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Burkina: les grandes lignes du Programme de l’entrepreneuriat communautaire présentées

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Les dirigeants de l'APEC et leurs partenaires

Les responsables de l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire et leurs partenaires ont présenté les grandes lignes du Programme de l’entrepreneuriat communautaire qui sera lancé officiellement le 12 juin 2023, au cours d’une conférence de presse animée ce lundi 5 juin, à Ouagadougou. Selon les conférenciers, ce programme qui sera lancé par le président de la Transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, permettra de créer « un million d’emplois directs en deux ans et 100 000 forages équipés de système de pompage solaire ».

Le modèle économique adopté par le Burkina Faso depuis l’indépendance a du mal à lui permettre de se développer. L’Etat s’est engagé dans des secteurs productifs, et le secteur privé a du mal à relever le défi d’une véritable industrialisation permettant la transformation des matières premières du pays des « Hommes intègres ». Si fait que les matières premières sont vendues brutes sans création de valeur ajoutée, alors que le chômage des jeunes reste une constante et les inégalités croissent entre les groupes qui ont des capitaux pour investir, et les autres catégories socio-professionnelles se sentent exclues.

La conférence a été animée par le directeur général de l’APEC, Karim Traoré et ses proches collaborateurs, de même que les partenaires techniques de la structure logée au sein de la présidence du Faso, les responsables de la Société de coopérative avec conseil d’administration/bâtir l’avenir (Scoop-ca/ba) dont son PCA, Aziz Nignan, qui par sa structure, prône l’actionnariat populaire pour un développement endogène et inclusif. Et selon les propos des conférenciers du jour, c’est au regard de ce constat que le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’Etat, a décidé de s’orienter vers un modèle économique endogène et inclusif en vue de permettre à tous les Burkinabè, sans exclusion, de prendre part à la création et au partage de la richesse.

L’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (APEC), selon ses dirigeants, a pour mission d’identifier les projets d’entreprises communautaires dans les secteurs comme l’agriculture, l’élevage, l’agro-alimentaire, le textile et les mines. Ensuite elle assure leur financement par actionnariat populaire en ouvrant le capital des entreprises à la participation de tous les Burkinabè, ont indiqué les interlocuteurs du jour des journalistes. Et, ces entreprises interviendront dans l’intensification et la mécanisation de la production agricole et l’élevage, dans la transformation de nos matières premières ainsi que la production minière.

Ce modèle d’investissement garantit trois valeurs : « la souveraineté alimentaire (autosuffisance alimentaire), la souveraineté économique à travers l’investissement dans des secteurs stratégiques, le développement endogène et inclusif et la création d’emplois », a déclaré le directeur général de l’APEC, Karim Traoré qui a expliqué que « ces entreprises sont exclusivement financées par les Burkinabè résidents et de la diaspora, et les richesses créées sont redistribuées aux populations burkinabè (pas de bénéfices à rapatrier hors du pays) ». La création d’emplois consiste à amener « les usines de transformation ainsi que les investissements dans le secteur agricole à permettre de créer plus d’un million d’emplois directes en deux ans », a-t-il complété.

De la gauche vers la droite, Karim Traoré et Aziz Nignan

Selon le mode opératoire de ce programme expliqué aux journalistes, les projets sont identifiés dans les secteurs stratégiques de l’économie avant qu’un partenariat soit établi avec une société coopérative qui organise la souscription aux parts sociales des entreprises communautaires, par actionnariat populaire. Les projets sont lancés par lots 3 à 5 par lancement. Ensuite, l’Etat à travers l’APEC fait une prise de participation minoritaire, pour assurer la surveillance et garantir la bonne gestion des entreprises. Ce qui permet que les investissements soient réalisés et les activités lancées avant qu’il ne soit demandé un différé de deux ans aux investisseurs, avant le début de la distribution des dividendes à partir de la 3e année.

Le conférencier principal le DG de l’APEC, Karim Traoré a répondu face aux inquiétudes des hommes et femmes de média qu’« avec l’adhésion populaire, toutes les menaces que ce soit les pressions internes ou externes vont échouer sur la muraille de la coopération populaire ». « Le libéralisme fait que l’Etat n’a aucun pouvoir pour dire à un investisseur de prioriser un secteur donné même s’il représente un enjeu majeur pour notre souveraineté », a-t-il martelé.  

Comme projets en cours, les conférenciers ont signifié qu’il sera lancé un premier lot de quatre entreprises à savoir l’extension de Société Faso Tomate (SOFATO) avec deux nouvelles usines de transformation de tomates à Bobo-Dioulasso et une autre à Tenkodogo. Il est aussi prévu la réalisation d’une société minière d’exploitation semi-mécanisée de l’or sur trois sites (trois permis d’exploitation).

« Le combat que le peuple burkinabè doit mener à travers ce Programme est un combat de souveraineté. Ce modèle permettra aux Burkinabè de se sentir dignes et intègres », a estimé le PCA de Scoop-ca/ba qui réalise la Société Faso Tomate (SOFATO), à Yako. Pour lui, « la réalisation des extensions des projets Sofato à Bobo-Dioulasso et Tenkodogo dépendra de la mobilisation populaire pour booster l’initiative. Et donc, pour cela, nous allons demander l’adhésion massive de tout le peuple burkinabè », a-t-il demandé.

L’initiative vise également la réalisation d’un projet de mécanisation et d’intensification agricole avec un financement d’un kit complet de la petite irrigation villageoise (exploitations familiales) remboursable sur trois à cinq ans. Ce qui devra permettre la création d’un million d’emplois directs en deux ans et de 100 000 forages équipés de système de pompage solaire. Le Programme de l’entrepreneuriat communautaire vise également la mise en place d’une centrale d’achat des produits locaux. Cela permettra de créer un marché sûr des productions agricoles et organiser la vulgarisation et la vente maîtrisée des principales denrées de première nécessité.

Le lancement officiel du Programme de l’Entrepreneuriat communautaire aura lieu le 12 juin 2023 à la salle de conférence de Ouaga 2000 et sera présidé par le capitaine Ibrahim Traoré.

Par Bernard BOUGOUM