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Burkina: les morts manquent de morgues!

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Les morgues manquent de place (Ph. d'archives)

Une chaleur d’enfer! Une expression qui va comme un gant actuellement à bien des pays du Sahel, de la sous-région et même du continent. La situation, si elle n’est pas désespérée, n’en n’est pas moins grave. Le phénomène est même mondial, et, soit il fait grimper, soit il fait chuter, le mercure à une vitesse vertigineuse. Dans tous les cas, les conséquences sont dramatiques pour les terriens qui ne savent plus où trouver un havre de paix, ou tout au moins un environnement clément où tempêtes, inondations, sècheresse, etc., ne font pas la loi, en bandes organisées ou isolément. La cible privilégiée des fortes vagues de chaleur étant les personnes d’âges avancés ou souffrant déjà de pathologies diverses, les hôpitaux ne désemplissent que pour surbooker les cimetières qui finiront certainement par manquer de place.

Au Burkina, selon des experts de la santé, le taux de décès liés aux coups de chaleur a fortement augmenté et tourne autour de 30%. Malgré les conseils qui pleuvent sur les réseaux sociaux et inondent la presse écrite et audio-visuelle, ce sont des patients sans vie ou au seuil de la mort qui prennent d’assaut, au quotidien, les services des urgences des centres de santé. Malheureusement, pour ceux qui n’arrivent pas à s’en sortir, les placards des morgues ne sont pas extensibles à souhait, ce qui rend encore plus rapide, les inhumations et donne des insomnies aux pompes funèbres sollicitées plus que de coutume. Parfois, ce sont les morgues des pays voisins, dont le Ghana, qui sont appelées à la rescousse. Mais ça aussi, c’est un traitement particulier, réservé aux morts de familles nanties. Sinon, bien des personnes, surtout quand elles vivent à une certaine distance ou hors du pays, n’ont eu que la chance de se recueillir sur la tombe de leurs parents ou proches, disparus.

Finalement, faut-il construire des maternités ou agrandir les morgues et cimetières? La question est loin d’être sotte, chaque année, la situation étant la même à cette époque. Elle devient encore plus dramatique à cause du changement climatique dont les effets sont davantage ressentis en Afrique, qui, paradoxalement, est le continent le moins pollueur mais le plus pollué. C’est en Afrique que sont déversés les déchets toxiques et tout ce qui ne peut être utilisé en Europe, du fait de leur vieil âge. Ici ce sont surtout les voitures «France au revoir» qui font le bonheur d’usagers, qui sans la fatwa lancée contre ces vieilleries ailleurs, ne peuvent devenir propriétaires de véhicules. Mieux, le commerce est bien florissant pour ceux qui s’y adonnent et font débarquer dans les ports du continent, des milliers de conteneurs de produits dont la consommation est interdite en Occident.

Les dégâts de la vague de chaleur qui s’abat sans commune mesure sur le Burkina, sont difficiles à contenir, tant ils touchent tous les domaines du quotidien et que le phénomène ne cesse de s’aggraver, à cause du changement climatique. En attendant, il urge de mettre en place des plans d’urgence pour soulager les vivants qui ne savent plus où s’abriter et les…morts qui manquent de morgues!

Par Wakat Séra