Accueil Communiqué de presse Conseil supérieur de la Communication (CSC) : l’OBM prend acte  mais s‘inquiète et propose

Conseil supérieur de la Communication (CSC) : l’OBM prend acte  mais s‘inquiète et propose

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« …aux journalistes, l’on a préféré un avocat, et pas n’importe qui : M. Marcel Tankoano, Conseiller spécial du Chef de l’Etat. Sans nier les compétences et les capacités du nouveau venu, l’on peut tout de même se demander : quel message voudrait-on lancer aux médias et à l’opinion ? », c’est entre autres, la position de l’Observatoire burkinabè des Médias (OBM) relativement à la constitution de la nouvelle équipe dirigeante du Conseil supérieur de la Communication (CSC).

L’Observatoire burkinabè des médias (OBM), prend acte des décisions de   l’Etat burkinabè. Mais, il exprime des inquiétudes, suite aux changements intervenus récemment dans la composition et la direction du Conseil supérieur de la communication (CSC). Du reste, la nouvelle équipe a prêté serment le 3 Aout dernier devant le Conseil Constitutionnel.

Force est de reconnaître au pouvoir d’Etat les prérogatives et privilèges  que lui confère la Constitution dans la gestion de nos institutions républicaines dont le CSC. Sauf que dans le Burkina post-insurrectionnel, les dirigeants ont toujours intérêt à s’abstenir de  toute opacité dans les prises de décision. Ce, d’autant que le citoyen lambda, est devenu très vigilant. Chacun aspire en effet, à participer pleinement à la construction de l’Etat de droit démocratique.

L’OBM constate que la désignation des nouveaux conseillers ne s’est pas faite sur la base d’une « large concertation ». Des diverses réactions parues dans les médias, des organisations professionnelles se sont  plaint notamment d’un manque de transparence, d’autres soutiennent le contraire. Les procédures n’ont pas été respectées comme en témoigne la déclaration conjointe de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) et du Syndicat autonome des travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC). Ils disent n’avoir pas été consultés.

Par ailleurs, les autorités gouvernementales ont choisi de tourner la page Nathalie Somé. Mais, en lieu et place de l’ex-présidente du CSC, l’OBM note qu’aux journalistes, l’on a préféré un avocat, et pas n’importe qui : M. Marcel Tankoano, Conseiller spécial du Chef de l’Etat. Sans nier les compétences et les capacités du nouveau venu, l’on peut tout de même se demander : quel message voudrait-on lancer aux médias et à l’opinion ?

Le règne des journalistes sur le CSC aura donc vécu. Au total, et depuis sa création en 1995, trois de nos confrères auront géré le CSC sur les quatre personnes ayant eu à présider l’instance officielle de régulation de la communication au Burkina. On aurait bien voulu que ça se poursuive ! Mais, à qui la faute ? Nul n’ignore que le CSC a toujours fait l’objet de convoitises de toutes sortes. Les prétendants se recrutent aussi bien dans les milieux des médias qu’ailleurs. Un peu plus de vigilance, de cohésion, de concertation, de solidarité dans la défense des acquis, aurait sans doute mis la corporation à l’abri de toute surprise. A chacun de savoir tirer des leçons de ce qui paraît à bien des égards un vrai échec.

Organe d’autorégulation, l’Observatoire burkinabè des médias (OBM), est le pendant professionnel du CSC. Il a été mis en place en 2012 par les organisations professionnelles des médias, le patronat de la presse et les mouvements des droits humains.  Il ne peut donc s’extraire d’un débat qui, au-delà de la désignation des nouveaux membres du CSC, a pour enjeux : la défense et la promotion de la liberté de la presse, le respect de l’éthique et la déontologie dans les médias.

Sans vouloir jeter la pierre à quiconque, l’OBM soutient que « les mêmes causes » produisant « les mêmes effets », des doutes persistent et il faut craindre pour l’avenir du CSC. En effet, la gestation et l’éclosion de la nouvelle équipe dirigeante nous font croire que les vieux démons du partisanisme et des intrigues politiques ne sont pas bien loin. A terme, ne vont-ils pas ruiner les efforts capitalisés jusque là, et que les nouveaux conseillers vont devoir préserver vaille que vaille ? Le malaise est réel et profond. D’où nos inquiétudes.

A l’instar des organisations professionnelles des médias, l’OBM s’inquiète. D’abord en raison du manque de transparence dans la désignation des nouveaux conseillers. Ensuite, l’organe d’autorégulation des médias s’inquiète pour la survie du patrimoine CSC. Les nouveaux conseillers, quoique compétents, vont devoir travailler dans un climat quelque peu délétère. A eux de faire preuve de perspicacité et de dépassement de soi pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Nous osons croire qu’ils s’efforceront en dépit de tout, de protéger les acquis et de faire triompher les principes qui nous sont si chers en matière de transparence, d’impartialité, d’équité, de protection de la vie privée, d’équilibre dans le traitement de l’information. Sans omettre la  présomption d’innocence, la gestion des interdits en publicité, notamment au plan de la santé et de la sécurité alimentaire, entre autres. Des défis énormes en somme !

