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Côte d’Ivoire: Guillaume Soro va-t-il claquer la porte du parti présidentiel?

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photo d'archives

Le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, s’apprête à rompre les amarres avec le Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel.

On n’a pas besoin d’être géomancien pour découvrir que c’est la lune de fiel en ce moment entre le Président de l’Assemblée nationale (PAN), Guillaume Soro, et le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Les élections municipales et régionales du 13 octobre 2018 ont demontré aux yeux de tous que «Bogota», nom de guerre de l’ancien leader de la Fédération estudiantine scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), pourrait, bientôt, couper le cordon ombical qui le lie au Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel dont il est l’un des vice-présidents. Plus d’une quarantaine de candidats aux municipales, partis sous la bannière d’indépendants, sont des proches de Guillaume Soro. Parmi ces «soroistes», figurent en bonne place l’ancien ministre des Sports, Alain Lobognon candidat aux municipales à Fresco (sud); l’ancien patron de la Loterie nationale de Côte d’Ivoire (LONACI), candidat aux régionales dans le Worodougou (Nord-ouest); Meité Sindou, ex-patron de «Nord-Sud Quotidien» candidat aux municipales à Abengourou (Est); Tehfour Koné, challenger du ministre Hamed Bakayoko à Abobo (Commune d’Abidjan). Excepté quelques candidats tels que Kaweli Ouattara à Ferkessédougou (Nord, ville natale de Guillaume Soro) et Alpha Yaya Touré à Gbon (Nord), tous les prétendants  se réclamant de «Thiéni Gbanani», autre surnom de Guillaume Soro, ou l’enfant prodige en Malinké, ont mordu la poussière face au rouleau compresseur du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Comme on le dit communément à Abidjan, Guillaume Soro s’est pesé et connait son poids politique. Cette participation des hommes du PAN à ces élections locales est la suite d’une demarche qui doit aboutir à la création d’un parti par le député de Ferké. De sources concordantes, le Rassemblement des amis de la Côte d’Ivoire (RACI) dirigé par Kanigui Soro, devrait devenir un parti politique en novembre prochain. Dans le camp du président Alassane Ouattara, arrivé au pouvoir grâce aux effets de la rébellion dirigée en son temps par Guillaume Soro, on est quelque peu agacé par le jeu clair-obscur de Guillaume Soro qui joue les opposants dans la maison. Cissé Ibrahim Bacongo, un des cadres influents de la rue Lépic, siège du RDR, dans une intervention sur les reseaux de la Web TV créée par le RHDP, a clairement invité Guillaume Kigbafori Soro (GKS) à se déterminer. L’information a circulé un moment selon laquelle le RDR aurait décidé d’entendre le «rebelle» sur ses intentions réelles.  Mais jusque-là, le chef du Parlement garde un silence assourdissant, se contentant parfois d’envoyer des piques à ses frères ennemis du RDR à travers des tweets. La participation de l’ancienne ministre de la Communication, Affoussiata Bamba-Lamine, «soroïste» convaincue, au 6è congrès extraordinaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dans le fief de Henri Konan Bédié à Daoukro (Centre-est), rencontre tenue le 15 octobre 2018, est, plus ou moins, venue clarifier le positionnement de Guillaume Soro sur la scène politique ivoirienne. A moins de cacher un jeu politique bien monté, Guillaume Soro pourrait faire partie de la coalition des TSO (Tout sauf Ouattara)  qui se dessine autour de Henri Konan Bédié.  En tout cas, les jours à venir seront déterminants pour l’avenir politique de GKS.

Mahamadou Doumbia (Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire)