Accueil A la une Covid-19 au Burkina: attention au rebond du virus!

Covid-19 au Burkina: attention au rebond du virus!

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Rood-Woko, le marché central de Ouagadougou

Le Covid-19 est loin de faire les ravages dont certains le croyaient capable sur l’Afrique. Comme une tempête dont la puissance décroit au fur et à mesure de son évolution, le virus a visiblement été dépouillé de sa force dévastatrice lorsqu’il a pris contact avec le continent, notamment dans sa partie subsaharienne. Le nombre de cas positifs relevé dans certains pays est presque dérisoire en comparaison avec les chiffres astronomiques en Chine en son temps, en Espagne, en France, en Angleterre et surtout aux Etats-Unis pour ne citer que ces «puissances» de la planète. Mieux, même si un mort est toujours un mort de trop, pour une fois, l’Afrique peut s’enorgueillir, après son titre de «berceau de l’humanité», que certains lui contestent, de ne pas être ce cimetière à ciel ouvert que sont les autres contrées, notamment les Etats-Unis. Pourtant, le système de santé en Afrique s’il ne laisse pas à désirer est loin de se mesurer avec celui bien affiné des occidentaux, et les hôpitaux en Afrique traînent d’ailleurs la triste renommée de mouroirs. Donc si le Covid-19 a fait moins de zèle sur le continent, c’est bien pour d’autres raisons liées, selon des experts, au climat très chaud, à la jeunesse de la population, et peut-être aussi à l’accent qui a été mis, relativement tôt, sur la riposte par la prévention.

Mais, ce n’est point le moment pour l’Afrique de crier victoire, ni de dormir sur ses lauriers, encore moins de vendre la couronne du virus avant de l’avoir tué. Comme d’autres pays africains, le Burkina qui malgré ses 773 cas comptabilisés au 12 mai, depuis les premiers malades officiellement déclarés le 9 mars 2020, pour un total de 592 guérisons et malheureusement 51 décès, tirait plus ou moins bien son épingle du jeu, jusqu’à ce que des inquiétudes ne commencent à poindre avec le relâchement observé ces derniers temps au niveau des populations dans le respect des mesures barrières. Après l’ouverture en cascade des marchés et lieux de cultes et la reprise des transports voyageurs, toutes choses qui ont permis d’empêcher l’asphyxie économique des populations qui ont toujours vécu au jour le jour de leurs activités, on s’attendait à un comportement responsable de la part de chacun et de tous. Mais c’est pratiquement le contraire! Dans des lieux publics dont des marchés et lieux de culte, le port de masque qui a pourtant été rendu obligatoire par le gouvernement depuis le 27 avril est le dernier des soucis pour des gens qui évoluent dans une promiscuité à rendre jalouses des sardines en boîte. Le dispositif de lavage des mains est devenu juste un ornement dans certains endroits, et ailleurs, il n’existe pas, simplement parce qu’il n’y a pas…d’eau. La liste des manquements n’est pas exhaustive mais pourrait avoir des conséquences dramatiques. Un drame peut-être à la taille de la grippe espagnole de 1918 qui a duré deux ans, avec trois vagues de contamination de 500 millions de personnes infectées et plus de 50 millions de décès. La majorité des décès ayant eu lieu lors du rebond de la pandémie. L’histoire raconte que la population qui supportait tellement mal la quarantaine et les mesures de distanciation sociale, s’est précipitée dans les rues, lors du déconfinement, au mépris de toutes les restrictions.

L’histoire, qui dit-on se répète toujours, va-t-elle se répéter au Burkina et ailleurs en Afrique où les mesures de restrictions ont été levées dans la précipitation par les autorités, sous la forte pression des populations? Justement, l’autorité n’a-t-elle pas manqué…d’autorité, alors que les populations qui étouffaient sous le poids des mesures drastiques, prises souvent sans…mesure, n’ont pas pu raison garder? L’heure n’étant pas à l’accusation, encore moins à la stigmatisation mais plutôt à la responsabilisation, il faut simplement sensibiliser, et le cas échéant donner force à la loi pour le respect total des gestes barrières. Il vaut mieux prévenir que guérir, surtout quand on ne dispose pas de quoi…guérir!

Par Wakat Séra