au lieu de 243 pour le Master). Nous n’avons cessé d’alerter nos autorités sur son impact néfastes sur les étudiant.e.s burkinabè. Aux premiers moments de cette réforme des étudiant.es burkinabè ont eu à bénéficier d’exonérations (issue de la loi de 2013 qui permet aux universités d’exonérer jusqu’à 10% de leur effectif). Par contre, cette année nous faisons l’amer constat que des étudiant.es qui nourrissaient l’espoir d’avoir cette exonération ont été obligé.es de payer la totalité de ces frais. Ceci étant encore plus critique pour l’avenir du boursier national burkinabè en France quand on sait que le CIOSPB plafonne la scolarité à 2000 euros.

Sur le plan des libertés, l’AEBF a accueilli avec beaucoup de satisfaction la tenue du procès Dabo Boukary, après 32 ans de lutte pour la vérité et la justice.  Cela est une victoire d’étape dans la lutte de notre peuple et de sa jeunesse estudiantine contre l’impunité des crimes de sang. Notre peuple et l’ensemble des étudiant.es burkinabè doivent maintenir la pression pour que tous les criminels condamnés purgent effectivement leurs peines.

Camarades étudiant.e.s,

Nos camarades étudiant.e.s inscrit.e.s dans les universités du Burkina Faso sont confronté.e.s également aux dures réalités du  délaissement de l’éducation par nos différents gouvernements, au profit des politiques anti-éducatives issues du Programme d’ajustement structurelle (PAS) et ses variantes. Les conséquences sont implacables : chevauchement des années académiques, velléités de remise en cause de l’aide FONER et de la bourse, etc. Les étudiant.e.s dans les universités publiques de notre pays s’organisent dans les différentes sections de l’UGEB pour défendre leurs intérêts, contre le sabotage de la formation des enfants du peuple et pour une éducation démocratique et populaire accessible aux enfants du peuple. Il sied également qu’en France, nous renforcions notre cadre authentique de lutte, qu’est l’AEBF, à travers ses sous-sections et comités d’initiatives et/ou en prenant attache avec le CE pour la mise en place de représentations locales dans nos villes. C’est à ce prix d’organisation structurelle et de mobilisation consciente que nous pourrons contraindre l’autorité à répondre favorablement à nos préoccupations.

Ainsi, le Comité Exécutif de l’AEBF :

  • appelle l’ensemble des étudiant.e.s burkinabè, nouvellement arrivé.e.s comme ancien.ne.s, à se mobiliser davantage dans l’association pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’études ;
  • invite sérieusement les autorités burkinabè à prendre leurs responsabilités vis-à-vis des préoccupations des étudiant.e.s burkinabè en France.
  • appelle les étudiant.e.s burkinabè en France à participer activement  aux activités entrant dans le cadre de cette rentrée syndicale et à se tenir prêt.e.s pour mener des actions à même d’engranger des acquis en notre faveur ;
  • invite les étudiant.e.s burkinabè en France à garder un regard attentif sur la situation socio-politique de notre pays et à soutenir les mobilisations et luttes de notre peuple et de sa jeunesse dans leur combat pour la sécurité, la liberté et la justice.

En avant pour la défense ferme de nos intérêts matériels et moraux !

Vive la rentrée syndicale !

Vive l’AEBF !

Vive l’UGEB !

Pain et Liberté pour le Peuple !

Le Comité Exécutif