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Essakane: la plus grande centrale hybride solaire/Fioul du monde opérationnelle

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Plus d’une vingtaine de journalistes ont visité le samedi 23 juin 2018, la plus grande centrale hybride solaire/Fioul du monde installée sur le site minier de IAM GOLD Essakane SA, dans le Nord du Burkina. Cette visite s’est effectuée dans le cadre de la cinquième Journée des Acteurs de la Communication sur les Energies au Burkina (JACE), prévue du 28 au 30 juin. Initiée par l’association des Journalistes et communicateurs pour les Energies renouvelables et le Développement durable (JED), cette sortie a permis aux hommes de médias de constater l’opérationnalisation de la centrale qui produit 7% de l’énergie de la mine.

Depuis sa création, le JED a fait de la promotion des énergies renouvelables et le Développement durable, son cheval de bataille. C’est dans cette optique que l’association a choisi comme thème pour sa cinquième JACE : « Place et contribution des acteurs miniers dans la lutte pour l’accès des populations aux services énergétiques au Burkina Faso ».

Grégoire Bazié, président du réseau des Journalistes et communicateurs pour les Energies renouvelables et le Développement durable (JED)

Le président du JED, Grégoire Bazié, a salué et encouragé Essakane Solar SA qui, selon lui, est « un projet innovant » en matière des énergies renouvelables. « Actuellement la société Essakane Solar produit l’énergie et la vend à IAM GOLD Essakane SA (mais) si un jour la mine n’est plus là, cette centrale va continuer sa production au profit des populations » ménagères notamment, de cette région, a estimé M. Bazié, expliquant que le choix de ce site pour la visite se justifie par le fait qu’il rentre en droite ligne avec la démarche de son association qui vise à impliquer davantage tous les acteurs, notamment les miniers, cette année, sur cette question énergétique qui nécessite des financements conséquents.

Le président du JED a indiqué que l’engagement de son organisation citoyenne va se poursuivre sur d’autres fronts en vue de ratisser large pour impliquer toutes les couches sociales et aboutir prochainement aux états généraux des énergies renouvelables du Burkina qui est une condition sine qua non pour le développement du pays.

La directrice générale de Essakane Solar SA, Marie Emma Kantiono

Installée sur 22 hectares, les 130 000 panneaux photovoltaïques en technologie à couche mince de la centrale hybride solaire/fioul, inaugurée le 16 mars dernier par le chef de l’Etat burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, est un système qui consiste en la production de l’électricité au profit de la mine IAM GOLD Essakane SA, a signifié la directrice générale d’Essakane Solar SA, Marie Emma Kantiono, notant que la mise en service de ce projet solaire est une première mondiale.

La mine n’étant pas connectée au réseau national et dépend exclusivement d’un parc de générateurs au fioul pour son alimentation électrique, c’est tout logiquement que dans un souci d’optimiser ses coûts d’énergie, sa dépendance aux importations de fioul, et ses émissions en CO2, Essakane IAM GOLD SA a mis en place cette centrale solaire de 15 MWc qui est gérée de façon autonome par Essakane Solar qui lui revend l’énergie produite.

Valéry Assane Ido, chargé de projet à Essakane Solar SA, expliquant comment fonctionne un des onduleurs de cette centrale installé derrière lui

Cette énergie solaire transformée en électricité, complète la centrale à fioul de 57 MW de la mine. Le projet s’inscrit aussi dans une politique de développement local ambitieuse qui a employé « 75 personnes pour la construction, et un effectif de 40 personnes (des nettoyeurs des panneaux solaires) sur les 15 prochaines années », a confié madame Kantiono.

La centrale a la capacité de produire « 15 MWc, (soit) près de 27 000 MWh par an », ce qui permet ainsi à la mine d’économiser « près de 6 000 tonnes de fioul par an, soit 16 000 litres par jour », a précisé son premier responsable qui a ajouté qu’en cas d’absence de soleil, l’énergie consommée par la mine est produite par des groupes fioul. Pendant les périodes d’ensoleillement, les 130 000 panneaux solaires « convertissent d’abord les rayons solaires en courant continu », avant que, dans une seconde étape, des onduleurs et des transformateurs la convertissent en « électricité alternative à 6 600 volts », a-t-elle poursuivi, rassurant que la combinaison de groupes fuel et de panneaux solaires permet de fournir une énergie stable de jour comme de nuit pour la mine.

Toutefois, fait-elle remarquer, les performances de la centrale sont influençables par plusieurs facteurs dont « la poussière, notamment avec les tempêtes de sable qui affectent la région ». Un nettoyage régulier des panneaux est nécessaire pour la performance de la centrale, a-t-elle mentionné. Elle a noté également qu’en ce qui concerne la lutte contre la pollution, cette centrale hybride permet à la mine de réduire ses émissions annuelles de CO2 à environ « 18 500 tonnes ».

Photo de famille à la fin de la visite des journalistes à la centrale hybride solaire-fioul à Essakane

Marie Emma Kantiono a déclaré que des discussions ont été engagées avec l’Etat burkinabè pour voir dans quelle perspective d’autres projets verront également le jour pour soulager les ménages burkinabè dont la majorité n’ont pas accès à cette denrée rare qu’est l’énergie. Déjà, « 1% des revenus (de Essakane Solar SA) est alloué au développement économique et social local dans un cadre coordonné avec les autorités locales et les programmes de la mine », a-t-elle conclu.     

Crée en 2016, ce projet solaire, financé à hauteur de 15 milliards francs CFA par la Banque Internationale pour le Commerce, l’Industrie et l’Agriculture au Burkina Faso (BICIA-B), filiale du groupe BNP Paribas, a été construit par la société Wärtsila. Les 130 000 panneaux solaires photovoltaïques dont l’aire est protégée par des agents privés de sécurité, ont une durée de vie de 25 ans.  

Par Bernard BOUGOUM