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Ebola: le grand retour en Afrique de l’ouest?

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La surveillance épidémiologique est de mise en Afrique de l'ouest (Ph. d'illustration/ledevoir.com)

Assiste-t-on au grand retour de Ebola en Afrique de l’ouest, pendant que le combat contre le Covid-19 fait rage avec en toile de fond la question cruciale qui divise provax et antivax? Rien n’est moins sûr, même si pour l’instant, le seuil critique est loin d’être franchi. Au Burkina Faso, le gouvernement, à travers un communiqué d’information, de sensibilisation et surtout d’apaisement, a annoncé ce lundi, l’existence d’un cas suspect qui a été admis, la veille, dans un centre hospitalier. Le patient, 22 ans, est arrivé au Burkina, selon la déclaration de l’exécutif burkinabè, il y a deux jours en provenance de Niancarré / Kadiolo, en Côte d’Ivoire. Et c’est, compte tenu de la situation sanitaire qui prévaut en ce moment dans la sous-région, et sans doute dans le pays d’où est venu le cas suspect, constat que ne pouvaient se permettre les autorités burkinabè, pour rester dans le diplomatiquement correct, une enquête étiologique s’impose.

Tout en rassurant les populations et les invitant au respect «des mesures de prévention des maladies», les responsables sanitaires ont rappelé qu’en fonction du «contexte épidémiologique national et sous-régional», le pays des Hommes intègres «a renforcé son système de surveillance épidémiologique afin de faire face aux différentes menaces sanitaires.» Déjà, pour cause de présence de grippe aviaire chez ses voisins, le Burkina avait, entre autres, interdit toute importation de volailles et produits aviaires en provenance du Togo, du Bénin et de la Côte d’Ivoire et évoqué la nécessité de renforcer la surveillance épidémiologique et le contrôle aux frontières. Si ce n’est le branle-bas de combat sanitaire, ça y ressemble fort bien!

Dans le même temps, Ivoiriens et Guinéens se tiraillent sur le cas de la malade par qui Ebola serait revenu sur les bords de la lagune Ebrié. Si les premiers sont persuadés que cette femme était bien porteuse du virus, les seconds rejettent l’affirmation, la contestant avec la dernière énergie. Et c’est avec beaucoup de crainte que les Africains de l’ouest vivent cette crise sanitaire à plusieurs facettes se déclinant en Ebola, Covid-19, grippe aviaire, choléra, Sida et l’incontournable paludisme, pour ne citer que ces maladies. Sans oublier les inondations dans la plupart des pays, en cette période où le ciel plus généreux que d’accoutumée a ouvert un peu trop ses vannes!

En tout cas, la crainte d’épidémie est justifiée et s’amplifie, les frontières africaines étant reconnues pour leur porosité légendaire. Pire, alors qu’officiellement, elles sont dites fermées, pour freiner la propagation du Covid-19, ces points de passage qui devaient être surveillés comme du lait sur le feu, sont en réalité plus béants que jamais. Avec la malheureuse bienveillance de certains de ceux qui ont la responsabilité de les maintenir fermés aux hommes, pour ne laisser rouler que les camions et autres véhicules de transport de biens et marchandises d’un pays à l’autre.

Pour franchir ces frontières dites fermées, et sans aucune précaution sanitaire, encore moins une attestation de test Covid-19 ou un carnet de vaccination contre d’autres maladies, il suffit de connaître le langage des espèces sonnantes et trébuchantes. Le seul geste barrière qui peut bloquer le voyageur, est le refus de sa part de s’acquitter du droit de passage. Fort heureusement, la pratique n’est pas généralisée, car il y a encore, à ces frontières, des agents de santé et des éléments des forces de défense et de sécurité intègres. Question: pour un suivi épidémiologique rigoureux, pour une meilleure et rapide reprise économique et pour la santé du trésor public, ne serait-il pas plus judicieux de rouvrir ces frontières pour en maximiser la surveillance? Ceux qui nous gouvernent sont interpellés!

Par Wakat Séra