Accueil Editorial Burundi: la surprise du chef!

Burundi: la surprise du chef!

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Le président burundais; Pierre Nkurunziza (DR)

Les héros sont-ils fatigués? Nième ruse de guerre pour faire tomber une tension qui n’a que trop durée? Ou simple annonce sans effet ultérieur pour amuser la galerie? Autant de questions qui se bousculent dans la tête des analystes politiques et même de nous autres hommes de média qui étions persuadés que Pierre Nkurunziza s’était ouvert la voie de la présidence à vie. Par ce parfait crochet le président footballeur vient de dérouter non pas des défenseurs d’une équipe, mais des adversaires politiques et courtisans de tout acabit. Le chef de l’Etat burundais a également pris de court la fameuse communauté internationale et tous ces parangons de la démocratie qui l’avait définitivement rangé dans la catégorie des prédateurs de l’alternance. Le président footeux a-t-il pris exemple sur le désormais ex-entraîneur du mythique Real de Madrid, Zinedine Zidane, qui, au sommet de la gloire, vient d’annoncer son départ du club madrilène? En tout cas, la décision est à saluer et c’est en véritable gentlemen, soucieux du respect de la Constitution de son pays, que Nkurunziza administre cette leçon à toute la classe politique, et surtout ses contempteurs. Il faut le dire de go, ces derniers avaient qualifié de l’adoption de la nouvelle loi fondamentale adoptée par référendum le 17 mai dernier, un instrument taillé sur mesure, pour permettre au champion du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie  (CNDD-FDD, parti au pouvoir), de briguer encore un autre mandat, et plus si affinité, afin de demeurer président jusqu’en 2034.

Même si dans les paroles bibliques Pierre, le plus aimé des disciples de Jésus a renié ce dernier par trois alors qu’il lui avait promis le contraire, Pierre, le premier des Burundais lui a tenu sa parole. Du reste, «au Burundi, un homme se retourne dans son lit, et pas dans sa parole», a affirmé Pierre Nkurunziza pour qui la parole donnée lors de sa prestation de serment pour sa prise de fonction à la magistrature suprême n’était pas qu’un simple acte de circonstance. De zéro décrié par les farouches défenseurs de la démocratie, le président burundais va-t-il passer au héros vertueux qui devrait servir d’étoile polaire à tous ces apprentis sorciers encore sous l’emprise des vertiges du trône à vie? Le fossé n’est pas aussi facile à franchir, car malgré tout, même si lui, le considère comme son deuxième à la tête du Burundi, il faut dire qu’en 2020, Pierre Nkurunziza aura bien accompli un troisième mandat qui a provoqué l’ire de ses détracteurs et des «gendarmes» du monde. Même l’Organisation des Nations unies, l’Union européenne, et autres y sont allées de leurs sanctions et injonctions contre Bujumbura. On ne saurait non plus occulter, les nombreuses exactions que le président qui tient désormais à quitter les affaires en 2020 et ses sbires armés ont fait subir à une population qui, vent debout, était décidée à faire barrage au fameux troisième mandat. Une chose est certaine, Pierre Nkurunziza vient de poser un acte fort. A moins que 2020 à 2027, soit juste une pause pour permettre au président de revenir pour une autre partie, à la Vladimir Poutine.

Certes 2020, est encore loin et le Burundi est loin d’être à l’abri d’une belle pirouette de la part de celui qui, tout en promulguant la Constitution qu’il a fait passer envers et contre tous, coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui le caricaturait déjà sous les traits du président à vie. Mais, accordons lui la bonne foi au président Nkurunziza, peut-être pierre d’angle sur laquelle se construira le Burundi nouveau.

Par Wakat Séra