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Didier Acouetey (AfricSearch) au Forum de Bamako: «La jeunesse africaine a besoin d’icônes et de champions»

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Pour mettre à l’honneur des Africains, dont les exploits ou innovations participent à l’avancée du Continent, la Fondation Forum de Bamako a décerné des Prix. En voici les lauréats qui ont tous des parcours d’excellence. « C’est l’Afrique qui change », souligne Didier Acouetey, le patron d’AfricSearch, maître de cérémonie de cette remise de Prix.
L’Afrique regorge de jeunes talents qui veulent changer le visage du Continent et le Forum de Bamako, organisé par Abdoullah Coulibaly depuis plus de vingt ans, en a pris conscience depuis longtemps. D’où la remise de prix pour faire découvrir à toute l’Afrique quelques-uns de ces acteurs qui seront les personnalités de demain.
Et qui mieux qu’un réputé « chasseur de têtes » pour les dénicher ? Ce fut le rôle dévolu à Didier Acouetey en amont de la XXIe édition du Forum de Bamako, dont cette remise de Prix devait constituer l’une des grandes nouveautés.
Président-fondateur d’AfricSearch, premier cabinet de recrutement africain destiné au Continent et à sa diaspora, Didier Acouetey a parfaitement accompli la mission qui lui était dévolue de président du Comité de sélection. Et dès la séance inaugurale du Forum, il va jouer le Maître de cérémonie pour mettre en lumière et à l’honneur les premiers Prix décernés cette année à plusieurs jeunes talents…
« L’objectif de ces Prix est de célébrer des Africains qui réalisent des exploits, des innovations, des actions qui permettent de transformer l’Afrique. On ne peut pas désespérer d’une Afrique aussi jeune, courageuse et innovante. Il y a une jeunesse extraordinaire, qui a besoin d’icônes et de champions, les voici », souligne Didier Acouetey. Avant de poursuivre : « Il y a ici des gens qui créent de la richesse, apportent des solutions africaines. L’Afrique a besoin d’eux, mais ils n’ont pas besoin, en revanche, de ressembler à ce que l’on fait déjà à Hollywood, Londres ou Paris… L’Afrique doit rester elle-même. »
« Que tous ces lauréats, au profil si différents et complémentaires, deviennent les ambassadeurs non seulement du Forum de Bamako, mais d’une nouvelle Afrique , ajoute-t-il encore. On va ainsi créer une « communauté » pour contribuer – grâce à ce réseau – à la transformation de l’Afrique ».

Trois Prix Sciences, Technologie et Innovation

La couleur et les règles du jeu étant clairement annoncées, place à la cérémonie ! Avec, par ordre d’entrée en scène, les trois premiers lauréats, récipiendaires du Prix Sciences, Technologie et Innovation, puis tous les autres :

1 – Serge Armel Njidjou (Cameroun),
inventeur des « couveuses digitales »

Directeur général d’AUI Techno, Serge Njidjou, qui se définit lui-même comme « un courtier d’innovations », a inventé le concept des couveuses digitales, et cela a fait rapidement du buzz. « Ce qui me vaut ce Prix, observe-t-il, c’est assurément d’avoir pris le risque de laisser ma zone de confort universitaire pour me décider à transformer des prototypes en produits sur le marché.
J’ai aujourd’hui au moins vingt dossiers d’innovation différents qui, pour moi, ont vocation à devenir des produits du marché, dont quatre ont déjà la maturité technique et commerciale, et bien d’autres sont dans le pipeline ». À la tête de l’ Agence Universitaire pour l’Innovation, il a déjà remporté plusieurs prix comme le Prix Orange Afrique / Moyen-Orient de l’Innovation, à CapTown.
« Il faut vendre plus de solutions que d’équipements », observe-t-il, en se disant « très fier que de plus en plus d’Africains comprennent le concept et viennent spontanément nous voir » pour tenter de développer leurs produits en les mettant sur le marché. Et de conclure : « En « Made in Africa », tout est possible ! »
Site : www.aui-techno.com

