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Election de Joe Biden: fêtée aux Etats-Unis, la démocratie est tuée en Côte d’Ivoire et en Guinée

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Le 46è président des Etats-Unis, Joe Biden (Ph. linternaute.com)

La veillée d’armes, que ce soit au QG des démocrates qu’à celui des républicains, continue et le monde entier reste, le regard tourné vers les Etats-Unis qui viennent d’élire leur 46è président. Le successeur du truculent Donald Trump, malgré l’âpreté du combat, et les dénonciations de fraude, pour la plupart fantaisistes, est connu depuis ce samedi 7 novembre. En attendant de s’installer à la Maison Blanche que son challenger refuse de quitter, appelant la justice à la rescousse, Joe Biden, entend déjà mettre en place une cellule forte pour intensifier la lutte contre le Covid-19 qui frappe durement son pays, imprimant un rythme particulier à cette élection marquée du sceau des votes par correspondance. Loin d’être inédite, la procédure a, cependant, provoqué l’ire et la suspicion dans le camp des républicains qui la brandit comme preuve de tricherie.

Si le suspense est allé jusqu’au bout, faisant mentir les bookmakers politiques qui ont annoncé un raz de marée bleu, vendant, ainsi, trop tôt la peau de Donald Trump avant de l’avoir délogé du 1600, Pennsylvania Avenue NW à Washington D.C., il faut dire qu’une bataille juridique pourrait s’ouvrir dans une Amérique davantage clivée par une campagne électorale émaillée de propos violents et durant laquelle les acteurs n’hésitaient pas à boxer en dessous de la ceinture. Mais, une fois de plus, c’est la démocratie qui aura triomphé, dans un pays où nul ne peut se mettre au-dessus des institutions, encore moins tripatouiller la «loi suprême» américaine, multiséculaire, datant du 17 septembre 1787, considérée comme une des plus anciennes constitutions écrites encore en vigueur.

Attendu par ses compatriotes qui ne cessent de manifester leur soif inextinguible de justice et d’équité, Joe Biden, l’est davantage sur la scène internationale où son prédécesseur a réussi à faire l’unanimité contre les Etats-Unis, qui, après les «busheries», avaient retrouvé un visage moins va-t-en-guerre, donc plus humain et plus enclin au multilatéralisme, avec Barack Obama.

Le Sahel entier, qui s’inquiète encore, du retrait, ou de l’allègement de l’apport, des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, va, sans doute reprendre espoir avec l’arrivée de Joe Biden qui, même s’il doit rester dans les cordes de la politique internationale imprimée par le Congrès américain, se convaincra que, de la paix dans le reste du monde, dépendra la sécurité de son pays. Du reste, lui au moins connaît l’Afrique, pour y avoir déjà séjourné, contrairement à Donald Trump, qui n’y a jamais mis les pieds, et pour qui le continent noir, ne serait que ce «pays de merde», qui ne produit que des migrants.

Joe Biden renforcera-t-il l’appui des Etats-Unis, dans ce combat contre le terrorisme, en affichant une présence américaine plus soutenue, dans ce Sahel pris pour sanctuaire par les djihadistes et bandits de tout acabit contre qui se démènent, sans grand succès, les armées nationales et la Force conjointe du G5 Sahel qui manquent crucialement du nerf de la guerre, de logistique et d’un service de renseignement affiné?  Il faut l’espérer, car la détermination et les frappes régulières de la Force française Barkhane, encore moins la lente mise en branle de la jeune force européenne Takuba, ne font visiblement pas l’affaire.

En tout cas, même si les Africains doivent attendre peu des dirigeants américains, logiquement préoccupés par l’«Amérique d’abord», le continent a les yeux tournés vers les Etats-Unis où la démocratie vient une fois de plus de mettre tous d’accord. Pendant ce temps, en Afrique, la Côte d’Ivoire et la Guinée n’en finissent pas de compter leurs morts, des Ivoiriens et Guinéens tombés lors des manifestations contre le troisième mandat, au charme duquel ont succombé Alassane Dramane Ouattara, 78 ans, et Alpha Condé, 82 ans, après avoir charcuté la loi fondamentale de leurs pays respectifs, pour s’accrocher au pouvoir, usant et abusant de la force contre leurs opposants et une partie de leurs peuples. Fêtée aux Etats-Unis, tuée en Côte d’Ivoire et en Guinée, ainsi va la démocratie dans le monde!

Par Wakat Séra