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Burkina: où est passé le rapport de l’attaque d’Inata?

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Ousséni Faïsal Nanéma, président du MDVE(3e à droite)

Le Mouvement pour la Démocratie et le Vivre ensemble (MDVE), une Organisation de la civile burkinabè a « exigé », le 12 avril 2022, au cours d’une conférence de presse, la publication du rapport d’Inata, dossier dans lequel 53 gendarmes avaient été tués dans des conditions qui restent à élucider.

Les membres du Mouvement pour la Démocratie et le Vivre ensemble (MDVE) ont échangé avec des journalistes le mardi 12 avril 2022 sur la situation nationale, notamment la question sécuritaire, la publication du rapport d’enquête sur le drame d’Inata, la libération de l’ancien président Roch Kaboré, assigné en résidence surveillée et des restrictions des libertés  qui seraient en cours d’élaboration par les nouvelles autorités. Sur l’ensemble de la conduite des membres de la transition qui ont un mois de gestion, le président du MDVE, Ousseni Faïsal Nanéma et ses camarades, se disent sceptiques quant à la restauration annoncée par le président Sandaogo Damiba. Pour eux, les premiers actes ne s’appuient pas sur « l’intégrité » qu’on doit imprimer désormais aux Burkinabè pendant cette période de transition.

Ainsi, M. Nanéma a estimé que les nouvelles autorités, dont certains de la hiérarchie militaire, cités dans le rapport d’Inata qui avait été remis à Roch Kaboré, doivent obligatoirement publier l’enquête sur la mort des 53 gendarmes pour déjà montrer patte blanche. Mais, il s’est dit sceptique car certains des plus hauts dirigeants du pays se seraient appuyés sur cette affaire pour évincer le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

M. Nanéma dit avoir « beaucoup d’informations sur le dossier d’Inata » qui avait ému tout le peuple burkinabè. Il dit avoir fouillé jusqu’à savoir le montant que la mine donnait à la Gendarmerie par mois pour l’alimentation des gendarmes en service sur ce lieu. Il s’agit d’une somme de « 7 100 000 Fcfa ». C’est la raison pour laquelle il juge « inacceptable » la situation de polémique sur le fait que les gendarmes ont été affamés alors que leur Administration recevait un gros montant pour leur alimentation.

Sur la situation sécuritaire, les interlocuteurs du jour des journalistes disent constater « une recrudescence des attaques terroristes au Nord du pays ». A les entendre, rien ne devait justifier cette situation puisque bon nombre des nouvelles autorités, notamment celle de la hiérarchie militaire, étaient déjà sur le terrain et maîtrisent les réalités de cette guerre asymétrique qu’ont imposée des groupes armés au Burkina. Les dirigeants du MDVE sur cette question font un lien avec les audits lancés qui ne serait pas la priorité. Ils pensent même que ces opérations de grande envergure peuvent jouer négativement sur la lutte contre les attaques armées.

Ousséni Faïsal Nanéma et ses camarades ont aussi demandé la libération de l’ex-chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, assigné en résidence surveillée chez lui. Pour le MDEV, « la détention du président Kaboré en résidence surveillée ne s’explique pas ». Sur la problématique de sécurité posée par le ministre de la Justice, Me Barthélémy Kéré qui était face à la presse hier lundi, pour cette OSC, vu le caractère pacifique qu’incarne le président Roch Kaboré, sa question de sécurité ne devait pas demander qu’on lui restreigne ses libertés. « Le président Roch Kaboré a fait quoi ? Il a tiré sur qui ? », s’est demandé le conférencier principal qui dénonce « une détention arbitraire ».

Les conférenciers disent par ailleurs détenir des informations sur des restrictions de liberté que les autorités de la Transition veulent soumettre notamment aux Organisations de la société civile et aux partis et formations politiques dans les deux semaines. Cela devra suivre avec des restrictions des libertés individuelles et collectives. A en croire M. Nanéma qui dit détenir ses informations de sources sûres, un projet de loi serait en élaboration. Il ressort des propositions qu’un couvre-feu va être instauré dans l’ensemble du territoire national et les heures peuvent aller de 22H à 5H du matin ou de 00H00 à 4H du matin.

Dans cette optique, le MDVE annonce déjà des manifestations diverses pour barrer la route à la confiscation des libertés au Burkina. « On ne va accepter qu’on restreigne nos libertés », a prévenu Faïsal Nanéma.

Par Bernard BOUGOUM