Accueil Editorial CAF : Hayatou, ou le dernier match du vieux Lion dompté !

CAF : Hayatou, ou le dernier match du vieux Lion dompté !

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Le nouveau président surprise de la CAF, Ahmad Ahmad (Ph. 20minutes.fr)

Issa Hayatou est donc parti ! L’inamovible et « mathusalémique » président de la Confédération africaine de football (CAF) a été sorti du jeu alors qu’il comptait jouer encore une prolongation de quatre ans et plus si affinité, l’objectif étant de régner ad vitam aeternam. Une fois de plus, les bookmakers sont entrés dans le décor pour ce qui finalement servira de dernier match à Issa Hayatou à la conquête de son propre fauteuil de président de la CAF. Qui l’eût cru,e 16 mars 2017, Issa Hayatou a simplement été laminé par Ahmad Ahmad, le président d’une petite fédération de Madagascar, un petit pays insulaire. Fort de l’appui de la majorité des fédérations de l’Afrique centrale et de l’ouest, notamment les pays francophones, le Camerounais était pourtant certain de rempiler pour la huitième fois à la tête de la structure faîtière du football africain. Malgré sa santé qui n’est plus des meilleures mais qui contraste avec sa longévité au gouvernail du foot africain, l’ancien enseignant, qui a été vice-président de la Fifa pour l’Afrique et surtout président par intérim de la puissante Fédération internationale de football association (Fifa), d’octobre 2015 à février 2016, suite à la suspension de Joseph Blatter, est resté sur le carreau. Et pourtant, l’homme qui fera des adieux forcés à la CAF mérite qu’hommage lui soit rendu.

Sous Issa Hayatou, bien des pays ont bénéficié de projets importants pour développer le football. Pour ne citer que certains autres hauts faits du dinosaure de la CAF, il faut dire que c’est sous sa houlette que l’Afrique a obtenu pour la première fois, cinq places représentatives en coupe du monde. Last but not the least, c’est le vénéré Hayatou qui a décroché la première organisation de la coupe du monde en terre africaine. C’était en 2010 en Afrique du sud. Depuis le retrait de l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema, qu’il a remplacé, l’enfant de Garoua au Cameroun a fait franchir bien des étapes au football africain. Même si le ballon rond n’a pas forcément acquis ses lettres de noblesse avec Hayatou, la discipline a connu bien des heures de gloire sous son long règne. La Coupe d’Afrique des nations qui est passée de huit à douze puis à seize pays participants est devenue aussi envoûtante que ses compétitions sœurs de l’Europe ou de l’Amérique du sud. C’est certain, d’autres pages fortes de l’histoire du foot africain sont encore à écrire, mais l’œuvre accomplie par celui qui est allé sans succès à la conquête de la présidence de la Fifa en 2002-battu par Sepp Blatter-n’est pas moins colossale. Et Issa Hayatou a toujours châtié de leur témérité ceux qui ont voulu lui arracher ce qui est devenu comme sa propriété depuis son accession à la tête de la CAF, souvent par des méthodes pas du tout fair-play. Désormais, il a vendangé tous ses acquis et a surtout manqué de prendre sa retraite auréolé de ce parcours à la CAF dont la vie se confond presque à la sienne propre. Hayatou a donc été terrassé par 34 voix à 20, après avoir été pendant longtemps, joueur et arbitre incontesté de ce jeu dont lui seul faisait et maîtrisait les règles.

Victime d’un vote-sanction, Hayatou sort par la petite porte, comme certains de ses amis chefs d’Etat africains dont le sport favori est de taillader les constitutions à volonté pour rester califes à vie. Ses adversaires du Cosafa et au nouveau sommet de la Fifa ne lui ont pas fait de cadeau. Hayatou avait a lui-même signé son arrêt de mort avec l’avènement de  Gianni Infantino, élu président de la FIFA le 26 février 2016, malgré l’opposition ouverte du désormais ancien président de la CAF. Ce dernier a été pratiquement le chef de campagne de Ahmad Ahmad qui était loin d’être dans les bonnes grâces de ses pairs. Dans son propre pays, le nouveau patron de la CAF que personne n’avait vu venir, n’était pas sans reproche. Tant sur le plan politique dont il a été acteur qu’à la tête de la fédération de la Grande Ile, l’homme était controversé. Il a même été accusé, certes sans preuve, dans le scandale de pots de vin qui a entaché l’attribution de l’organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar. Exit donc Hayatou, entrée en jeu de Ahmad qui a quatre ans pour faire oublier son prédécesseur qui pourrait même être rattrapé par les affaires. En tout cas, en attendant d’être jugé sur acte, Ahmad Ahmad vient de faire entrer le foot africain dans une nouvelle ère. Et ça, ce n’est pas rien !

 Par Wakat Séra