Accueil Culture Burkina/Réconciliation: Amadou Traoré recommande « le pardon, l’amnistie et la grâce »

Burkina/Réconciliation: Amadou Traoré recommande « le pardon, l’amnistie et la grâce »

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Un stock du livre de Amadou Traoré

L’ex-député, Amadou Traoré, juriste de formation et Administrateur civil, a mis à là disposition du peuple burkinabè, une réflexion à travers un ouvrage intitulé : « La réconciliation nationale et économique au Burkina Faso : leçons et perspectives ». « Il est indispensable d’intégrer le pardon, l’amnistie et la grâce présidentielle » pour réussir la réconciliation nationale et économique au Burkina Faso, a affirmé ce samedi 14 août 2021, Amadou Traoré, à la présentation de l’ouvrage  à Ouagadougou.

Le Burkina Faso a accédé à la souveraineté en 1960. Mais la violence s’est très tôt invitée dans la conduite des affaires de l’Etat avec la démission de son premier président Maurice Yaméogo. La crise socio-politique, l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a balayé le régime de 27 ans de Blaise Compaoré a divisé les Burkinabè dont bon nombre se sont exilés.

Amadou Traoré dédicaçant un livre

Mais, des processus de réconciliation nationale et de la cohésion sociale, le pays en a beaucoup expérimenté avec très peu de réussite. Du processus engagé par l’ex-président Blaise Compaoré à travers le Collège des Sages en 1999 à celui que la Transition a initié à travers la Commission de la réconciliation nationale et des réformes à partir de 2015 et dont la mise en œuvre s’est poursuivie sous le premier mandat du président actuel, Roch Kaboré de 2016 à 2021 avec le Haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité nationale (HCRUN), les propositions n’ont pas permis de rétablir le vivre ensemble des Burkinabè.  C’est dans cette optique que l’auteur de « Réconciliation nationale et économique au Burkina Faso : leçons et perspectives », Amadou Traoré, pense que l’union entre les filles et fils du Faso, leur remise au travail est ce qui est «primordial» actuellement.

Dès l’entame de ses propos, Amadou Traoré est précis. «Mon livre est un essai. Cela veut dire qu’il représente ma sensibilité sur certaines questions» de la vie de la Nation, a dit M. Traoré qui appelle les autorités à mettre tout en œuvre pour réussir la réconciliation nationale. Il relève justement qu’en ce qui concerne la question de la réconciliation, on a tendance seulement à résoudre l’aspect crimes de sang or les crimes économiques sont aussi graves.

Dans ses propos, Amadou Traoré a indiqué que «les intellectuels ont des difficultés à se faire entendre depuis 2015» à la suite de l’Insurrection populaire de 2014.

Le diplomate burkinabè, Sanné Topan en Faso Dan Fani blanc félicitant Amadou Traoré

La réconciliation nationale nécessite la rencontre de deux volontés, selon M. Traoré. «Premièrement, la volonté politique des autorités gouvernantes avec sa tête le président de la République, le président du Faso, le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, dans notre contexte. Deuxièmement, il faut de la volonté commune des populations, la majorité en tout cas pour qu’on aille à la réconciliation pour tourner la page. Sinon, quelle que soit la volonté des autorités gouvernantes, s’il n’y a pas un effet réceptif auprès des populations, c’est difficile».

Si cela est acquis, a continué M. Traoré, «il y a un troisième élément parce que la réconciliation ne peut pas se réaliser avec les artifices de fonctionnement de l’Etat normal. A un moment, il faut que les gens acceptent de répartir sur de nouvelles bases», soulignant que «la question de la réconciliation dépend essentiellement des victimes».

Le juriste et Administrateur civil, ancien député a fait un travail de «synthèse et d’analyse du précédent et de l’existant», a conclu pour sa part Parfait Ilboudo après avoir présenté le livre qui félicite le Collège des Sages pour son travail sous le régime de Blaise Compaoré puisque ses propositions intéressantes demeurent toujours d’actualité dans le sens d’aider le pays à panser ses grandes plaies. Par contre, l’auteur n’est pas passé du dos de la cuillère pour signifier que le haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité nationale (HCRUN) n’a pas été la hauteur des missions à lui confiées. Il pointe du doigt le fait que HCRUN «n’avait aucun magistrat en son sein or il est chargé de trouver des solutions à des problèmes judiciaires », jugeant «la transition d’avoir faire preuve de partialité».

Ue vue de l’assistance. Me Halidou Ouédraogo sur la chaise roulante

Pourquoi se réconcilier, quels sont les déterminants et les concepts propres de la réconciliation nationale ? C’est là, entre autres questions, que s’est posé l’auteur qui s’est efforcé de trouver des solutions qu’il propose aux populations burkinabè, notamment aux acteurs politiques et leaders d’opinion.

D’abord, pour lui, la justice est indispensable à la réconciliation. C’est à la suite de cette conviction qu’il propose la justice transitionnelle en lieu place de la justice classique. L’auteur appréhende la justice transitionnelle comme le mécanisme complémentaire visant plus la réparation. Cette justice transitionnelle vise le rétablissement de l’état de droit et prévient sur les actes qui ont amené les crises, a-t-il estimé aussi.

Selon la conviction de Amadou Traoré, «la justice transitionnelle doit intégrer le pardon, l’amnistie et la grâce présidentielle». Il fonde sa conviction sur la justice transitionnelle puisqu’elle a fait ses preuves ailleurs dans certains pays africains comme l’Afrique du Sud, le Rwanda et la Côte d’Ivoire.

Le livre est organisé en cinq parties. Chaque titre à son titre qui est une sorte de synopsis. L’ouvrage coûte 8 000 FCFA l’unité.

A noter que des acteurs politiques et leaders d’opinion bien connus du public dont Me Halidou Ouédraogo, Léonce Koné, Sanné Topan, Issiaka Lengani ont été présents à la présentation du livre de Amadou Traoré. Tous sont unanimes que la réconciliation nationale est nécessaire pour le Burkina Faso qui fait face depuis 2016 à l’hydre terroriste.

Par Bernard BOUGOUM