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Forêt classée de KUA: l’analyse du Centre pour la Gouvernance de l’Eau et de l’Environnement (CG2E)

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Ceci est une analyse du Centre pour la Gouvernance de l’Eau et de l’Environnement (CG2E) à propos de la forêt classée de Kua.

Notre analyse du sujet est développée à travers deux sous-thèmes.

Sous-thème 1 : La Forêt de KUA est située sur la 2ème plus grande réserve d’eau de l’Afrique de l’Ouest (reportage vidéo sur le site publié).  

Cette affirmation ‘’simplifiée’’ a servi hélas, à alimenter la besace d’argumentaires’’ des ‘’ débateurs dans les médias’’ et des groupes anti- déclassement de la forêt, alors qu’il s’agit  d’une forme ‘’d’infox’’ liée à la méconnaissance de l’hydrogéologie du site.

En effet :

  • La comparaison de KUA avec le Fouta-Djalon ‘’château d’eau de l’Afrique de l’Ouest’’ est une ‘’image’’ qui tient à un ‘’fil’’ qui est que – des cours d’eau ont leur source dans la zone de ces sites géographiques. Les caractéristiques sont toutefois différentes car :
  • le Fouta-Djalon est un plateau (appellation géomorphologique), soumis à une très importante pluviosité, 7 mois en moyenne -1800mm/an, site d’eau de surface – 8 grands fleuves ; il n’est pas un réservoir (ni une réserve) et ne stocke pas de l’eau mais favorise son  
  • KUA est situé sur une petite partie de l’aquifère sédimentaire (dit de Taoudéni)- un réservoir/réserve- présentant une relative faible recharge (pluviosité et géologie) et seuls 4 fleuves et leurs affluents ont leur source dans le bassin du Burkina, loin de la zone de KUA, ce sont : le Mouhoun et son affluent le Kou, la Comoé, la Léraba et le  
  • La réserve d’eau ici est composée d’eau souterraine contenue dans un des aquifères ‘’du bassin sédimentaire  de Taoudéni ‘’ qui est non pas la 2ème, mais la plus grande réserve d’eau douce de l’Afrique de l’Ouest, qui s’étend sur 1,5 million de km2.

Cette superficie couvre partiellement la Mauritanie, une partie du Mali (le nom du bassin porte le nom d’un village de ce pays situé dans l’extrême nord) de même que le Burkina Faso. Cet imposant bassin appelé synclinal de Taoudéni, est une vaste dépression constituée de roches sédimentaires aquifères multicouches continus et/ou discontinus d’une puissance (épaisseur) estimée à 2000 m (diverses sources : Mémoires du BRGM 1962 ; Tectonique de l’Afrique–Unesco 1971 ; Rapport diagnostic sur les eaux souterraines du Burkina  H.M. Grammont, Prof. A. Nindaoua, D. Dakouré- Banque Mondiale 2017).

L’ouest du Burkina Faso et précisément la commune de Sya (dont l’arrondissement de KUA), est située à la limite sud-est de ce bassin qui s’étend sur 45 000 km2,  couvre la Région du Mouhoun (Provinces des Banwa, de la Kossi, le nord du Sourou – la plaine du Gondo) se retrouve au nord du Yatenga (Rapport du Prof. Nindaoua – Laboratoire d’Hydrogéologie de l’U.O projet DANIDA-2009), au Soum et dans l’Oudalan. Le forage ‘’Christine’’ y a été implanté en 1973 (débit de 100 m3/h environ sans baisse significative du niveau dynamique pendant le pompage d’essai-une zone de karst).

La ‘’fameuse’’ réserve  d’eau de KUA est en fait une petite portion de la réserve d’eau souterraine de la ville de Sya- du bassin multi kilométrique de Taoudéni sommairement décrite supra. En termes plus clairs, n’importe quel site-zone-ou partie de cette ville est situé sur la série d’aquifères continus et séparés bien identifiés dont la limite Est, est justement la forêt de KUA (limite matérialisée par un  talus de ‘’grès’’  qui est le prolongement Est et Nord de la falaise de Banfora-sorte de mur dont le franchissement a été assuré par un remblai qui dessine une pente sur la route RN1 Bobo-Ouaga à la sortie de la ville) . Au-delà de ce talus, commence la vaste zone de socle cristallin contenant des aquifères discontinus de fissures à débits faibles-80% du territoire- visible à travers les affleurements de granite faisant l’objet d’exploitation par carrière, avant le péage de Yégueresso.

Toute la nappe d’eau souterraine sur laquelle est urbanisée la ville de SYA  avec les extensions de quartiers, est menacée de pollution. Il en est ainsi des aquifères des ‘’grès à yeux de quartz ‘’exploités par l’ONEA à travers les sources de Nasso pour l’alimentation de la ville.

