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Burkina/Région de l’Est: les habitants de Madjoari veulent «des armes pour se défendre»

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Le porte-parole de l'Association, Nassirou Dahani, au milieu entre quatre personnes

L’association des ressortissants de la commune de Madjoari, située dans la province de la Kompienga à l’Est du Burkina, a animé, le lundi 5 juillet 2021, une conférence de presse à la Bourse du Travail à Ouagadougou, lors de laquelle les ressortissants de ladite zone ont pris l’opinion publique à témoin de la dégradation sécuritaire dans la localité. «Fatigués d’enterrer leurs morts et pleurer leurs deuils», ils ont lancé un appel à l’Etat burkinabè de leur doter en armes pour «se défendre» eux-mêmes contre les attaques terroristes.

Depuis 2017, la commune de Madjoari est sous «la pression» des groupes armés. La situation se dégradant continuellement, cette commune est sur le point d’être «rayée» de la carte du Burkina.

Selon le porte-parole de l’association, Nassirou Dahani, «l’unique route permettant de relier la commune est détenue par des hommes armés» qui, comme des forces de sécurité, contrôlent les entrées et sorties de la ville. «Sept villages et six hameaux de cultures se sont déjà vidés de leurs populations à l’exception de la localité de Tambarga dans laquelle est installé le détachement militaire que les conférenciers accusent, par ailleurs, de laxisme face aux attaques. «Madjoari sera rayé de la carte du Burkina selon le souhait de nos autorités», a déclaré M. Dahani.

«12 000 âmes» ont besoin d’une «assistance humanitaire»

À l’en croire, peuplée de «14 000 habitants», cette commune est aujourd’hui «vide». «12 000 personnes» sur les «14 000 habitants» ont fui leurs terres en abandonnant leurs biens, et ont besoin d’une «assistance humanitaire».

Poursuivant, il a rappelé qu’il y a eu des pertes en vie humaine dans cette localité, notamment la mort, le 2 et 3 juin dernier, d’un conseiller et son fils, son voisin et la disparition de près d’une vingtaine de jeunes.

Les habitants «ne se sentent plus Burkinabè»

«Nous ne nous sentons plus chez nous. Nous ne nous sentons plus protéger par l’État. Nous ne nous sentons plus Burkinabè », a fait savoir le porte-parole de l’association tout en précisant que le 29 juin dernier, les terroristes ont sommés la population de quitter la commune, d’où un ultimatum de sept jours. «Si dans 7 jours, rien n’est fait, Madjoari ne sera qu’une histoire et n’existera plus», a-t-il prévenu à cet effet.

Des journalistes présents à la conférence de presse

«L’Etat n’existe plus, les forces de défense et de sécurité qui y sont n’attendent que la fin de l’évacuation des habitants pour aussi partir (…) et la seule route qui leur lie au reste du monde est en cours d’être coupée et personne ne veut encore l’emprunter», selon le porte-parole Nassirou Dahani qui informe que «les terroristes menacent de faire sauter le pont de Singou pour désormais couper la zone définitivement du Burkina».

Selon les conférenciers, depuis le 07 juin 2021, la vie à Madjoari est devenue «un calvaire» pour le peu de population qui y reste toujours avec notamment le coût élevé des denrées comme l’huile et l’essence qui s’achètent à 3 000 F CFA le litre.

La population veut des armes pour se défendre.

Face à cette situation et ayant marre de rester hors de chez eux, d’être des déplacés internes, les habitants de cette localité veulent assurer leur propre sécurité. Et pour cela, ils disent êtres prêts à prendre les armes si l’Etat burkinabè n’est pas en mesure de les protéger. «Si vous n’êtes pas capables de nous protéger, donnez-nous les armes pour qu’on se défende (…) Si la base militaire est juste là pour protéger le camp, qu’elle s’en aille et nous laisse en paix. Ainsi, nous rejoindrons nos frères du Bénin pour espérer vivre comme des hommes et bénéficier de la protection de l’Etat qui est inscrit dans la Constitution», a enchaîné M. Dahani.

Par ailleurs, l’association a demandé à l’Etat burkinabè d’œuvrer à ce que l’histoire de Solhan où plus d’une centaine de personnes ont été tuées, ne se produise à Madjoari.

Par Oumpounini MANDOBIGA (stagiaire)