Accueil A la une Coronavirus en Côte d’Ivoire: les Ivoiriens s’interrogent, les politiciens en profitent

Coronavirus en Côte d’Ivoire: les Ivoiriens s’interrogent, les politiciens en profitent

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La Première dame, Dominique Ouattara, remet des dons pour les démunis pendant la crise du Covid-19

Du premier cas confirmé le 11 mars 2020, la Côte d’Ivoire compte 384 malades contaminés au Coronavirus, 48 guéris et 3 décès à la date du 8 avril 2020. La capitale ivoirienne, Abidjan, se taille la part du lion avec plus de cas dans les districts sanitaires de Cocody-Bingerville et de Treichville-Marcory, selon les bulletins quotidiens du ministère de la Santé et de l’hygiène publique.

Les villes de l’intérieur aussi

Les villes de l’intérieur ne sont pas épargnées par la pandémie qui se répand comme une traînée de poudre à la grande stupéfaction des Ivoiriens qui ne savent plus à quel saint se vouer. Malgré le couvre-feu, la fermeture du «Grand» Abidjan aux autres régions du pays, la fermeture des écoles et des lieux de culte ainsi que des frontières, la limitation du nombre des passagers dans les véhicules, le nombre de malades ne fait qu’augmenter tous les jours. La montée vertigineuse du nombre de malades soulève bien des interrogations chez les Ivoiriens qui pointent un doigt accusateur sur les tergiversations du gouvernement à gérer la crise sanitaire.

Colère noire

Le 17 mars 2020, des passagers en provenance de France et de Chine devraient être confinés dans les préfabriqués de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) comme l’a décidé le Conseil national de sécurité (CNS) présidé par le président Alassane Ouattara. Mais contre toute attente, des passagers du vol Air France sont rentrés tranquillement chez eux, sans passer par le centre de confinement. Parmi ces privilégiés, des célébrités et des parents des pontes du pouvoir sont passés à travers les mailles du filet en toute tranquillité. Colère noire chez les autres qui crient à la discrimination, surtout que l’INJS ne dispose d’aucun système d’accueil susceptible de prendre en charge les confinés. «En arrivant, nous n’avons pas été testés. Ici à l’INJS, il n’y avait pas de médecin pour nous prendre en charge. Il n’y a même pas de gel hydro-alcoolique», se plaint une passagère. Devant l’indignation soulevée par cet acte sur les réseaux, le ministre de la Santé, Aka Aouélé, avoue son impuissance devant les caméras du monde. «Le confinement sera fait chez eux en espérant que l’esprit de discipline et le patriotisme l’emporteront», a annoncé le ministre qui affirme que les confinés seront suivis médicalement. C’est comme s’il demandait à un condamné à perpétuité à purger sa peine chez lui à la maison. A cette bourde, il faut ajouter l’organisation du Marché des arts et spectacles d’Abidjan (MASA) du 7 au 14 mars 2020 qui a drainé vers la capitale ivoirienne, des acheteurs venus d’Europe, continent en proie au Covid-19 avec ses nombreux contaminés et ses milliers de morts.

Des dons très politisés

Depuis l’éclatement de la crise sanitaire, on assiste à des dons très «politisés» avec l’apparition sur la scène des «chercheurs de nom» qui envahissent les médias les mains chargées de sacs de riz, de pâtes alimentaires, pour disent-ils, les offrir aux populations confinées. Il ne se passe de jour sans que les médias ne présentent des dons du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, le candidat à la succession du président Alassane Ouattara, de tel ou tel ministre, de tel autre directeur général, tous battant pavillon Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir. Comme quoi, même en situation de détresse, les politiciens trouvent toujours le moyen de se positionner lors des élections prévues en fin d’année.

Par Wakat Séra