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Guinée: «Doumbouya show» ou premiers pas vers la transition?

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Laes coups d'Etat reviennent-ils au goût du jour en Afrique? (Ph. d'illustration)

Maintenant, la Guinée vivra-t-elle au rythme du «Doumbouya show», après le «Dadis show» de 2008-2009, lorsque le capitaine Moussa Dadis Camara, a dirigé le pays dont il s’était auto-proclamé président, à la mort de Lansana Conté, le 22 décembre 2008? Dès ce mardi, tout ce que la Guinée compte de personnalités de divers rangs et catégories socio-politiques devra se retrouver au Palais du Peuple. La convocation, émane du Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) qui évoque des concertations, selon ses mots, «inclusives» avec «les forces vives de la Nation». Partis politiques, société civile, syndicats, leaders religieux, opérateurs économiques, représentants du patronat et des sociétés minières, patrons des banques, seront donc, du 14 au 17 septembre, face à la junte militaire pour dessiner les premiers contours de la transition. Chaque entité bénéficiera de deux heures chrono pour exprimer ses préoccupations et donner sa vision de l’après Alpha Condé, mis à la touche par l’armée le dimanche 5 septembre.

Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, l’avait promis, suite au putsch dominical, le pays connaîtra une transition «apaisée», menée par un gouvernement d’ouverture nationale. L’idée, ou plutôt le mot d’ordre a rencontré l’adhésion d’un peuple guinéen qui en liesse, avait accompagné la sortie de scène de son désormais ex président en scandant «liberté, liberté, liberté…». Tout comme la majorité des Guinéens, les principales figures de l’opposition tout en demandant un retour à l’ordre constitutionnel, n’ont pas boudé leur plaisir d’assister à la chute de celui qui ne s’accommodait pas de la contradiction et avait fermé toutes les voies de changement politique par les urnes. C’est donc avec empressement que ces forces politiques ont adhéré à cette initiative dont ils ignorent pourtant tout de l’architecture véritable. Pire, en dehors peut-être de la junte militaire qui sait où elle va, peu de gens peuvent se targuer être dans le secret des nouveaux maîtres de Conakry. Quitte à déchanter après, tous jouent le jeu, déjà soulagés d’être débarrassés de l’empêcheur de s’opposer en rond. Pour le reste, tous accordent la bonne foi aux hommes en kaki, de qui chaque parti entend rester dans les bonnes grâces.

En dehors de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) qui attend de se réunir ce lundi pour prendre une décision, les brebis s’étant égaillées en l’absence du berger Alpha, les autres partis politiques, que ce soit l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo ou le Parti des démocrates pour l’espoir (PADES) de Ousmane Kaba, ne se posent pas de question sur les intentions de la junte militaire au pouvoir. Ces concertations annoncées inclusives par le CNRD, ont opéré leur charme sur les opposants, chacun voyant en ce putsch une opportunité inespérée d’aller au changement et, si affinités, de ravir le fauteuil présidentiel si la transition débouche sur des élections ouvertes. Mais ça c’est une autre manche! Le CNRD qui, au passage a interdit toute manifestation de soutien, sans doute pour ne pas se laisser phagocyter par les politiques, n’a fixé, pour l’instant, aucun planning de transition. Un projet de charte de transition militaire dont une copie, vraie ou fausse, circule de plus en plus sur la toile, en parle. Toutefois, c’est la charte élaborée et présentée aux «forces vives de la nation» qui éclaircira le mystère et définira si la transition sera militaire ou civile.

En attendant, s’il faut louer les concertations inclusives qui s’ouvrent ce lundi, la crainte est bien présente, vu la pléthore d’invités et le temps relativement court des audiences, qu’elles ne se transforment en une grande foire. Ou simplement en «Doumbouya show», où certains iront faire allégeance, ou se faire tancer par le nouveau maître. A la Dadis Camara!

Par Wakat Séra