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Burkina: un syndicat dénonce la « prise en otage » des carrières des agents de santé

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Photo d'illustration

Le Syndicat des Travailleurs de la Santé humaine et animale (SYNTSHA), dans une déclaration en date du 12 juillet 2022, dénonce la « prise en otage » des carrières des agents de santé.

Déclaration

Le Bureau National (BN) du Syndicat des Travailleurs de la Santé humaine et animale (SYNTSHA) a pris connaissance de la liste des concours professionnels de la fonction publique d’Etat autorisés par le conseil des ministres au titre de l’année 2022 par voie de communiqué du Ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale en date du 28 juin 2022. L’ouverture et l’organisation des concours professionnels sur la base de cette liste constitueraient un blocage de plus des carrières des agents de la santé humaine et animale et une remise en cause du protocole d’accord Gouvernement-SYNTSHA du 13 mars 2017.

En rappel, le 13 mars 2017 le gouvernement signait un protocole d’accord avec le SYNTSHA. Parmi les points de ce protocole d’accord figurent ceux relatifs aux conditions de travail, la valorisation de la profession soignante et les carrières des agents. Plus de cinq ans après sa signature et malgré les multiples interpellations, ce protocole souffre d’une insuffisance de mise en œuvre surtout en ce qui concerne les carrières des agents. Les faits suivants sont illustratifs de cette insuffisance:

  • en lieu et place de l’augmentation du nombre de place et de l’ouverture du concours des conseillers de santé par spécialité comme prévues dans le protocole d’accord, le gouvernement a décidé de supprimer le corps de conseiller de santé;
  • à la place d’un examen professionnel pour reclasser les Agents itinérants de santé et d’hygiène communautaire (AIS), les garçons et filles de salle dans les nouvelles catégories, le gouvernement décide d’organiser un concours professionnel malgré les interpellations du SYNTSHA;
  • l’examen professionnel prévu pour reclasser les infirmiers diplômés d’Etat et les sages-femmes et maïeuticiens d’Etat dans les nouveaux emplois n’est pas organisé depuis la signature du protocole et pire le concours professionnel pour ces emplois est bloqué;
  • Plutôt que de reclasser les attachés de santé et les conseillers d’élevage en A1 conformément à l’engagement du gouvernement dans le protocole de le mettre en œuvre au plus tard en septembre 2017, le gouvernement veut aujourd’hui faire subir à cette catégorie d’agents un examen professionnel. Ce qui serait une injustice de plus pour ces agents.

En définitive, les faits qui illustrent l’attitude de mépris du gouvernement au sujet des carrières des agents de la santé humaine et animale sont loin d’être exhaustifs. Ils justifient clairement que les carrières des agents de la santé humaine et animale sont prises en otage. Cette prise d’otage a été planifiée autour du Répertoire interministériel des métiers de l’état (RIME) adopté au forceps et du décret N°2021-0308/PRES/PM/MINEFID/MFPTPS du 27 avril 2021 portant statut particulier du métier santé humaine et animale adopté au mépris des observations du SYNTSHA et taillé sur mesure par le gouvernement de type fasciste d’alors dans le but de bloquer certains agents dans leurs carrières. Cette situation de blocage des carrières qui persiste toujours, est un facteur de détérioration du climat de travail dans les services et partant de baisse de la qualité des soins.

Cette attitude du pouvoir contraste avec le discours tenu par les autorités de la transition.

En effet, le 12 avril 2022 lors d’une rencontre avec les syndicats, le premier ministre de la transition, Albert Ouédraogo prenait l’engagement de respecter les protocoles d’accord signés. Il a réaffirmé la même position le 1er mai 2022 en recevant le cahier de doléances des travailleurs. Force est de constater que malgré cet engagement du chef du gouvernement et en dépit des échanges passés et en cours, le protocole d’accord gouvernement-SYNTSHA est en souffrance et le SYNTSHA est toujours en attente de réponses satisfaisantes concernant les préoccupations urgentes transmises au gouvernement le 11 avril 2022.

Très attaché au bon fonctionnement des services au profit de notre peuple, le BN du SYNTSHA:

  • Prend l’opinion public à témoin;
  • Appelle les travailleurs de la santé humaine et animale à rester mobilisés et déterminés pour défendre conséquemment leurs intérêts matériels et moraux en lien avec ceux de notre peuple et rester à l’écoute du BN pour tout mot d’ordre que l’évolution de la situation commandera.
  • Interpelle le gouvernement à:
  • débloquer les carrières des agents de la santé humaine et animale;
  • respecter concrètement le protocole d’accord signé avec le SYNTSHA le 13 mars 2017 à travers l’examen diligent des préoccupations urgentes;
  • respecter l’engagement de mettre en œuvre les protocoles d’accords signés;
  • éviter au peuple burkinabè des souffrances inutiles dans les secteurs de la santé humaine et animale en ces moments de crise multidimensionnelle que vivent les populations.

En tout état de cause si des solutions appropriées ne sont pas apportées aux préoccupations urgentes des travailleurs de la santé humaine et animale en lien avec le protocole d’accord du 13 mars 2017 qui sont sur la table du gouvernement depuis le 11 avril 2022, le gouvernement assumera l’entière responsabilité de la détérioration du climat social dans les secteurs de la santé humaine et animale.

Unis, mobilisés et déterminés, nous vaincrons !

Pour le Bureau National

Bernard SANON

Secrétaire Général