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Guerre en Ukraine: « L’économie russe  est … en cessation de paiement … et notre pression ira en s’accentuant » (Emmanuel Macron)

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Le président français Emmanuel Macron

Le président français, Emmanuel Macron a, au cours d’une conférence de presse, ce vendredi 25 mars 2022 avant le Conseil européen, affirmé que « l’économie russe est (…) en cessation de paiement, sa monnaie a dévissé, son isolement est croissant et (leur) pression ira en s’accentuant en cherchant là aussi par tous les moyens d’obtenir un cessez-le-feu et la paix » en Ukraine.

Emmanuel MACRON

Bonjour, mesdames, messieurs. Heureux de vous retrouver.

Bien, je souhaitais, avant que le Conseil européen ne se tienne dans quelques instants, peut-être rendre compte de notre sommet de l’OTAN et du G7 que nous venons de tenir ici-même avec l’ensemble de mes collègues et faire un point aussi de situation.

En effet, un mois après le déclenchement de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, où en sommes-nous ? Le peuple ukrainien, mené par son Président, a résisté, déjouant les calculs de la Russie d’une victoire militaire rapide. Nous avons, avec nos alliés et nos partenaires européens, répondu avec fermeté, réactivité et unité, là aussi, déjouant les pronostics d’une réponse faible et divisée. Et donc, nous continuons de nous tenir aux côtés du peuple ukrainien avec un soutien militaire, économique, humanitaire. L’Europe a déployé une capacité d’accueil sans précédent — j’y reviendrai — pour les plus de 3,5 millions et de réfugiés d’ores et déjà sur notre sol et notre détermination nous a conduit à prendre un train de sanctions absolument inédit, à l’unisson.

L’économie russe est d’ailleurs, au moment où je vous parle, en cessation de paiement, sa monnaie a dévissé, son isolement est croissant et notre pression ira en s’accentuant en cherchant là aussi par tous les moyens d’obtenir un cessez-le-feu et la paix. Ces initiatives que nous avons lancées se poursuivent et il y a quelques instants, la résolution humanitaire portée par la France et le Mexique a été votée à une très large majorité à l’Assemblée générale des Nations unies avec 140 voix pour et seulement 5 voix contre, ce qui montre l’isolement que nous maintenons de la Russie. En effet, la Russie a pris une responsabilité historique en lançant cette guerre et notre stratégie est donc bien de tout faire pour pouvoir stopper toute escalade, mais cesser le plus rapidement le conflit par notre soutien à l’Ukraine, nos sanctions et les discussions que nous poursuivons à quelques-uns avec le Président POUTINE, pour pouvoir trouver les voies et moyens d’une solution négociée.

Le sommet de l’OTAN de ce matin a permis d’acter plusieurs éléments. D’abord, une unanimité pour continuer de renforcer le soutien à l’Ukraine, lui fournir les armements défensifs, les matériels dont elle a besoin. Le Président ZELENSKY s’est adressé à nous à cet égard, a fait de façon très nette part de ses besoins, et au fond, la ligne reste la même pour l’ensemble des alliés, continuer à fournir des armes défensives et létales, le faire dans un cadre d’efficacité complète mais avec une ligne rouge, vous le savez, qui continue de ne pas être cobelligérant. C’est aussi pour cette raison que je n’entrerai dans aucun détail, mais avec le Chancelier allemand, d’autres européens, nous avons aussi insisté sur l’importance dans ce cadre de continuer à oeuvrer pour une voie négociée crédible.

Le deuxième élément qui ressort de notre sommet, c’est la nécessité de dissuader toute escalade du conflit sans jamais donner le moindre prétexte aux arguments bien connus et très souvent employés par la Russie pour les provoquer. L’OTAN a fait un choix qui est de soutenir l’Ukraine pour arrêter la guerre, sans faire la guerre, comme je le disais. Et donc, là aussi, nous avons décidé d’intensifier les travaux, et ils sont en cours et déjà commencés pour prévenir et les scénarios d’escalade et évidemment nous organiser en cas d’escalade. Enfin, nous avons acté de la nécessité de poursuivre l’adaptation de notre posture à la nouvelle donne stratégique provoquée par la guerre en Ukraine et ses conséquences.

