Accueil A la une Entrée du M23 à Goma: l’urgence du Conseil de sécurité arrive trop...

Entrée du M23 à Goma: l’urgence du Conseil de sécurité arrive trop tard, non?

0
Le M23 a réussi de nouveau à rentrer dans Goma (Ph. d'illustration)

«On peut faire ça?» Ainsi aurait parlé l’Ivoirien lambda, au Conseil de sécurité de l’ONU qui se réunit en urgence, alors que la capitale du Nord-Kivu tombe dans la main, pour la deuxième fois, du M23 à qui le Rwanda est accusé d’apporter un soutien sans faille.

En français facile, c’est un réveil bien tardif de la Communauté internationale, face à l’invasion de cette partie de la République Démocratique du Congo (RD Congo), par son voisin rwandais, par M23 interposé. Pourtant, c’est une guerre qui dure depuis plus d’une décennie et c’est en médecin après la mort, que le Conseil de sécurité de l’ONU, agit, contraignant, ainsi, le pays agressé à des négociations, qui plus est, en position de faiblesse! Le même Mouvement du 23 mars, créé le 6 mai 2012 et composé d’anciens officiers des Forces armées de la République démocratique du Congo, avait déjà pris le contrôle total de cette même ville de Goma, avant de s’en retirer le 1er décembre 2012, suite à un accord accouché dans la douleur, par une médiation des pays des Grands-Lacs. Mais n’ayant pas eu gain de cause dans leurs revendications, les rebelles des FARDC ont remis le couvert. Et progressivement, pendant que le Conseil de sécurité était plongé comme dans un coma profond, et que l’ONU lançait, par moment, des gémissements de condamnations qui sortaient à peine du majestueux palais de verre de Manhattan, à New-York, le M23 a remis le couvert. Et ce qui devait arriver arriva!

Goma est de nouveau tombée dans l’escarcelle du M23, ce qui a, comme par magie, réveillé le Conseil de sécurité de l’ONU qui réussit même la prouesse de se réunir en urgence. Et pour quel résultat! Contrairement au cas de l’Ukraine envahie par la Russie, où l’ONU agit avec promptitude, elle n’a pu empêcher la progression des rebelles, et pour l’instant, ne peut qu’assister à la chute de Goma, la ville d’un pays souverain, prise organisée, selon les accusations contre le Rwanda, par un autre pays souverain, moins peuplé et géographiquement parlant, moins grand que la RD Congo! Hypocrisie, complicité, ou passivité intéressée? A moins que ça soit les trois facteurs réunis, la communauté internationale, à travers l’ONU et son Conseil de sécurité, vient de se livrer à son sport favori, agissant toujours selon des intérêts ou la pression de certains Etats, détenteurs du fameux droit de veto, et pouvant influer sur les décisions d’autres Etats comme ceux africains.

Question: que vise le Rwanda, si tant est que c’est lui qui agit sous le couvert du M23? Simple convoitise du riche sous-sol de son voisin? Action de déstabilisation du pouvoir d’Etienne Tshisekedi, mais au profit de qui? Du reste, le  pouvoir du fils Tshisekedi, a toujours porté les germes de son implosion ou de sa destruction, depuis le verdict contesté de l’élection présidentielle de décembre 2018. Comme il fallait donc s’y attendre, un pouvoir non conquis véritablement, mais obtenu comme cadeau de nouvel an, en janvier 2019, puis renouvelé en 2023, ne pouvait qu’être menacé.  Les mécontentements de corps socio-professionnels, d’ethnies ou de régions délaissées dans le partage du gâteau national, apparaissent vite et s’installent durablement. A cela s’ajoute, la mise à l’écart de celui qui, suivez mon regard, a favorisé la prise du pouvoir. Tous les ingrédients sont, de ce fait, réunis, pour fragiliser le pouvoir d’un Etienne Tshisekedi, sans véritable assise politique populaire, une popularité dont pouvait bien se targuer son père, Feu Etienne Tshisekedi, le «Sphinx de Limete».

Maintenant, qu’attendre de la rencontre de la Communauté des Etats de l’Est (EAC) prévue dans les prochaines heures, avec la présence annoncée, mais encore incertaine, des deux voisins ennemis, le Rwandais Paul Kagame et le Congolais Felix Tshisekedi? Ce dernier a toujours promis de régler cette invasion du M23 par les armes, donc la force, alors que Paul Kagame, lui a toujours nié une quelconque implication dans ces attaques du M23.

En tout cas, la cocotte-minute Goma continue de bouillir, et ce malgré les condamnations de l’ONU!

Par Wakat Séra