Une étude de 2009 (VREO/Sofréco-Sawes-Etude des périmètres de protection de la source de Nasso et des forages de l’ONEA) mentionne « qu’un front de pollution liquide  souterrain’’, en provenance de la zone industrielle donc des usines-route de Banfora, avancerait vers les sources (les résurgences)qui seront polluées dans un délai de 18 ans.. L’usine de l’eau Lafi exploite aussi les aquifères contigus. Ainsi, il apparait clairement que la ville de SYA et ses infrastructures (habitats, centres de santé –dispensaires, hôpital Souro Sanou – marchés, labos, gares etc..), ne sont même plus une menace, mais polluent déjà la grande réserve d’eau d’Afrique de l’Ouest. !!!

Les habitants du quartier KOKO, proche du périmètre de l’ancienne usine Citec Huilerie, ont subi pendant longtemps des désagréments dus (eau des puits traditionnels au goût potassé), et ce même après sa délocalisation route de Banfora, à la non-maîtrise des rejets y compris les fumées noires sortant des cheminées qui se répandaient dans l’environnement… .

À titre informatif, plusieurs autres grandes villes du bassin de Taoudéni : Orodara, Sikasso, Bamako etc…, ont les mêmes  effets négatifs sur la nappe.    (Situation non singulière).

Renseignez-vous sur le cas de PARIS et ailleurs concernant d’autres mégapoles dans le monde, dont les eaux souterraines subissent les actions anthropiques néfastes !!!

Sous-Thème 2- De la protection de l’environnement – volet forêts classées.

La ville de SYA et beaucoup d’autres régions du Burkina  ‘’ont mal’’ à leurs sites protégés de même que les plans d’eau de surface (occupation anarchique des berges). – Que reste-t-il de la forêt de Dinderesso (8100ha) ? –Sur son site, il y a l’Ecole des Eaux et Forêts, un campus de l’Université Nazi Boni  dont les infrastructures qui, soit dit en passant, empiètent sur le périmètre de protection (identifié par des bornes) des sources et forages exploités par l’ONEA. Qu’en est-il aussi  du reliquat de territoire de la forêt classée de KUINIMA ?  Qui a pu faire quoi depuis ?

Réflexions : Il vaut mieux que les protagonistes du ‘’pour ou contre le choix du site de KUA’’pour la construction d’un hôpital se posent en toute âme et conscience, les bonnes questions sans’’ calculs polit……’’.

Ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est l’indubitable nécessité de poursuivre la marche vers le développement qui passe par la réalisation consciente des infrastructures, intégrant l’approche étude d’impact environnemental (E.I.E) et  la mise  en œuvre impérative des plans de gestion environnementale et sociale (PGES) issus de ces études. Ces plans réservent une bonne place au changement de paradigme et de comportement (ce à quoi certains thuriféraires ne croient pas et/ou l’évoquent avec un fort accent de pessimisme et de résignation devant les difficultés inhérentes aux activités y concourant).

L’orientation indiquée par le Gouvernement relativement au dossier ‘’Forêt classée de KUA’ ’va donc dans la bonne direction.

Toutefois, de façon générale ‘’la navigation à vue pour le développement observée depuis l’Indépendance de notre pays ‘’ est le véritable problème qui perdure et le cas de KUA est illustratif de cela.

Une gouvernance vertueuse est le seul guide pour le Développement Durable et harmonieux, qui repose lui-même sur le socle de la planification de l’aménagement du territoire à travers l’élaboration des Schémas Régionaux d’Aménagement du Territoire, et des autres schémas directeurs et leurs déclinaisons, élaborés en synergie et relatives à l’eau (SDAGE et SAGE), à l’environnement (SDAF) et à l’urbanisme (SDAU), qui sont les pendants du Schéma National d’Aménagement et du Développement Durable du Territoire (SNADDT) déjà élaboré. Le SNADDT recommande très pertinemment  comme impératifs, l’élaboration desdits schémas ‘’ subsidiaires’’.

À défaut de mettre en œuvre cette approche et les mécanismes qui l’accompagnent, bonjour pour longtemps encore, les’’ polémiques oiseuses’’ sur les projets. Ainsi, les projets régionaux et sous régionaux et même locaux  et autres,  verront difficilement et parfois pas le jour. Exemples : chemin de fer sous régional, autoroutes transafricaines, gazoducs, infrastructures structurantes, et conséquence dramatique,  … ‘’adieu  veaux…vaches…lait…’’, plutôt.. ‘’ le développement durable’’.

  NOTA BENE :

 – SDAGE       : Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux.

 – SAGE          : Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux.

 – SDAF           : Schéma Directeur d’Aménagement des Forêts.

 – SDAU          : Schéma Directeur d’Architecture et d’Urbanisme

Le Bureau Exécutif