À ce titre, je veux dire combien la France est au rendez-vous de la solidarité pour assurer la sécurité de nos alliés du nord au sud du flanc oriental. La carte qui vous est ici présentée vous permet de voir de manière très claire l’ensemble de nos engagements actuels, qui ont donc été renforcés ces dernières semaines. En Norvège, qui est un exercice prévu, la France est comme vous le voyez un très grand contributeur puisque nous avons 3 200 militaires engagés et donc nous avons sur Cold Response un engagement fort et je veux à cet égard redire toutes mes condoléances à l’endroit des États-Unis d’Amérique suite au décès des 4 militaires qui ont perdu la vie dans le cadre de cet exercice. En Estonie, nous avons décidé de maintenir notre présence et de la renforcer. Donc, nous avons environ 350 militaires, comme vous le voyez ici, avec des missions qui ont été renforcées puisque nous y étions d’ores et déjà présents. Nous avons monté notre contribution terrestre et avec également des missions aériennes où la France, donc, participe à ces missions de police du ciel pour le compte de nos amis baltes. Au-dessus de la Pologne, dans le Sud-Est de l’Alliance, nous avons aussi renforcé notre présence. Comme vous pouvez le voir, le choix qui a été fait dès le début de contribuer au dispositif aérien en Pologne et jusqu’au sud de l’Alliance illustre notre volonté de contribuer – y compris à travers les missions qui sont les nôtres – au dispositif aérien de vigilance et justifie la présence en particulier du groupe aéronaval, mais également de nos capacités au large de la Bulgarie et de la Roumanie, pour pouvoir déployer – ce que nous continuons de faire – l’ensemble des moyens nécessaires. Donc surveillance également de la Bosnie à partir du groupe aéronaval. Et puis, et je dirai encore plus, le choix que j’avais annoncé dès le début d’année au Parlement européen et avant cela dans des voeux aux forces armées, de pouvoir nous engager dans le cadre de la NRF ; 550 militaires français avec la contribution de plusieurs autres États membres. La France est nation-cadre dans cette opération en Roumanie, qui a vocation à monter en puissance dans l’eFP avec la Belgique et les Pays-Bas. Et donc, vous le voyez, du nord au sud, la France est aujourd’hui un contributeur concret de notre alliance et du réarmement stratégique européen que j’avais appelé de mes voeux devant le Parlement européen. Tout cela montre aussi la cohérence de l’action qui est la nôtre, c’est-à-dire une volonté d’avoir une Europe de la défense et une Europe qui prend ses responsabilités. Et c’est la démonstration que cette Europe de la défense est bien une composante de l’OTAN et en aucun cas, ni un substitut, ni un concurrent. Et je crois que ces dernières semaines ont pu crédibiliser le message que nous n’avions cessé de marteler de la complémentarité de ces deux ambitions. Nous avons travaillé aussi ces dernières semaines et nous aurons l’occasion tout à l’heure de poursuivre en Européens et d’acter l’adoption de la Boussole stratégique qui nous permettra ensuite de préparer une position commune à l’OTAN et au sommet de Madrid, qui vient tirer les conséquences de l’exercice stratégique que nous avions lancé en fin d’année 2019, lorsque j’avais eu l’occasion moi-même de lancer le débat et d’indiquer qu’il me semblait important que nous puissions réorganiser nos efforts stratégiques et concevoir notre stratégie au sein de l’Alliance. Donc, tout ça arrive à maturité dans un moment évidemment où nous sommes collectivement testés. Je crois que la meilleure réponse à ce test et à la guerre lancée donc en Ukraine est la réponse que nous sommes en train d’y apporter.

Le sommet du G7 a, quant à lui, complété cette réponse à d’autres égards. D’abord sur le plan des sanctions par une coordination très étroite. Je l’ai dit, nous avons répondu de manière très rapide avec plusieurs trains de sanction, 4 paquets de sanctions qui ont été prises de manière très coordonnée dès le deuxième jour suivant le lancement du conflit. Et, nous avons constamment répondu en Européens en Alliés mais le G7 a été une instance de coordination très importante. Ces 4 séries de sanctions ont été parfaitement coordonnées et nous avons décidé un mécanisme au sein du G7 de suivi de ces sanctions qui permette la transparence de la bonne application des sanctions prises, pour éviter qu’il y ait des divergences entre les différents membres – ce qui affaiblirait la cohérence du groupe. Mais aussi pour mesurer, mettre en commun nos listes d’oligarques qui sont soumis à nos mesures et faire travailler ensemble les ministres des Finances et de la Justice pour aller au bout de la mise en oeuvre des décisions et évidemment préparer les décisions à venir si celles-ci s’imposaient. Nous sommes tout à fait prêts à accroître évidemment ces sanctions à chaque fois que ce sera nécessaire. Nous avons aussi acté de nous mobiliser collectivement à l’égard de puissances amies qui ne sont pas forcément autour de la table du G7 ou de l’OTAN, ni membres de l’Union européenne, pour pouvoir relayer ces sanctions, soit pour les faire adopter – ce que nous avons obtenu de plusieurs autres – soit au moins pour limiter les stratégies visant à aider la Russie à compenser nos actions.

L’analyse que nous faisons tous est qu’aujourd’hui, ces sanctions ont un impact. J’évoquais tout à l’heure les difficultés financières et économiques de la Russie. Cet impact est tangible et il nous faut le poursuivre pour avoir cet effet dissuasif. Deuxièmement, nous avons défini un agenda de solidarité entre les membres. Pourquoi ? Parce qu’il y a une asymétrie dans les conséquences que la guerre fait peser entre les membres du G7, comme d’ailleurs entre les membres de l’OTAN, qui suppose une solidarité. D’abord en matière de gestion des réfugiés, l’Europe, de manière logique, par géographie, est la première contributrice. Et s’il y a entre 6 et demi et 7 millions de déplacés aujourd’hui ukrainiens, il y a d’ores et déjà plus de 3 millions et demi d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens qui sont sur le sol européen. C’est l’un des plus grands défis que l’Union européenne a à vivre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et je pense en particulier aux pays qui sont les plus impactés parce qu’ils sont voisins de l’Ukraine. Nous devons en plus évidemment avoir une solidarité pour d’autres pays qui sont non membres de l’Alliance ou de l’Union européenne, mais encore plus touchés ; je pense à la Moldavie. Ce qui nous a conduit à d’ores et déjà mettre en place des stratégies de réinstallation. Comme nous l’avons d’ailleurs fait, la France a pu en conduire elle-même ces derniers jours. Et donc, ce que nous avons demandé à nos partenaires du G7, c’est d’être solidaires et de pouvoir, en lien avec les Européens continentaux, quand il s’agit des Britanniques, des Canadiens, des Américains, des Japonais nous aider, en lien aussi avec le HCR et les Nations unies, à mener ces opérations de réinstallation et à pouvoir partager cette solidarité. C’est d’abord un élément très concret pour nous tous. Et puis, c’est aussi ce qui nous permettra de lutter de manière efficace contre toutes les formes de trafic humain et de bien protéger en particulier les familles, les enfants, les femmes qui sont aujourd’hui soumis à cette situation que nous connaissons.