Enfin, l’OBM s’inquiète pour la consolidation de notre expérience démocratique dont la liberté de presse demeure depuis fort longtemps un ferment et un des principaux atouts. L’OBM déplore que les autorités nationales, n’aient pas pris en considération ses remarques et ses recommandations s’agissant de la résolution de la crise survenue au CSC. En particulier, nos échanges avec des parlementaires membres de la Commission des Affaires institutionnelles, n’auront pas permis de faire modifier la composition des membres du CSC.

L’OBM croit toujours bon d’insister sur la « nécessaire dépolitisation » du CSC. Dans cette optique, il avait préconisé un recentrage des nouveaux textes fondateurs autour des idéaux et principes de la profession journalistique. En outre, l’Observatoire avait recommandé que les organisations professionnelles des média occupent une place beaucoup plus importante dans la composition du CSC. N’aurait-on pas raté là l’occasion de redorer le blason terni du CSC ?

En effet, la presse, de façon générale, constitue avec la justice les deux mamelles de la démocratie. Lorsqu’il y a disfonctionnement, pour cause de malformations congénitales ou de tumeurs mal identifiées et mal soignées, il y a inévitablement péril en la demeure. Ces deux organes sont des joyaux à gérer avec délicatesse. Un véritable couteau à double tranchant.

En tant qu’organe d’autorégulation, l’OBM salue la reprise des activités du CSC  après une longue période d’hibernation due à des crises multiformes. Sans conteste, en plus du lourd discrédit qui a frappé l’ensemble du secteur, cette hibernation a porté un coup sérieux aux activités du  monde des médias.

L’Observatoire exhorte la nouvelle équipe, à travailler de concert avec les milieux professionnels. Egalement, il l’encourage à  prendre en compte les idéaux défendus dans la sous-région au triple plan de la régulation, de l’autorégulation et de la Co-régulation.

Pour sa part, l’OBM souhaite que se renforce la collaboration qui a toujours lié les deux entités en matière de médiation, de défense et de promotion de l’éthique et de la déontologie dans les médias, autant que de la liberté de presse de façon générale. Ensemble, nous pourrons travailler à rebâtir le CSC, et à  renforcer sa crédibilité.

De notre point de vue, la loi sur le CSC ne faisant pas l’unanimité au niveau des organisations professionnelles des médias, il conviendrait de se retrouver et d’en discuter. Le cas échéant, l’on pourrait saisir les instances juridiques compétentes pour trancher de la question.

Pour l’heure, l’OBM propose aux autorités nationales de bien vouloir convoquer sans délais un comité ad hoc représentatif. Il sera chargé de procéder à un toilettage consensuel des textes portant loi organique de l’instance officielle de régulation.

En attendant, l’Observatoire voudrait rappeler à l’ensemble de la classe politique de notre pays, l’importance et la responsabilité qui incombent au CSC dans la gestion de la communication politique. Majorité présidentielle comme Opposition, chaque entité doit s’efforcer de respecter l’indépendance qui caractérise nos institutions républicaines dont le CSC. La paix, la liberté et la démocratie en dépendent.

Enfin, l’OBM voudrait soumettre pour réflexion la grille suivante en vue de la désignation des prochains conseillers :

  • Présidence du Faso : 3
  • Assemblée nationale : 2 (Majorité présidentielle et Opposition)
  • Conseil constitutionnel : 1

Représentants des médias et autres : 17

  1. Organisation siégeant en permanence : 14
  • AJB (1)
  • APAC (1)
  • ARCI (1)
  • OBM (1)
  • SEP (1)
  • SYNATIC (1)
  • UNALFA (1)
  • UBESTV (TV privées) (1)
  • Médias en ligne (1)
  • ARTEL (1)
  • Publicitaires et Agences de conseil en communication (1)
  • AJSB/Journalistes Culturels/Santé/

Environnement (1)

  • Formation et Recherche (1)
  • Organisations de défense des droits humains (1)
  1. Organisations devant participer de manière tournante : 3

Il s’agit entre autres des diverses associations de journalistes, des syndicats, et de la ligue des consommateurs, etc.

NB :

Il y a au total vingt trois (23) membres dont six (6) sont désignés par les officiels. Chez les professionnels permanents, le siège sera occupé à tour de rôle par les organisations qui sont en surnombre (Ex : Publicitaires, AJSB etc.)

Dans chaque cas, les listes devront être établies sur la base de critères à déterminer.

Les modes de désignation devront se faire sur des bases consensuelles.

L’Observatoire burkinabè des médias (OBM), a établi cette liste pour la réflexion, et sans aucune intention de nuire. Il souhaite donc qu’elle retienne l’attention de tous et toutes, et surtout qu’elle soit amendée.

Ouagadougou, le 7 Août 2018

Pour l’OBM

Le Président

Ahmed Mamadou Koné 

Journaliste spécialisé en santé publique

Conseiller de Presse à la retraite

Chevalier de l’Ordre National