Accueil Société Burkina/Lutte antiterrorisme: « Taire les incompréhensions entre les supérieurs et les subalternes »

Burkina/Lutte antiterrorisme: « Taire les incompréhensions entre les supérieurs et les subalternes »

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Une photo de famille avec le ministre Maxime Koné (2e à gauche, 1er plan)

Le nouveau ministre burkinabè de la Sécurité, Maxime Lomboza Koné, a déclaré ce vendredi 23 juillet 2021, à la cérémonie de sortie de la 50e promotion des élèves de l’Ecole nationale de police (ENP) que pour mener une lutte efficace contre les terrorismes et les autres formes de criminalité, il est « important de travailler à éviter trois écueils ».

Depuis la prise du pouvoir en janvier 2016 de Roch Marc Christian Kaboré, après l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le Burkina Faso, notamment ses parties du Nord, Centre-nord, Sahel et Est, font face et de façon répétée à des attaques armées qualifiées pour la plupart de terroristes.

Pour le ministre de la Sécurité, Maxime koné, au-delà de l’action militaire sur le terrain, « force est de constater que les armes seules ne peuvent pas combattre ce qui est né dans l’esprit de ceux qui nous agressent », demandant un changement de paradigme et opter pour une approche « holistique » dans la lutte contre le fléau du terrorisme.

Dans cette lutte contre les forces du mal qui endeuillent le Burkina Faso, « il me semble important de travailler à éviter trois écueils si nous voulons être efficaces », a affirmé M. Koné, installé au poste du ministère de la Sécurité le 1er juillet dernier. Il s’agit tout d’abord des « querelles de clochers entre les corps ».

Pour Maxime Koné, dans cette guerre asymétrique, « il n’y a pas de héro solitaire et nous avons l’obligation de nous mettre ensemble et de travailler en rangs serrés. Du reste, l’ennemi en face ne fait aucune distinction entre les tenues quand il attaque », a-t-il déclaré.

Ensuite, selon le patron de la sécurité du Burkina Faso, en deuxième lieu, les agents de sécurité, de défense de l’intégrité du territoire et de la stabilité des institutions du pays, doivent travailler à taire les « incompréhensions » entre les supérieurs et les subalternes. « Autant les éléments doivent respect et obéissance aux chefs, autant les chefs doivent savoir écouter la troupe afin d’anticiper sur les éventuels problèmes », a-t-il lancé.

Enfin, le troisième écueil dans cette lutte, a continué le ministre Koné, expert des questions sécuritaires, c’est le non-respect des Droits de l’Homme. En effet, a-t-il indiqué, « la lutte contre le terrorisme ne doit être une occasion pour fouler au pied les Droits de l’Homme ». Le respect des Droits de l’Homme, selon lui, est un « impératif catégorique » pour tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme.

La formation des 639 policiers dont 453 de la Police nationale et 186 de la Police municipale sortant aujourd’hui de l’ENP, s’inscrit dans la dynamique surtout de la lutte contre l’insécurité grandissante, caractérisée par des attaques tous azimuts des agents des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des civils, perpétrées par terroristes et des bandits de grand chemin.

« Les groupes armés terroristes ont, à n’en pas douter, dans leur stratégie, l’objectif de déstabiliser l’Etat afin de le discréditer aux yeux des populations dans le dessein ignoble de les rallier à leur cause », a-t-il prévenu, estimant que cette crise « fait le lit » de conflits communautaires, alimente les replis identitaires et met en péril le développement économique et social du pays, en somme son vivre-ensemble.

Maxime Koné pense que « la nature protéiforme de la menace et le niveau de violence engendrée imposent » aux sécurocrates d’adopter une « posture réaliste » aussi bien au niveau de l’aguerrissement des Hommes que de l’amélioration de leur puissance de feu. « Même si nous sommes convaincus que notre vulnérabilité est moins liée à notre puissance de feu que d’aucuns estiment inférieure à celle de l’ennemi qu’à l’articulation harmonieuse de nos forces, à une meilleure coordination des actions sur le terrain. C’est pourquoi nous devons travailler à instaurer une osmose d’actions entre nos différentes forces », a renchéri le nouveau patron des policiers et des gendarmes dont des situations d’incompréhensions ou de mésententes ont failli opposer les deux corps militaire et paramilitaire.

« Pour notre part, au-delà de cette bonne coordination, nous allons nous employer à l’avènement d’un policier de type nouveau avec la conscience que nous passons d’une situation de paix à une situation de guerre », a rassuré le ministre de la Sécurité qui dit s’engager à intégrer dans les curricula, « une formation de base en lutte contre le terrorisme dans toutes les écoles de police et à mobiliser les moyens qui vont avec ».

Par Bernard BOUGOUM