Le deuxième élément de solidarité, c’est la solidarité énergétique. L’Europe, et là, c’est une caractéristique aussi naturelle de notre géographie, est le plus grand acheteur de fossiles parce que nous ne sommes pas producteurs. Et donc, nous avons cette dépendance, en particulier au gaz, au pétrole et au charbon russe. Notre souhait est évidemment de d’abord maîtriser les prix pour nos consommateurs – nous y reviendrons tout à l’heure en Conseil européen – mais aussi de très vite diversifier pour moins dépendre et ne pas être soumis à des mesures de représailles, mais surtout nous-même réduire les éléments d’achat qui aujourd’hui vont vers la Russie. Et donc cette sortie de notre dépendance au pétrole et au gaz russe passe, là aussi, par une diversification de nos achats et une politique concertée avec les autres membres du G7. Certains membres peuvent augmenter leur production d’hydrocarbures, certains membres peuvent aussi nous aider dans une stratégie de diversification. C’est ce que nous avons acté aujourd’hui avec un rôle tout particulier des États-Unis d’Amérique et du Canada qui, sur ces énergies fossiles, évidemment ont une contribution importante avec lesquels nous voulons renforcer nos coopérations pour réduire nos dépendances. C’est pour moi un élément très important. Tout ça est complémentaire de notre stratégie de sortie des énergies fossiles et le plus structurant par cohérence avec notre stratégie climatique. Simplement, nous savons que tout ça prend du temps, et dans ce temps intercalaire, il nous faut diversifier. Et c’est là où la stratégie de coopération au sein du G7 est essentielle.

Enfin, et je voudrais insister sur ce point. Dernier élément de solidarité est une solidarité alimentaire. J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, mais l’Ukraine, comme la Russie sont de très grands producteurs, en particulier de céréales. Et aujourd’hui, nous en vivons les impacts en Europe, nous avons des tensions sur les prix. Nous avons aussi des tensions dans plusieurs filières qui ont conduit la France et les Européens à réagir avec les plans de résilience, par exemple pour aider nos éleveurs qui sont très dépendants des tourteaux venant d’Ukraine pour nourrir leurs bêtes, et avec un renchérissement des prix, ce faisant, de production pour nos éleveurs, et parfois de risque de rupture, nous sommes en train d’y pallier.

Néanmoins, d’ores et déjà, nous sommes tous confrontés à une hausse des prix, mais aussi et surtout, nous sommes en train de rentrer dans une crise alimentaire sans précédent parce que d’autres pays, au Proche et Moyen-Orient, en Afrique sont, eux, très dépendants pour nourrir leurs populations de ce qui est aujourd’hui produit en Ukraine et Russie. La guerre en Ukraine et les choix qui ont été faits par la Russie, gravissimes et irresponsables, sont la conséquence directe des choix de la Russie et de la guerre, qui font que des pays comme l’Egypte, mais plusieurs autres au Maghreb, en Afrique, au Proche et Moyen-Orient ont aujourd’hui des difficultés à s’approvisionner en blé, plus largement en céréales. L’Egypte dépend à 80 % de ces importations de la région ukrainienne et russe. A court terme, il y aura des difficultés dans ces pays. Mais surtout, la guerre en Ukraine rend impossible pour le moment, par le choix fait par la Russie, de semer comme il se devrait, et donc est en train de nous créer une situation qui sera encore plus grave dans 12 à 18 mois. Cette situation va créer une crise alimentaire, des situations humanitaires gravissimes dans plusieurs pays, et à coup sûr, des conséquences politiques massives dans plusieurs des pays que j’évoquais. Face à cela, nous ne pouvons rester impuissants. Je veux ici vous alerter, et donc il nous faut réagir. Réagir par les actions que nous conduisons, et donc dans les échanges que j’ai avec le Président POUTINE durant lesquels, comme vous le savez, j’appelle à un cessez-le-feu rapide. Je plaide aussi pour qu’il puisse y avoir, et je le redis, ici, solennellement à la Russie, la levée des restrictions à l’exportation sur les denrées alimentaires, la possibilité laissée justement de semer. Mais il est absolument impérieux qu’au-delà du cessez-le-feu, la Russie se montre responsable, et ne prenne pas, en plus justement, cette responsabilité de créer cette famine qui, sinon, est à coup sûr inéluctable. Mais il nous faut aussi réagir en construisant justement l’avenir, et en mobilisant nos céréaliers, nos semenciers, nos transporteurs, nos assureurs et l’ensemble des acteurs internationaux. C’est pourquoi j’ai souhaité, au nom de la France, et en tant que Président justement du conseil pour ce semestre, au niveau européen, et en lien direct avec l’Union africaine ; je me suis entretenu il y a quelques instants avec le Président Macky SALL, lancer une initiative comparable à ce que la France avait pu lancer au moment de la crise sanitaire avec l’initiative ACT-A.