2 – Mountaga Keita (Guinée) :
des bornes adaptées aux usagers

© Hady Photo
« J’ai quitté l’Afrique très tôt à l’âge de 13 ans pour l’Europe et les États-Unis, et j’y suis revenu 23 ans plus tard. À mon retour à Conakry en 2013, j’ai découvert – conformément à la théorie d’Einstein – que tout est relatif », déclare-t-il d’emblée en faisant ce constat : « Je me suis rapidement rendu compte d’une chose : tout le matériel qui vient en Afrique n’est pas fait pour l’Afrique, mais pour des pays occidentaux ou asiatiques, ce n’est pas adapté à l’Afrique ».
Il va donc créer Tulip Industry, une société spécialisée dans la High Tech, qui va confectionner des bornes Tenor ou Ordinateurs debout accessibles à tous. « Toutes les applications logicielles sont faites pour des lettrés alors que, chez nous, hors de la capitale, 70 % de la population est illettrée », explique-t-il. Sa société va donc concevoir et mettre en place des « bornes interactives » dans le hall de l’Université, puis des bornes agricoles pour le milieu rural avec une vidéo en langue locale vous expliquant par exemple comment cultiver le maïs et l’exporter.
Il en va de même dans le domaine de la Santé où il a imaginé tout un système de télémédecine préventive, y compris une tablette pour détecter les facteurs de coronavirus… « Je suis innovateur et bricoleur », conclut-il, en reprenant le fameux slogan de Barack Obama : « Yes, we can ! ». Avant d’ajouter : « Libérez-vous de vos peurs » car « nous sommes là pour résoudre les problèmes africains ».
Site : www.tulipindustry.com

3 – Sandrine Ngaloula Mubenga (RD Congo) :
le génie des batteries rechargeables

N’ayant pu venir à Bamako, c’est Alain Foka de RFI qui lui remettra le Prix quelques jours plus tard lors d’un reportage à Kinshasa. Fondatrice et directrice de SMIN Power Group, cette scientifique de la RD Congo développe beaucoup de solutions solaires grâce à des batteries rechargeables. Professeur en génie électrique, spécialisée en énergie renouvelable et système photovoltaïque, elle enseigne également à l’Université de Toledo, dans l’Ohio, aux États-Unis.
Site : www.sminpowergroup.com

Jonas Aklesso Daou (Togo) :
Prix de l’entrepreneur africain de l’année

PDG de Sodigaz, Jonas Aklesso Daou dirige un groupe actif essentiellement dans trois secteurs : l’énergie, l’industrie et les services. Fondée il y a quatorze ans au Togo, cette petite PME est devenue l’un des acteurs majeurs de ces secteurs clés et s’est développée également au Bénin et au Burkina Faso, avec au total plus de 500 employés.
« Nous sommes n°1 du trading du gaz avec un terminal au Togo, tournée vers l’export, explique-t-il, et nous sommes également présents dans l’industrie de la métallurgie (emballages), dans la distribution automobile, le conseil et les services à valeur ajoutée dans le secteur du digital ».
Sa réussite est telle que Jonas Aklesso Daou a été élu en septembre dernier Président de l’Association des Grandes entreprises du Togo. Une véritable consécration qui lui donne encore plus d’assise. À Bamako, il vient de se voir décerner le Prix de l’entrepreneur africain qui crée de l’impact.
Ingénieur devenu homme d’affaires, il lance un message à tous les jeunes Africains : « Vous qui rêvez d’entreprendre, faites-le ! ».
Sites : www.sodigaz.tg et www.aget-togo.org

Nigest Haile (Éthiopie): Prix du leadership féminin

© Hady Photo
Fondatrice et Directrice exécutive de CAWEE (Center for Accelerated Women’s Economic Empowerment), Mme Nigest Haile s’occupe de la promotion et de projets pour l’autonomisation des femmes qu’elle accompagne dans leurs parcours professionnel comme à l’export. Elle a ainsi créé en Ethiopie la première banque pour les femmes, dénommée « Mother bank », la banque des mères, qui occupe à ce jour la seizième place sur les 18 banques du pays. Son originalité est d’offrir des financements aux femmes sans garantie, ce qui est unique… et mérite bien une distinction !
C’est au regard de leur business Plan qu’elles accordent ainsi des crédits et, jusqu’à présent, les femmes ont toutes sans exception remboursé à terme leurs crédits. Grâce à ce fonds risque. Les actionnaires de cette banque prélèvent chaque année 5 % de leurs dividendes qu’elle mettent dans un Fonds risque.
Anglophone, la lauréate espère ainsi « que les femmes soient les leaders et les championnes de la ZLECA (Zone de libre échange continentale africaine) entrée en vigueur en janvier ». Et son organisation représentera les femmes au sein du Pavillon Afrique lors de la Grande foire commerciale de Dubaï, prévue en octobre prochain.
Site : www.cawee-ethiopia.com

