Accueil A la une Décès de Amadou Soumahoro: ADO perd un 3e gros éléphant!

Décès de Amadou Soumahoro: ADO perd un 3e gros éléphant!

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Le défunt président de l'Assemblée nationale de la Côte d'Ivoire, Amadou Soumahoro

Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire n’est plus. Amadou Soumahoro, 68 ans a définitivement tombé l’écharpe ce samedi 7 mai, un peu comme un vilain tour du destin, à la veille du 50e anniversaire de naissance de son prédécesseur, Guillaume Kigbafori Soro, qui d’ancien allié est devenu le poil à gratter de Alassane Ouattara, ce qui l’a contraint à l’exil. Alors qu’il s’installait au perchoir en 2019, celui dont le décès constitue une grosse perte pour le chef de l’Etat ivoirien qui a rendu hommage à «(…) un grand homme d’Etat dont l’engagement et le parcours politique ont marqué notre pays» était déjà «animal politique» comme l’a qualifié notre confrère Venance Konan. Mais plus que le deuil de la seule personne de Alassane Ouattara, c’est toute la Côte d’Ivoire qui, selon le locataire du palais de Cocody, «perd un valeureux fils, un homme de conviction et de devoir».

S’il faut donc dire «yako», c‘est-à-dire présenter ses condoléances, à tout un pays qui vient de perdre un troisième gros éléphant de sa mare politique en deux ans, il faut surtout pleurer avec Alassane Ouattara les disparitions successives de deux de ses «fils», notamment Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020 et Hamed Bakayoko dit «HamBak» en mars 2021, et maintenant de son «jeune frère» et «un fidèle compagnon, un ami loyal et dévoué». Comme quoi, le sort semble s’acharner sur ADO en faisant tourner à la Côte d’Ivoire, plusieurs épisodes d’une série noire d’illustres disparus.

Pourquoi donc la mort rôde autant autour d’une Côte d’Ivoire qui peine pourtant à opérer une véritable mue de sa classe politique dominée par des dinosaures inoxydables qui ont pris le sommet politique, pour ne pas dire l’ensemble de la vie politique ivoirienne en otage depuis des décennies? Certes, la mort n’épargne personne, mais n’est-ce pas également cette succession d’erreurs de casting dans les occupations des grands postes éreintants de nature, qui explique cette razzia de la Grande Faucheuse dans les rangs des fidèles, «fils», «compagnons» et «amis» de ADO? En effet, comme les personnages du journaliste Pierre Accoce et du médecin Pierre Rentchnick, auteurs de l’œuvre à succès ces «Ces malades qui nous gouvernent», la plupart de ces hommes que le «PRADO*» nomment à ces postes où il faut mouiller le maillot, dans tous les sens du terme, ont le plus souvent une santé fragile. Il en était ainsi du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly qui a pris la primature alors que son organisme fonctionnait avec une greffe du cœur qui le contraignait à de fréquents séjours en France pour un suivi sanitaire. Il en est ainsi de Amadou Soumahoro qui ne pouvait pas non plus se targuer de jouir d’une santé de fer, alors qu’il héritait, en 2019, du «tabouret» du désormais paria de la république, Guillaume Soro. Du reste, Feu Amadou Soumahoro était aussi abonné à des absences régulières de son pays pour raison de maladie, un mal qui a fini par l’emporter.

Qui pour s’asseoir dans ce fauteuil stratégique s’il en est encore, de président de l’Assemblée nationale? Peut-être Adama Bictogo, un autre fidèle des fidèles de Alassane Ouattara qui étrenne actuellement un des titres de vice-président de l’Assemblée nationale ivoirienne et assumait l’intérim du défunt, lorsque celui-ci était malade? C’est lui, le patron de Snedai, qui était d’ailleurs au four et au moulin, lors des préparatifs du dernier congrès des parlementaires, tenu le 9 avril dernier à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro où le président ivoirien, était face aux députés et sénateurs pour son message sur l’état de la nation. Mais nombre de ses compatriotes trouvent l’homme, spécialiste des petites piques, trop clivant. Certains lui prêtent également, à tort ou à raison, des casseroles bien encombrantes. De plus, il faut compter avec les petites surprises du chef, qui sait prendre à contre-pied, les pronostiqueurs indécrottables des nominations et désignations des chefs d’institution et autres ministres.

Avant tout, la Côte d’Ivoire, presque toujours en effervescence politique, fera d’abord le deuil de son Président de l’Assemblée nationale qui a été affublé du surnom prémonitoire de «Cimetière» à cause d’une de ses déclarations aussi célèbre que funeste.

Par Wakat Séra

*acronyme de Président ADO