Le but de l’initiative que nous souhaitons lancer, nous avons décidé avec le Président Macky SALL de l’appeler Food and Agriculture Resilience Mission. L’initiative FARM, a pour but de tout de suite nous organiser, main dans la main, avec les pays concernés et les organisations compétentes, comme avec le secteur privé, de lancer une initiative pour pallier cette crise. Avec d’abord un pilier commercial pour apaiser les tensions sur les marchés agricoles, élaborer un plan d’urgence de libération des stocks en cas de crise pour éviter toute situation de pénurie, et modérer les hausses de prix. Plusieurs pays sont en train de continuer à constituer des stocks. Il est indispensable, de manière concertée, de libérer ces stocks au plus vite. D’obtenir aussi un engagement multilatéral, à ne pas imposer de restrictions à l’export des matières premières agricoles, pour trouver des situations très comparables à ce qu’on avait vécu sur les produits de santé au moment de la crise du Covid il y a deux ans. Et mettre en place un suivi transparent des obstacles au commerce des produits agricoles, et des prix sur les marchés en s’appuyant sur le système d’information sur les marchés agricoles mis en place lors de la présidence française du G20. Ce premier pilier commercial, évidemment, sera travaillé en lien très étroit avec l’Organisation Mondiale du Commerce, et nous avons eu l’occasion de préparer cela avec sa Directrice Générale.

Un deuxième pilier de solidarité, qui à vocation à préparer les premiers effets de la guerre dès cet été avec une action coordonnée des pays producteurs pour relever temporairement les seuils de production lorsque cela est possible et sans compromettre les objectifs de durabilité, et de mettre en place un mécanisme d’allocation des volumes pour garantir un accès de tous, en particulier les plus vulnérables, en quantité suffisante et à prix raisonnable. C’est un mécanisme qui là aussi s’inspire très concrètement de l’initiative ACTA que nous avions lancée en réponse au Covid-19, ce qui veut dire très concrètement pour nous Européens, assumer de produire davantage, en respectant nos normes, en respectant nos règles, en étant très vigilants sur les sujets climatiques et de biodiversité, mais en réhaussant les objectifs de production qui sont les nôtres pour contribuer à cet effort de solidarité.

Un troisième pilier, enfin, en faveur de la production dans les pays les plus concernés, en augmentant significativement les investissements dans la production alimentaire durable et les chaînes de valeur agricoles résilientes sur tous les continents et en intensifiant nos opérations pour permettre aux pays qui sont les plus dépendants des importations de la zone russo-ukrainiennes de produire davantage sur leur sol. Et là, c’est très cohérent avec ce que nous avons relancé en janvier 2021 avec, vous vous en souvenez sans doute, la grande initiative de la Grande muraille verte ou l’initiative sur les protéines végétales que nous avons accélérée sous présidence française, initiatives qui ont vocation à lancer des opérations de reforestation, de développement agricole dans les pays justement allant du Golfe de Guinée jusqu’à la Corne de l’Afrique et de manière très concrète en leur permettant de produire davantage sur leurs sols.

Voilà l’initiative que je souhaitais ici vous présenter. Je l’ai exposée en G7 pour engager les collègues autour de la table qui sont tous des grands pays producteurs. Et je pense que nous devons être exemplaires en termes justement de capacités à produire là aussi davantage. Je le ferai tout à l’heure dans le cadre du Conseil et nous l’élargirons évidemment dans le cadre du G20, et tout cela se faisant main dans la main avec l’Union africaine et avec l’ensemble des pays les plus concernés. Voilà les quelques éléments que je souhaitais vous apporter en compte-rendu du sommet de l’OTAN et justement de ce G7 et l’annonce aussi que je souhaitais vous présenter, cette initiative française en matière de sécurité alimentaire.

Journaliste

Bonjour Monsieur le Président, j’ai une question centrée sur les entreprises françaises qui sont implantées en Russie. On a vu que Renault suspendait son activité sur place. L’Etat est au capital de Renault, mais d’autres font le choix de rester, Leroy-Merlin, Auchan, ce qui amène à une certaine confusion sur place. Quelle est la ligne que vous vous défendez et le message que vous pouvez adresser à ces entreprises qui sont pointées du doigt par les autorités ukrainiennes ? Merci.

Emmanuel MACRON

Je vais revenir aux fondamentaux de notre action. Notre objectif est par tous les moyens de stopper la guerre et donc d’avoir des sanctions qui sont efficaces en touchant les secteurs les plus sensibles et les personnalités les plus sensibles, mais évidemment de limiter les impacts sur nos économies. Il y en a néanmoins et donc nous veillons à les corriger. C’est pourquoi nous avons concentré nos impacts sur les instituts bancaires, la banque centrale – ce qui a été sans doute l’une des actions les plus décisives que nous avons menées – et les oligarques. Et il y a d’autres types de sanctions qui peuvent se poursuivre sur des secteurs plus stratégiques pour l’ensemble des Européens et des alliés, et qui sont évidemment plus sensibles — charbon, pétrole, gaz — mais que nous n’avons pas pris pour le moment.

