Accueil Communiqué de presse Burkina/Réconciliation nationale : l’Union d’Action syndicale  apporte sa contribution

Burkina/Réconciliation nationale : l’Union d’Action syndicale  apporte sa contribution

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Les secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes de l’Unité d’Action Syndicale (UAS), ont adressé, le 30 mars 2021, une correspondance, dont Wakat séra a obtenu copie, au ministre d’Etat chargé de la réconciliation nationale, Zéphirin Diabré, pour apporter leur contribution sur la question de la réconciliation nation. Cette contribution se décline par des observations qu’ils ont faites et, ensuite viennent leurs attentes et leurs suggestions.

Monsieur le Ministre d’Etat,

Comme nous vous l’avons promis lors de notre rencontre du vendredi 19 mars 2021, nous vous faisons parvenir notre contribution sur la question de la réconciliation nationale.

Nous vous souhaitons une bonne réception.

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CONTRIBUTION DE L’UNITE D’ACTION SYNDICALE (UAS) SUR LA QUESTION DE LA RECONCILIATION NATIONALE

La contribution de l’UAS se décline en deux volets : d’abord des observations et, ensuite nos attentes et suggestions.

  1. Observations

Telle qu’elle nous a été présentée, la réconciliation nationale prend les allures d’un vaste programme de société qui est du ressort des partis politiques et dont la réalisation requiert de nombreuses années avec tous les risques d’échec à long terme alors que certains dossiers datent déjà. 

Dans la typologie des réconciliations nationales que vous nous avez présentées, il apparaît des types de réconciliation dont le traitement est en rapport direct avec la gouvernance. Ainsi, les questions de réconciliations sécuritaire, économique et financière commandent, pour un traitement durable, que la gouvernance soit revue et améliorée.

A écouter certains acteurs sur la question de la réconciliation nationale, celle-ci est perçue comme une opportunité pour des bourreaux de se mettre dans la peau de victimes pour exiger de l’Etat d’être dédommagés. Dans le même sens, nous observons des discours qui tendent à criminaliser les insurgés allant jusqu’à exiger qu’ils s’amendent devant leurs victimes.

Pendant qu’il est question de réparer les abus commis par l’Etat dans le cadre de la réconciliation, nous observons que ces pratiques ont toujours cours dans l’administration. Dans ces conditions, de nombreux Burkinabè sont fondés à douter de la bonne foi des dirigeants sur le discours relatif à la réconciliation nationale. En effet, on ne peut pas inviter les Burkinabè à œuvrer pour la réconciliation et dans le même temps, s’illustrer dans la violation des principes de l’Etat de droit, par exemple en refusant d’exécuter des décisions de justice. 

  1. Suggestions/Attentes

–     Sérier les cas à traiter dans le cadre de votre mission ;

–     prendre des mesures exceptionnelles pour permettre à la justice de décongestionner ses tiroirs pleins de dossiers non examinés ;

–     dans les cas de crimes de sang, œuvrer à ce que la vérité et la justice soient établies, ce qui suppose que les exécutants et les commanditaires soient identifiés et qu’ils soient prioritairement mis à contribution pour dédommager les victimes de leurs actes. Pour nous, il est important que la vérité se fasse et que la justice soit rendue aux victimes. C’est la meilleure façon de jeter les bases pour le renforcement du vivre-ensemble. Sans cela, les cœurs meurtris risquent de ne pas s’apaiser ;

–     juger les crimes économiques (détournements, fraudes, corruption, …)

–     assurer la prise en charge par l’Etat des victimes et ayant-droits des victimes de l’insurrection populaire ainsi que de la résistance au coup d’Etat.

–     engager l’Etat à s’assumer dans la gestion du foncier : reconsidérer sa politique, gérer les contentieux et donner une suite aux enquêtes ;

–     faire de l’administration publique une administration républicaine ;

–     veiller à ce que la réconciliation nationale ne soit pas une occasion pour que des bourreaux ne se présentent comme des victimes pour exiger un dédommagement par l’Etat ;

–     trouver les voies et moyens pour un traitement diligent des dossiers entre les mains du HCRUN dont les dossiers (individuels et collectifs) de travailleurs victimes de licenciements abusifs et autres mesures arbitraires. Parmi eux, certains sont détenteurs de décisions de justice en leur faveur ;

–     instaurer un dialogue sincère avec les organisations syndicales et mettre en œuvre les engagements pris avec elles ;

–     avant la tenue du forum, il est capital de donner des gages de bonne foi en mettant un terme aux atteintes aux droits et libertés des citoyens, en exécutant les décisions de justice.

L’UAS prend note des assurances données en affirmant que la réconciliation nationale ne va pas donner une prime à l’impunité et que la démarche est guidée par le principe du triptyque Vérité – Justice – Réconciliation. Elle tient à affirmer son attachement à ce principe et encourage le ministre d’Etat à se laisser guider par celui-ci tout au long du déroulement du processus.

 

Pour les secrétaires généraux

Le Président de mois                                         

 Le Président de mois des centrales syndicales                              des syndicats autonomes 

Secrétaire Général / ONSL   

Paul N. KABORE                                     

Secrétaire Général / SYNATRAD

R. Blaise NEBIE