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De la Côte d’Ivoire à la Guinée: le feu couve sous le troisième mandat

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Manifestation en Côte d'Ivoire contre le troisième mandat

Après les échauffements pré-électoraux qui ont fait plusieurs morts, depuis la contestation de la candidature de Alpha Condé pour un troisième mandat anti-démocratique, voici la Guinée confrontée à l’éternelle crise postélectorale qui la caractérise depuis 2010. Les bourrages d’urnes, les votes dans les bureaux fictifs, le vote de mineurs, la chasse aux représentants de partis politiques dans certains bureaux, des violences et autres méthodes utilisées pour empêcher les électeurs de l’adversaire d’accomplir leur devoir citoyen, etc., ont été dénoncés par les candidats de l’opposition, après l’élection présidentielle de ce dimanche 18 octobre. Dans certains cas, ce sont des cadres du parti au pouvoir qui ont accusé ceux de l’opposition d’avoir usé de la méthode forte contre leurs militants. Comme quoi, le calme apparent qui a prévalu, lors de l’élection présidentielle, était celui qui précédait la tempête.

En Côte d’Ivoire, les démons de la violence n’ont pas attendu le 31 octobre prochain, jour de vote, pour mettre le pays en transe. Voitures de particuliers et bus en flammes, résidence de l’opposant Pascal Affi N’Guessan incendiée, pneus et objets divers brûlés sur le bitume, barricades sur les routes, et au moins un mort, qui s’ajoute au bilan macabre déjà décrié, etc. C’est l’image apocalyptique présentée, ces jours-ci, par la Côte d’Ivoire, dans la phase de l’action menée par l’opposition contre le «non» ferme à la candidature du président Alassane Dramane Ouattara pour un troisième mandat. Si le calme est revenu dans certaines localités et dans des quartiers de la capitale économique, Abidjan, ce ne serait que de la cendre qui couve le feu.

Certes, en Guinée, Cellou Dalein Diallo qui a annoncé sa victoire avant la proclamation des résultats par la Commission nationale électorale indépendante (Céni), pourrait être allé trop vite en besogne. Mais avait-il seulement le choix de ne pas craindre, une fois de plus, de se faire voler la victoire, lui qui dit avoir été victime de ce hold-up, par le camp de Alpha Condé, en 2010 et 2015? Chat échaudé craint l’eau froide, dit l’adage. Et face aux fraudes massives que l’opposition a déjà dénoncées, mieux vaut pour lui, de lancer l’alerte, sans oublier que les décomptes opérés par des structures indépendantes, font pencher la balance pour le champion de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). De plus, quand on sait qu’en Afrique, la plupart des institutions, notamment celles électorales, sont à la solde du pouvoir, attendre naïvement des chiffres qui sont tout, sauf ceux réellement sortis du ventre des urnes, n’est rien d’autre que se faire harakiri.

De toute façon, que ce soit à Abidjan ou à Conakry, la stabilité socio-politique est mise à rude épreuve par la faute des deux dirigeants, Alpha Condé, 82 ans et Alassane Dramane Ouattara, 78 ans, qui s’accrochent au pouvoir, s’ouvrant une présidence à vie, dans des Etats de droit, où l’alternance doit être reine. Ils sont la preuve que l’opposant africain démocratique est un futur président prédateur de la démocratie. Pourtant, les deux, comme pour mieux gruger leur monde, avaient annoncé, à cors et à cris, que le troisième mandat, n’allait jamais passer par eux. Mais ça c’était avant! Aujourd’hui, ils sont prêts à marcher sur des cadavres pour garder leurs fauteuils.

En tout cas, ça bouillonne, sur les bords de la lagune Ebrié tout comme le mercure monte dangereusement sur les sommets du Fouta Djalon, deux hommes, ayant succombé aux vertiges du trône, le voulant. Il n’est jamais tard pour bien faire, et dans l’intérêt national, il est toujours temps pour, Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé, de reculer dignement et de partir sur les acquis indéniables de leurs deux quinquennats. Au lieu de ramener le troisième mandat au goût du jour, tout en condamnant les coups d’Etat et les insurrections populaires. Comme si, lorsque les urnes sont confisquées, il y a d’autres moyens de parvenir au changement.

Par Wakat Séra