Dans ce contexte-là, je souhaite que toutes les entreprises – je l’ai même demandé explicitement à toutes les entreprises françaises qui opèrent dans des secteurs sous sanctions, avec des partenaires sous sanctions, que ce soit actionnaires ou partenaires industriels – respectent ce que la France décide et acte. Et c’est ce qui est aujourd’hui fait par tous les acteurs français. A côté de cela, il y a des pressions qui sont faites. Il y a des risques réputationnels pour des entreprises qui opèrent en Russie. Et là, ma position est de laisser libre les entreprises de décider pour elles-mêmes. C’est le choix des dirigeants de ces entreprises d’apprécier, en fonction de leurs équilibres, en fonction de leur activité, de faire les choix qui conviennent. C’est le choix qu’a fait Renault. C’est le choix qu’ont fait d’autres entreprises de cesser certaines activités. Je considère que pour nous, la priorité ça doit être l’effet final recherché qui est justement de stopper l’action russe. Voilà de manière très claire la position de la France. Je considère ensuite que dans la durée, ces choix, de toute façon, doivent être à chaque fois évalués parce que quand une entreprise décide de tout arrêter en Russie, elle laisse des salariés, elle laisse une emprise qui de toute façon continue à tourner. Et est-ce qu’on fait plus souffrir la Russie et ses dirigeants ? Je ne suis pas sûr. Je pose juste ça sur la table parce que ça veut dire que ce sont des capitaux russes qui récupèrent cette profitabilité. Donc je pense que ce qui est important, c’est à chaque fois d’être cohérent dans nos actions. Renault a fait un choix, je le respecte. D’ailleurs, l’Etat français, en tant qu’actionnaire, ne s’est pas opposé à ce choix. Il était cohérent vis-à-vis de la stratégie et il s’inscrivait dans une appréciation de la situation, je crois qui était celle de l’entreprise.

Journaliste

Je reviens sur le sommet de l’OTAN. Alors, est-ce que vous pensez que l’OTAN doit apporter une aide militaire sans restriction, comme l’a demandé le Président ZELENSKY ce matin ? Si oui, est-ce que la France compte augmenter ses fournitures d’armes à l’Ukraine ? Alors, je sais que vous n’allez pas le dire lesquelles mais d’autres pays sont beaucoup moins discrets que vous.

Et est-ce que vous êtes entendu lors de ce sommet sur des lignes rouges en cas d’utilisation d’armes chimiques ?

Emmanuel MACRON

Alors, sur la première question, il y a une limite, je l’ai dit, qui est de ne pas devenir cobelligérant. Cette limite est partagée par tous les alliés. Et donc très clairement livrer de nouveaux équipements, en particulier avions ou chars, aujourd’hui, personne ne la franchit parce qu’il est évident qu’elle caractériserait une cobelligérance. Par contre, beaucoup de matériels militaires, air-sol, antichars, ont été livrés depuis le début de la guerre et continueront de l’être par les alliés. D’autres aussi continuent d’honorer des contrats qui précédaient le déclenchement de la guerre et continuent d’aider l’Ukraine. Donc, il a été acté que nous continuerons cet effort avec la même cohérence et avec les mêmes limites et je pense que c’est ce qui permet d’ailleurs de contribuer à tenir.

A côté de ça, sur la deuxième question que vous avez posée, je serai très prudent sur ce sujet. D’abord parce qu’en ce qui me concerne, à chaque fois que j’ai eu à définir des lignes rouges, je voulais être parfaitement sûrs que les définir avaient un effet dissuasif et que leur franchissement serait suivi d’effets, parce que je considère que c’est comme ça que la parole de la France ou de tout allié est respectée. C’est ce que nous avons fait en avril 2018 lors de l’opération Hamilton. Je pense qu’en l’espèce, l’ambiguïté stratégique et la discrétion sont plus efficaces. Donc, je m’en tiendrai à cela. Nous préparons, nous menons des travaux, mais je n’expliciterai pas aujourd’hui quelques lignes rouges sur ce sujet.

Journaliste

Je voulais poser une question plus par rapport à la médiation et la paix même si on est dans un lieu a priori de guerre, militaire. Hier, le Président ZELENSKY devant le Parlement français a évoqué à trois reprises le format Normandie en disant que c’est la table de paix et que cela avait fourni des bouffées d’air pendant les huit années et que donc, il aimerait avoir plus que des bouffées d’air actuellement, sachant que le Président POUTINE a métaphoriquement, je ne sais pas comment je dois le dire, mais il a déchiré les accords de Minsk. Le Président ZELENSKY avait demandé à ce que les US fassent partie du format Normandie avant, avant l’attaque et la guerre. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, c’est le moment d’inclure les Etats-Unis puisqu’ils sont de fait maintenant dans les négociations depuis que Joe BIDEN a rencontré POUTINE en juin l’an dernier, et aussi depuis la conférence qu’il a eu aussi l’an dernier. C’était dans les tuyaux, entre guillemets. Je ne sais pas si vous pouvez peut-être nous donner un éclaircissement.

