Accueil Editorial CEDEAO : les peuples attendent toujours les fruits de l’intégration!

CEDEAO : les peuples attendent toujours les fruits de l’intégration!

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A quand les retombées de l'intégration pour les peuples? (Ph. soninke.tv)

Les sommets de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se suivent et se ressemblent. Les présidences en exercice changent et les résolutions pompeusement énumérées à la fin de ces rencontres où se décident tout sauf les véritables améliorations des conditions de vie des peuples sont très vite rangées au placard. A la prochaine réunion, sous d’autres concepts, elles seront dépoussiérées et remises au goût du jour pour être servies encore à des dirigeants africains pour qui ces sommets sont juste des occasions pour se pavaner et défiler en costumes trois pièces bien taillés ou en boubous bien empesés comme des mannequins sur un T. Le 51è sommet de Monrovia qui a porté le Togolais Faure Gnassingbé à la tête de l’institution n’a pas dérogé à la règle. Une fois de plus, le ballet des avions présidentiels a animé le ciel libérien le temps d’un week-end et les populations ont une fois de plus été contraintes à des contorsions les plus inimaginables en matière de circulation, sécurité de ceux qui nous gouvernent oblige.

Si au moins les têtes couronnées de l’Afrique de l’ouest prenaient un peu plus ces tribunes au sérieux et savaient que des regroupements de ce genre naîtra le véritable développement économique des nations qui s’y retrouvent! La sous-région aurait connu une image autre que celle de pays constamment confrontés à l’éternelle crise énergétique qui bloque toute activité, qu’elle soit à l’échelle industrielle ou de micro exploitation. En effet, et depuis plus d’une décennie la plupart des pays africains vivent l’enfer des délestages d’électricité.  Vivre 24 heures pleines sans la moitié en coupure d’électricité relève simplement du miracle pour les Africains de l’ouest, certains s’étant résolus à ne plus compter sur leur société nationale d’électricité pour fonctionner.  Vu que le précieux jus est  indispensable aujourd’hui dans tous les secteurs d’activité, des opérateurs économiques, avec le coût souvent exorbitant que cela génère, se tournent vers l’énergie solaire pour certains, et pour d’autres, vers l’utilisation de groupes à base de carburant comme l’essence ou le gasoil. Pourtant, une volonté politique forte des dirigeants de la CEDEAO pourrait les amener à unir leurs efforts pour installer une ou des centrales électriques en mesure de desservir la sous-région. Mais une fois de plus, les considérations puériles et immuables de souveraineté prennent toujours le dessus, tout comme les habitudes honteuses mais persistantes de toujours tendre la sébile. Pourtant toutes ces nations sont indépendantes depuis plus de six décennies!

On ne saurait occulter la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace CEDEAO, qui malgré quelques avancées constitue encore un véritable casse-tête surtout aux frontières et certains corridors où les transporteurs subissent encore mille et une tracasseries!

A quand une véritable intégration des peuples? La question est évoquée à tous les sommets mais n’a jamais trouvé réponse. Pire, le socle d’intégration sur lesquels les peuples évoluaient déjà malgré les frontières artificielles héritées de la colonisation s’effrite et disparait au gré des intérêts égoïstes et très personnels de dirigeants africains qui ignorent toujours que l’union fait la force. Le sachant ou pas, ils font le jeu de leurs anciennes puissances colonisatrices qui continuent de les isoler pour mieux les piller et les maintenir dans la dépendance de l’indépendance. Ce ne sont pas les Accords de partenariat économiques (ACP) auxquels vont certains pays en solo qui diront le contraire. A moins que l’entrée du Maroc, qui n’est pas pour aujourd’hui vienne à changer la donne. Le Royaume chérifien, s’il parvient à transcender ses divergences historiques comme c’est le cas avec Israël dont le Premier ministre était l’invité du dernier sommet, pourrait bien impulser une autre dynamique à la CEDEAO. A moins qu’il ne veuille en faire un simple marché de consommation pour ses entreprises qui multiplient déjà leur implantation dans la sous-région ou des voix qui conforteront la position de leader dont il est en quête.

Par Wakat Séra