Hafsat Abiola (Nigeria) : Prix des Droits de l’Homme,
des Libertés publiques et de l’Éducation

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Grande militante pour la démocratie au Nigeria, devenue présidente de « Women in Africa » en 2019, Hafsat Abiola nous a accordé à Bamako une interview exclusive, « L’Afrique va gagner grâce à l’engagement des femmes ».
Site : www.wia-initiative.com

Adama Kanté (Mali),
Prix de la Jeunesse

© Hady Photo
C’est le benjamin des lauréats. À 22 ans, ce jeune Malien remporte haut la main le Prix de la Jeunesse. Et raconte en toute simplicité son extraordinaire aventure : il a commencé avec seulement 10 000 CFA (environ 15 euros) pour s’acheter un arrosoir et s’est lancé dans la production de jus « pour valoriser nos céréales ». Puis il a posté sur sa page Facebook une vidéo qui a fait aussitôt le buzz avec plus de 2 millions de vues ! Adama Kanté a aussitôt changé de dimension sans que cela ne lui tourne la tête pour autant.
Jeune Africain n’ayant pas voulu émigrer mais au contraire rester au pays, il s’est investi corps et âme dans le domaine de l’agriculture et a fondé l’entreprise Food Santé spécialisée dans l’agro-alimentaire. « J’aime l’Afrique et je sensibilise le maximum de mes jeunes compatriotes, confie-t-il. Je les invite à rester au pays pour participer activement à son développement ».

Professeur Alioune Sall (Sénégal): Premier Prix d’honneur

Figure emblématique du Forum de Bamako, dont il réalise chaque année la synthèse des travaux, le Professeur Alioune Sall – sociologue sénégalais de renom – a fondé l’Institut des Futurs africains, dont le siège est à Johannesburg, en Afrique du Sud, et qui se veut « une plate-forme interactive entre les décideurs et tous les acteurs de la transformation de l’Afrique ».
« C’est l’éclaireur qui nous fait rêver », confie à son propos Didier Acouetey.
Par ce Prix d’honneur, le Forum a donc voulu rendre hommage à ce prospectiviste qui a eu aussi une très belle carrière au PNUD. « Je suis né avant les indépendances et j’ai la chance de vivre aujourd’hui au XXIe siècle », observe-t-il, en soulignant que « s’interroger sur ce que l’avenir nous réserve est essentiel ». Il s’y emploie aujourd’hui à plein temps.
« Il faut investir dans le capital humain car nous sommes dans un monde dominé par l’économie du savoir », ajoute-t-il, en se disant persuadé que « l’Afrique doit inventer son propre modèle de développement, aussi inclusif que possible, et n’a pas à imiter qui que ce soit ».
Didier Acouetay (Togo) remporte à sa grande surprise le second Prix d’honneur pour le travail efficace qu’il mène à la tête d’AfricSearch, son entreprise implantée dans plus d’une trentaine de pays et spécialisée dans la recherche de nouvelles ressources humaines de haut niveau pour assurer le meilleur développement possible du Continent. «C’est l’arroseur arrosé!», conclut avec humour le maître de cérémonie.
Site : www.africsearch.com
 

 

© Hady Photo La photo-souvenir de tous les lauréats (de gauche à droite) : Mountaga Keita (Guinée), Serge Njidjou (Cameroun), Mme Hafsat Abiola (Nigeria), Adama Kanté, (Mali), Didier Acouetey (Togo), Mme Nigest Haile (Ethiopie) et Jonas Daou (Togo). © DR                                  Source:africapresse.paris