Emmanuel MACRON

Je distinguerais d’abord deux cadres qui ont toujours été distincts. Il y a un cadre, ce qui avant le 24 février s’appelait la crise ukrainienne, qui est maintenant la guerre ukrainienne, qui était en effet celui des accords de Minsk et du format Normandie. Ça, c’est un cadre. Il y a ensuite les discussions bilatérales qui prévalaient entre les Etats-Unis d’Amérique et la Russie. C’est un autre cadre. Les sujets, d’ailleurs, n’étaient pas les mêmes. Les discussions de juin dernier à Genève étaient des discussions sur la sécurité, les relations bilatérales, le contrôle des armements. Et puis, il y a d’autres discussions pour lesquelles la France a toujours plaidé et je continuerai de le faire, qui doivent prévaloir celles entre l’OTAN et la Russie. Il y a un accord qui existe même s’il a été là aussi foulé au pied par la Russie de manière unilatérale. Il y a des discussions qui devront se tenir à un moment entre l’Union européenne et la Russie parce qu’on parle de l’Union européenne, de notre sol, de nos équilibres, et moi je ne délègue pas les discussions sur ma sécurité. Donc ça, ce sont des cadres différents.

Aujourd’hui, il n’y a plus de cadre de discussion puisque la Russie a déclenché la guerre, donc il y a des canaux de discussion bilatéraux, informels. Nous avons, à plusieurs reprises décidé, aussi avec le Chancelier SCHOLZ, de discuter ensemble avec le Président POUTINE. Il a toujours refusé, lui, de discuter avec le Président ZELENSKY malgré les demandes de celui-ci et les nôtres. Donc, je constate que lui ne veut pas. Le Président ZELENSKY serait prêt, mais il n’y a pas de format établi aujourd’hui. Donc le travail que nous devons continuer à faire, c’est un travail de discussion. Je pense qu’il doit être incessant. Cette semaine, j’ai encore reparlé deux fois au Président POUTINE. J’ai passé plusieurs heures pour essayer de construire les voies et moyens, essayer de mieux comprendre les limites, etc., à chaque fois en me concertant avec le Président ZELENSKY. De manière évidente, les négociations ne permettront pas de déboucher dans les prochaines heures et les prochains jours. Mais il faut préparer le moment où ce sera possible. Et je pense que c’est notre responsabilité et c’est le seul élément qui est cohérent avec le fait que nous ne menons pas, nous, la guerre, mais que nous avons plutôt décidé d’une stratégie de tenaille qui consiste à aider l’Ukraine, à mener des sanctions. Donc, il faut aussi avoir cette voie. Le format de finalisation de ces échanges est encore à définir. Et il dépendra du choix des parties prenantes, des demandes qui seront les leurs, en particulier des demandes de garants à un tel accord. Il est trop tôt pour les définir et rien n’est fermé. Et voilà les quelques clarifications à la fois historiques et contemporaines que je souhaitais faire en réponse à votre question.

Journaliste

Monsieur le Président. Vous avez rencontré aujourd’hui le Président turc, Monsieur ERDOGAN, avant le sommet de l’OTAN. Vous êtes les deux dirigeants qui ont un point commun : vous parlez avec Monsieur ZELENSKY et Monsieur POUTINE ouvertement. Et donc, quelles sont les conclusions que nous pouvons tirer de cette rencontre ? Et peut-on penser qu’il y a un espoir pour revenir à la table pour les négociations et une initiative commune entre les deux pays-là, avec les deux autres ?

Emmanuel MACRON

D’abord, vous avez raison d’insister sur le fait que le Président ERDOGAN, également parle au Président POUTINE. Et en lien avec la question précédente, je me coordonne de manière permanente avec toutes celles et ceux qui échangent avec le Président POUTINE, qu’il soit membre de l’Union européenne ou non. Et donc, c’était très important que nous puissions partager notre vision du conflit et des perspectives de négociations. Je crois que nous partageons la même lecture que celle que je viens de faire, il n’y a pas de perspective de très court terme. Mais donc premièrement, nous allons continuer de travailler ensemble pour chacun dans nos échanges, plaider pour le cessez-le-feu d’abord comme première étape, puis la construction d’un accord permettant justement, de rassembler les conditions qui permettront de maintenir une paix durable. Donc, coordination entre nous deux sur ce sujet, volonté de travailler ensemble. La deuxième chose, nous avons décidé de pouvoir travailler aussi sur des opérations humanitaires communes, en particulier à Marioupol. Et donc, nos ministres et nos équipes vont travailler ensemble pour que dans les tout prochains jours, nous puissions conduire une opération humanitaire ensemble, éventuellement avec d’autres partenaires qui souhaiteraient se joindre à nous, sur Marioupol qui est, comme vous le savez, une des situations humanitaires les plus tragiques. Et puis, nous avons également parlé des questions régionales et je pense que la situation que nous sommes en train de vivre est aussi l’occasion de lever des ambiguïtés, en tout cas, d’être le moment de clarification stratégique que j’appelais de mes voeux de la part de la Turquie dans notre relation et qu’il s’agisse de la Libye ou du Proche et Moyen-Orient, de pouvoir réengager avec ses partenaires européens une stratégie collaborative. Et je crois que le tour de vue que nous avons fait tout à l’heure avec le Président ERDOGAN montrait qu’il y avait la possibilité d’avancer dans le droit fil d’ailleurs de la conférence de Bagdad de septembre dernier que nous avions tenue et auquel le ministre des Affaires étrangères turc était présent, de pouvoir avancer sur beaucoup de dossiers qui parfois nous avaient séparés dans les années qui précèdent. Et donc ça, c’est un élément positif dans un contexte lourd.

