Accueil Chez nos confrères Carnage au Sri Lanka : plus de 200 morts dans une série d’attaques (Le Point)

Carnage au Sri Lanka : plus de 200 morts dans une série d’attaques (Le Point)

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Plusieurs églises et des hôtels de luxe sri-lankais ont été touchés par des explosions en ce dimanche de Pâques. Le bilan est sans cesse revu à la hausse.

Au moins 207 personnes ont péri dans une série d’attentats contre des hôtels et des églises au Sri Lanka, dont 35 étrangers, selon un bilan annoncé par la police à l’Agence France-Presse. Six explosions se sont d’abord produites dimanche matin dans trois hôtels et trois églises du Sri Lanka, où était célébrée la messe de Pâques, a-t-on appris de sources policière et hospitalière. De nouvelles attaques ont eu lieu quelques heures plus tard. Les autorités ont à ce stade recensé 64 morts, dont 9 étrangers dans la capitale Colombo, 67 à Negombo, une localité plus au nord, et 25 à Batticaloa, dans l’est du pays. Le bilan pourrait s’aggraver encore, car on dénombre des dizaines de blessés dans cette vague d’attaques d’une violence rare, selon des sources hospitalières. Quatre cent cinquante personnes ont également été blessées dans ces attaques.

Une des églises se trouve à Negombo, au nord de Colombo. « Attentat contre notre église, s’il vous plaît, venez nous aider si des membres de votre famille s’y trouvent », peut-on lire dans un message en anglais posté sur le compte Facebook de l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya à Negombo. Un attentat contre une église de Batticoloa a aussi fait au moins une vingtaine de morts.

De nouvelles explosions ont retenti dans un second temps. L’une s’est produite dans un hôtel de la capitale du Sri Lanka, faisant deux morts, a annoncé la police de Colombo. La déflagration est survenue dans un hôtel de Dehiwala, une banlieue du sud de Colombo, a déclaré Ruwan Gunasekera, porte-parole de la police. L’autre est survenue dans un lieu non précisé d’Orugodawatta, une banlieue du nord de Colombo, ont indiqué les autorités, qui ont décrété un couvre-feu.

Le gouvernement du Sri Lanka a décrété dimanche le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d’« informations incorrectes et fausses » liées à la vague d’attentats qui a frappé l’île, faisant au moins 207 morts. « Le gouvernement a décidé de bloquer toutes les plateformes de réseaux sociaux dans le but d’empêcher la propagation d’informations incorrectes et fausses. C’est seulement une mesure temporaire », a indiqué la présidence dans un communiqué. Un couvre-feu est entré en vigueur dimanche, et « jusqu’à nouvel ordre », au Sri Lanka, a annoncé la police. Le ministère de la Défense avait initialement annoncé que le couvre-feu entrerait en vigueur à 18 heures locales (12 h 30 GMT) pour une durée de douze heures.

Des « attaques lâches »

Le Premier ministre sri-lankais, Ranil Wickremesinghe, a fustigé dimanche des « attaques lâches » après la série d’explosions survenues dans la matinée dans le pays. « Je condamne fortement les attaques lâches sur notre peuple aujourd’hui. J’appelle tous les Sri-Lankais à rester unis et forts en ces temps tragiques », a-t-il écrit sur son compte Twitter officiel, ajoutant que le gouvernement prenait des « mesures immédiates pour contenir la situation ».

La nature exacte de ces déflagrations demeurait inconnue dans l’immédiat et aucune revendication n’a été faite. Mais le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait alerté ses services il y a 10 jours en indiquant qu’un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama’ath) projetait « des attentats-suicides contre des églises importantes et la Haute Commission indienne ». Le NTJ s’était fait connaître l’an passé avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhistes. Le bouddhisme est la religion majoritaire de l’île.

Les premières explosions qui ont été rapportées se sont produites à l’église Saint-Anthony, dans la capitale, et à l’église de Negombo. Des dizaines de blessés de l’explosion de Saint-Anthony ont été admis à l’hôpital national de Colombo.

« Des scènes horribles »

« Attentat contre notre église, s’il vous plaît, venez nous aider si des membres de votre famille s’y trouvent », peut-on lire dans un message en anglais posté sur le compte Facebook de l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya, à Negombo. Au moins une des victimes a péri dans le Cinnamon Grand Colombo Hotel, situé près de la résidence officielle du Premier ministre, a indiqué à l’Agence France-Presse un responsable de cet établissement, qui a précisé que l’explosion s’était produite dans un restaurant. Un responsable de l’hôpital de Batticaloa avait affirmé que 300 personnes avaient été blessées.

« Réunion d’urgence dans quelques minutes. Les opérations de secours sont en cours », a tweeté de son côté le ministre des Réformes économiques, Harsha de Silva. Il a fait état de « scènes horribles » à l’église Saint-Anthony et dans deux des hôtels visés où il s’est rendu. « J’ai vu des morceaux de corps éparpillés partout », a-t-il tweeté, ajoutant qu’il y avait « beaucoup de victimes, dont des étrangers ». « S’il vous plaît, restez calmes et à l’intérieur », a-t-il ajouté.

Environ 1,2 million de catholiques vivent au Sri Lanka, dont la population totale est de 21 millions d’habitants. Le pays compte environ 70 % de bouddhistes, 12 % d’hindouistes, 10 % de musulmans et 7 % de chrétiens. Les catholiques sont perçus comme une force unificatrice car on en trouve chez les Tamouls comme chez la majorité cinghalaise. Certains chrétiens sont cependant mal vus parce qu’ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l’armée sri-lankaise contre les Tamouls pendant la guerre civile qui s’est achevée en 2009. Selon les Nations unies, le conflit de 1972 à 2009 a fait 80 000 à 100 000 morts.

Deux décennies après Jean-Paul II, le pape François avait effectué une visite dans l’île en janvier 2015 au cours de laquelle il avait célébré une messe devant un million de participants rassemblés à Colombo. La police de la capitale, donnant le chiffre d’un million, avait estimé qu’il s’agissait de la foule la plus importante rassemblée lors d’une manifestation publique. Le Vatican avait parlé pour sa part de plus de 500 000 personnes. Dans son sermon, le pape avait insisté sur la liberté de croire sans contrainte dans un pays blessé par les tensions ethniques et interreligieuses. Avant l’élection de François en mars 2013, le cardinal sri-lankais Malcolm Ranjith avait été cité comme un candidat possible au pontificat.
Source: https://www.google.com/amp/s/amp.lepoint.fr/2308708