Accueil A la une Crise au CDP: la cause est «économique et générationnelle» (observateurs indépendants)

Crise au CDP: la cause est «économique et générationnelle» (observateurs indépendants)

0
Les responsables du groupe d'observateurs indépendants de la scène politique burkinabè

La cause de la «grave» crise que traverse le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti de l’ex-président Blaise Compaoré ayant régné pendant 27 ans au pouvoir, est non seulement « générationnelle », mais aussi et surtout « économique », à en croire un groupe d’observateurs indépendants de la scène politique burkinabè. Face à la presse ce samedi  29 juin 2019 à Ouagadougou, ils ont lancé un appel au camp du président de l’ex-parti majoritaire Eddie Komboïgo et celui de l’ex-Premier ministre (6 février 1996 au 7 novembre 2000) Kadré Désiré Ouédraogo à « la sagesse et à l’unité ».

Né il y a à peine deux mois, le Groupe d’observateurs indépendants de la scène politique au Burkina Faso, craignant que la crise vécue au sein du CDP n’en rajoute au vivre-ensemble et la cohésion sociale mis en mal par les terroristes qui opposent les communautés, a déjà pris son bâton de pèlerin en vue de réconcilier les deux protagonistes de l’ex-méga parti qui a dirigé le pays pendant trois décennies.

« Notre approche est volontariste et libre de suspicion pour un quelconque soutien à un camp », a clarifié au départ le premier responsable du groupe, Idrissa Coulibaly, notant que son organisation a rencontré sans chercher à connaître qui a raison ou qui a tort, le camp de Eddie Komboïgo (EKO) et celui de Kadré Désiré Ouédraogo (KDO).

Nous sommes une structure de promotion de valeurs sociales qui veut apporter sa contribution dans la médiation sociale et la veille citoyenne, a insisté M. Coulibaly qui pense que l’heure pour les protagonistes n’est pas à la démagogie mais à la vérité. « Je pense que ce grand parti est indigne de cette situation qu’il n’arrive pas à gérer. Nous restituons ce qu’on a entendu des deux parties. Ni EKO ni KDO ne nous ont reçu mais ils ont envoyé leurs lieutenants venir nous livrer leur part de vérité sur cette situation », a-t-il poursuivi.

Pour ces observateurs politiques indépendants qui disent ne militer dans aucun parti, ce que vit le CDP n’est que des « mesquineries de personnes qui risquent d’amener des troubles à l’ordre public ». Mais, des propos de ces analystes, tout le problème résiderait dans le fait que la vielle génération du CDP ne veut pas passer la main à la jeune génération taxée de militant de la vingt et cinquième heure.

C’est pourquoi, ils ont, à l’endroit de « tous les démocrates », rappelé que la transition générationnelle est un « souhait sinon une fatalité dans tous les partis politiques ou organisations structurées ». « Autant les doyens ont la hantise de la retraite, la jeunesse aussi a la hantise de la responsabilisation et le souci du résultat », ont-ils laissé entendre.

En plus de cette raison, la bagarre de tranchée vécue au sein du parti de Blaise Compaoré tient lieu également d’un problème économique, à savoir qui du camp de EKO ou de KDO va gérer la manne financière que l’Etat affectera au parti au titre des élections de 2020. Une autre des causes et pas des moindres serait que le camp KDO, sachant que M. Komboïgo a été élu brillamment à la tête du CDP, ont du mal à contrôler ce dernier. Ayant une légitimité et une autonomie financière, le camp EKO remporterait les batailles à tous les niveaux d’où l’appel à la démission qu’ils ont lancé contre lui.

« On ne peut pas contrôler Eddie Komboïgo. Même dans le camp KDO, ses lieutenants disent que sincèrement Eddie a raison mais ils sont avec KDO qui est leur ancien mentor et celui-là qui non seulement est le candidat naturel du parti et celui qui est à même de faire revenir tous les exilés de 2014 », a soutenu Idrissa Coulibaly.

Les observateurs indépendants ont invité les parties qui ne se sont pas comprises « d’épargner le CDP de l’humiliation et d’une mort subite ». Ils ont aussi interpellé les doyens du CDP à plus de sagesse et de responsabilité et à s’inscrire dans une dynamique de dialogue, de paix et de victoire pour le parti.

Le groupe dit espérer que leur sortie acculera les protagonistes du CDP à réagir dans le but de parvenir à un dénouement heureux de cette situation. Quant au logo du CDP affiché sur leur banderole, Idrissa Coulibaly a expliqué que cela répond à un souci d’expression en vue de contextualiser et mieux situer leur sortire qui ne concerne cette fois-ci que l’ex-parti au pouvoir.

Par Bernard BOUGOUM