Journaliste

Thank you Mr. President and forgive me for speaking in English. My question to you would be how should NATO respond if China finances and militarily gives aid to Russia ? Plus, TotalEnergies are still operating in Russia. What is your message to them? Should they stop ?

Emmanuel MACRON

Je vais vous dire comment je vois les choses. D’abord, moi, je suis un esprit basique. Et donc nous sommes, si j’ai bien compris les choses, dans une organisation qui est celle de l’Atlantique Nord et de manière basique, je ne vois pas la Chine dans cet espace-là. Donc, pour moi, ce n’est pas un sujet de l’OTAN, la Chine, je vous le dis très sincèrement, c’est un sujet d’un membre du P5. La France l’est, on est membre permanent du Conseil de sécurité. C’est un sujet stratégique pour les Etats-Unis, pour l’Union européenne, pour la France, oui. Mais je pense que l’OTAN vient d’avoir un électrochoc, moi qui parlais de mort cérébrale en décembre 2019. L’électrochoc, c’est que la conflictualité à ses frontières est revenue puisque la guerre a été lancée par la Russie, pas contre un de nos membres, mais contre un voisin proche. Et donc, je pense que c’est ça notre travail. C’est la carte que je montrais tout à l’heure, c’est travailler sur cet espace-là. C’est déjà beaucoup, soyons efficaces et crédibles sur ce sujet. Ça, c’est pour l’OTAN.

Pour la Chine, je l’ai toujours dit, nous savons nos différences, nous savons les éléments de coopération et nous savons les points de rivalité. Bon, je ne crois pas que la politique fiction, quand elle envisage le scénario du pire et pousse les décideurs à essayer d’intimider les autres par voie de conférence de presse, produisent souvent des résultats efficaces recherchés. Moi, je suis plutôt pour l’efficacité en la matière. Donc, j’ai parlé au Président XI il y a 10 jours, je lui reparlerai autant que nécessaire durant cette crise et j’ai eu face à moi un dirigeant, premièrement, qui a partagé nos préoccupations et qui désapprouve la guerre. J’écoute, je lis comme vous ce que dit la Chine, y compris quand on lui fait des reproches. La Chine défend en permanence la souveraineté des peuples, leur droit à disposer d’eux-mêmes et l’importance de ces notions. Il est donc tout à fait normal que la Chine ne puisse soutenir la Russie dans une agression contre un peuple voisin et la violation de sa souveraineté territoriale. Esprit de cohérence, la Chine y est attachée. Je sais donc pouvoir compter sur le Président XI en la matière. Deuxième chose, quand nous lui avons parlé avec le Chancelier SCHOLZ, le Président XI Jinping nous a soutenu dans notre volonté de demander un cessez-le-feu. Donc, je crois plutôt à la cohérence chinoise et je pense que la Chine, en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations unies et en tant que grande puissance, ne peut faire autre chose que d’être une puissance de médiation et de modération. Et donc nous aider à convaincre la Russie d’arrêter cette guerre, ne l’aider ni participer en rien, jamais, et veiller à ce que toutes les puissances, en particulier les puissances dotées, reviennent à la raison et à la stabilité parce que je sais que la Chine est attachée à une certaine visibilité dans le cadre des relations internationales. Donc, je continuerai de parler au Président XI Jinping sur cette base-là. Je veux croire que la Chine sera cohérente avec sa vision de la souveraineté territoriale et donc continuera de chercher à stopper cette guerre. Et je veux croire que la Chine ne participera à aucune forme d’escalade. Je préfère le tourner de cette manière-là.

Journaliste

Thank you Mr. President. Mr. President, la France va être chef de fil par rapport aux nouveaux groupements tactiques en Roumanie, vous avez déjà déployé des effectifs dans notre pays au cours de ces dernières semaines et au-delà des troupes, des soldats que vous avez envoyés, peut-on s’attendre à une présence militaire accrue sur le territoire roumain, présence militaire française, s’entend ? D’autre part, est-ce que la France maintiendra sa présence maritime en Méditerranée autant de temps qu’il le faudra ? Est-ce qu’on va peut-être même renforcer cette présence en Méditerranée et en mer Noire, et ce pour faire acte de dissuasion par rapport à des menaces aériennes et maritimes ?

