Accueil Société Burkina/Lutte antiterroriste: «Les populations ont besoin de justice» (Amadou Sidibé, Tabital Pulaaku)

Burkina/Lutte antiterroriste: «Les populations ont besoin de justice» (Amadou Sidibé, Tabital Pulaaku)

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Amadou Sidibé, président de Tabital Pulaaku (milieu)

Le président de Tabital Pulaaku Burkina, Amadou Sidibé, a affirmé que les populations concentrées dans les zones en proie de façon répétée aux attaques terroristes, « ont besoin de justice », à l’issue d’une rencontre de l’Organisation à Ouagadougou ce samedi 2020 juin.

Depuis 2015, le Burkina Faso se trouve dans une crise sécuritaire aggravée depuis mars 2020, par crise sanitaire. Les populations vivent des moments de souffrance individuelle et collective, qui se caractérisent par la « peur, l’incertitude, le désarroi, la fuite ou souvent la mort ». Cette crise multidimensionnelle a entrainé environ un million de déplacés internes (selon les chiffres officiels) et la destruction des pans entiers de l’économie du pays, de ses services sociaux de base, ainsi que la libre circulation des biens et des personnes dans plusieurs localités. C’est au regard de ce tableau noir, que l’organisation de la communauté pastorale a jugé impérieux de tenir cette rencontre pour apporter sa contribution dans cette lutte contre les extrémistes qui écument plus particulièrement le Nord du Burkina, région où se concentre les populations peules.

La question sécuritaire qui « a mis à rude épreuve la cohésion sociale en dressant les communautés, les unes contre les autres, nous interpelle. Il est de notre responsabilité en tant que responsables d’associations de rassembler les leaders religieux, coutumiers et politiques, pour, dans un premier temps dénoncer le terrorisme, mais également de dire que le terrorisme n’épargne aucune communauté. Toutes les communautés sont victimes du terrorisme », s’est exprimé, face aux journalistes, le président de Tabital Pulaaku, Amadou Sidibé.

Après une rencontre sur les défis sécuritaires qui a duré plus de quatre heures, les forces vives de la communauté pastorale,  après avoir lancé un appel « patriotique qui interpelle l’Etat, la société civile et les différentes communautés pour qu’ils se mobilisent davantage pour lutter contre le terrorisme », disent aux Burkinabè que ce qui fait la beauté de notre du Burkina, « c’est (sa) diversité ». « Et cette diversité-là, nous devons la maintenir. Nous ne devons pas sombrer aux mains des extrémistes qui développent un discours de haine », a conseillé M. Sidibé

Les participants à la rencontre de Tabital Pulaaku

Vu les nombreuses attaques terroristes auxquelles fait face le pays, Tabital Pulaaku estime que dans un premier temps, « les populations ont besoin d’une forte présence militaire, elles ont besoin de la protection de l’Etat ». Dans un second temps, l’organisation peule pense que « les populations ont besoin de justice ».

« Lorsqu’il y a des massacres comme ceux de Yirgou, Silgadji, Arbinda, Barga et Tanwalbougouon, cela veut dire que les populations ont besoin de justice. Et à ce niveau, nous demandons à l’Etat d’accélérer le processus. Aussi, nous demandons aux autorités de veiller à dénoncer et à condamner l’ensemble des personnes qui se montrent extrémistes dans leurs discours, qui développent la haine et la violence, notamment sur les canaux de communications dont les réseaux sociaux », a dit Amadou Sidibé qui, du reste, au regard des dernières évolutions, s’est satisfait de l’action de la Justice. « Il y a des acteurs de réseaux sociaux qui ont été interpellés et écroués dans des maisons d’arrêt. Cela est à saluer et nous voudrions que ces actions soient renforcées », a salué le président Tabital Pulaaku.

Les responsables de Tabital Pulaaku ont rappelé qu’en collaboration avec les forces vives de la communauté, « l’association s’est résolument engagée depuis 2016 dans la lutte contre le terrorisme, contre l’endoctrinement et la dérive des jeunes à travers des actions de sensibilisation, des actions de méditation et de dialogue intra et inter communautaire ».

Tabital Pulaaku dit rester « convaincue qu’aucune croyance religieuse, aucun livre saint ne justifie les violences meurtrières des actes terroristes que nos communautés subissent ». C’est pourquoi, l’association pense qu’« il est important de se départir des raccourcis dangereux qui tendent à ramener la cause du terrorisme à une communauté ».

Par Bernard BOUGOUM