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup. Est-ce qu’on peut remettre la carte deux secondes ? Si c’était possible, voilà, merci. Donc, comme vous l’avez dit, on a envoyé 500, exactement je crois 550, parmi les meilleurs, puisque nous avons envoyé des chasseurs alpins ; et donc nos chasseurs alpins sont là, coordonnent le travail avec donc deux autres nations belges et néerlandais. D’ailleurs, peut-être d’autres se joindront à l’exercice si nécessaire. Mais l’objectif est vraiment, dans une mission qui a vocation donc à monter en charge, de pouvoir maintenir cette présence dans le cadre des missions dites EFP et donc le même cadre que d’habitude, et je pense qu’il ne faut pas changer de doctrine et nous en restons à la doctrine habituelle. Comme vous le voyez, depuis le 1er février, nous contribuons au dispositif aérien, pour votre pays et la Bulgarie, avec ces moyens qui sont mis à disposition en mer pour pouvoir à la fois projeter nos avions et puis continuer aussi le travail de surveillance du côté maritime. Donc, il y a un effort complet qui est fait par la France. Nous, nous sommes pragmatiques. À chaque fois qu’il faut intensifier nos efforts, on le fera. La nature des opérations doit se faire pour moi de la même manière que nous le faisons depuis plusieurs années, par exemple chez nos amis baltes, c’est-à-dire à travers des missions qui restent des missions temporaires. Nous ne souhaitons pas changer de logique avec des missions permanentes et donc qu’il y ait des rotations est une bonne chose. Par contre — je veux insister sur ce point — nous, nous tenons à l’interopérabilité, c’est-à-dire que, si on veut que ces missions soient efficaces, il faut que nos armées continuent à développer des cultures communes, une capacité à travailler ensemble et à ce que l’agrégation de ces moyens — parce que là, j’ai mis les moyens français mais il y a les efforts qui sont faits par tous les autres alliés — soient parfaitement imbriqués et interopérables. Si on veut de l’efficacité opérationnelle, c’est ça le but. Et donc, plutôt que d’accroître de manière injustifiée, ou plutôt que d’aller vers de la pérennité qui n’est pas forcément justifiée, nous, nous souhaitons être très réactifs — et nous avons montré la crédibilité de notre réactivité ces dernières semaines — donc être réactifs sur du temporaire, même de longue durée, mais par contre, renforcer l’interopérabilité de l’Alliance et de nos armées. En tout cas, je crois que la Roumanie sait qu’elle peut compter sur la France.

Journaliste

Monsieur le Président, il y a 15 jours de cela, il y a une roquette fabriquée par la Russie qui est tombée sur Zagreb qui est la capitale d’un pays membre, alors la Croatie a dit qu’il y avait une bombe. Je voudrais savoir comment vous voyez cette situation ? S’agissait-il d’un incident ? Était-ce autre chose ? Quel est le message qu’envoie l’OTAN si par rapport à une telle roquette, elle a pu finalement traverser l’espace aérien de 3 États membres : la Roumanie, la Hongrie et la Croatie. Et par rapport à cela, est-ce que la France va augmenter sa présence aérienne non pas qu’en Bosnie, mais aussi en Croatie ?

Emmanuel MACRON

Merci pour votre question. J’étais en Croatie il y a quelques semaines. Nous avons d’ailleurs renforcé notre partenariat stratégique et nous l’avons renforcé, en particulier sur le plan aérien, avec des coopérations entre nos armées et un programme aussi, comme vous le savez, impliquant les Rafales français, ce qui montre l’engagement de la France pour la sécurité, y compris la sécurité aérienne de votre pays, et parce que j’estime que c’est la responsabilité qui est la nôtre et c’est la cohérence — je veux, ici, vous montrer la démonstration de ce que je vous dis depuis maintenant 5 ans : on s’engage dans l’OTAN, on fait de l’interopérabilité, on est là quand il y en a besoin, on renforce notre présence auprès des Européens dans l’OTAN, mais en parallèle, ces quelques derniers mois : accords avec la Croatie, accord avec la Grèce sur des programmes de coopération militaire et d’armement substantiels. Donc, nous sommes là aux côtés de la Croatie et nous serons là dans la durée. Sur ce qui s’est passé, en effet, lors même du sommet extraordinaire que nous tenions à Versailles il y a quelques semaines, dans votre pays, à Zagreb. D’abord, j’en ai été tout de suite informé par le Premier ministre PLENKOVIĆ. Je lui ai témoigné du soutien, de la solidarité de la France, qui s’est matérialisée par plusieurs vols immédiats, à la fois de surveillance et d’intimidation, si je puis dire, que nous avons assumés.

Donc, la réactivité française a été immédiate, les vols ont été actés quelques minutes après l’information qui nous a été transmise. Ensuite, nous coopérons pour pleinement comprendre et attribuer – puisque je pense qu’il faut être très prudent sur l’attribution de cette explosion de drone. Évidemment, on a tous été très choqués par ce qu’il s’est passé, d’abord parce que c’était, sous votre contrôle, à quelques mètres de logements étudiants. Et donc, on a tous imaginé ce qui aurait pu se passer. J’ai vu les images filmées par votre Premier ministre lui-même, et qu’il m’a envoyées. Et donc, nous continuons le travail, en lien avec la Croatie, pour comprendre ce qui s’est passé, identifier la charge, et pleinement attribuer cet élément. Il est apparu que plusieurs autres pays de l’Union européenne et de l’Alliance ont été survolés par des drones comparables venant de zones ukrainiennes. Je pense qu’à ce stade, il nous faut être très prudents, et ne pas tirer de conclusions définitives de ces opérations. Est-ce que ça a été des pertes de contrôle, des détournements, des erreurs, ou des opérations faites à dessein ? En tout cas, les règles de solidarité entre Européens et entre membres de l’Alliance sont bien connues, et elles seront activées, si besoin était, de manière évidente. La France est une puissance amie, et qui s’engage quand ses alliés, ses partenaires, sont attaqués. Donc évidemment, nos devoirs sont tenus. Mais sur ce cas précis, je voulais apporter ces clarifications, mais là aussi, vous pouvez compter sur nous.

Merci à vous.