Accueil A la une Jacob Zuma ou les cinq jours les plus longs du chef zulu!

Jacob Zuma ou les cinq jours les plus longs du chef zulu!

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Jacob Zuma assailli par les affaire (Ph. aljazeera.com)

Condamné à 15 mois de prison par la Cour Constitutionnelle de son pays pour outrage à la justice, Jacob Zuma n’a encore que cinq jours de sursis pour se livrer, pieds et poings liés, à la police. Reclus pour l’instant dans sa résidence de Nkandla dans le Kwazulu Natal, l’ancien président sud-africain espère, peut-être, que les nombreux fidèles qui sont encore siens au sein de l’ANC, dresseront autour de son fils Edward Zuma, une muraille infranchissable pour empêcher que la sentence de la plus haute Cour sud-africaine soit exécutée. Même si une quelconque action du genre est menée, elle ne ferait que retarder l’agonie de l’une des plus grandes figures de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. Car, les décisions de la Cour constitutionnelle sont, sauf exception non connue de nous, irréversibles.

De plus, cette condamnation, vécue comme un événement judiciaire sans précédent au pays de Nelson Mandela, pourrait bien être la plus clémente des décisions qui attendent Jacob Zuma, empêtré dans une avalanche d’affaires dont l’une d’elles dite de «pot-de-vin du groupe français Thalès», n’en finit pas de tenir la rampe de l’actualité judiciaire en Afrique du Sud.

Quoiqu’on dise, c’est Jacob Zuma lui-même qui a creusé sa propre tombe, le couperet de la Cour Constitutionnelle étant tombé suite à son refus obstiné de se présenter devant une commission d’enquête chargée d’investiguer sur les affaires de corruption au sommet de l’Etat. Un instrument anticorruption créé par le «tondu» de la République himself, lorsqu’il était aux affaires. En son temps, harcelé par l’ire de son peuple, las de souffrir des scandales au quotidien et dont les auteurs n’étaient autres que les membres de son gouvernement, le «chef zulu», voulant se donner un peu d’air, a mis en place cette commission, qui, aujourd’hui est sur le point de le bouffer.

Est-ce parce qu’il en est le géniteur que Jacob Zuma a toujours refusé d’aller à Canossa, en comparaissant devant cette commission, criant à qui voulait l’entendre qu’il préférait aller en prison? En tout cas, si tel est son souhait, il vient donc d’être exaucé par la Cour Constitutionnelle qui lui ouvre, bien grandes, les portes de la prison, d’où il méditera sur cette sentence universelle: «Nul n’est au-dessus de la loi». Il pourra même, dans la sérénité de ces lieux réputés assez calmes, organiser sa défense dans les mille et unes affaires qui l’éclaboussent.

Une condamnation de Jacob Zuma qui devra servir de leçon, à tous les dirigeants qui abusent de leur pouvoir, oubliant qu’un beau matin, ils seront nus et bien seuls devant la justice, dans leur chute. Leur impunité, aussi longue soit-elle, s’arrêtera toujours au soir de leur vie au pouvoir. «Dura lex sed lex»! Oui, dure est la loi, mais c’est la loi. Et ce n’est pas les chefs d’Etat poursuivis ou condamnés, sous les tropiques ou en Occident qui diront le contraire.

Le Général mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, l’Angolais José Eduardo Dos Santos, l’Egyptien, feu Mohamed Morsi, les Français, feu Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, et l’Italien Silvio Berlusconi alias «Il Cavaliere», pour ne citer que ces anciens gouvernants, sont bien les exemples, vivants ou morts, de cette liste non exhaustive d’ex-hommes forts rattrapés par les casseroles qu’ils trainaient. Mais ces cas pratiques serviront-ils réellement de leçon aux dirigeants en exercice? Rien n’est moins sûr!

Enivrés par le doux nectar du pouvoir et de leur puissance sans limite, et oubliant royalement que «cela n’arrive pas qu’aux autres», ils sont encore nombreux à penser pouvoir échapper aux rets de la justice. Pourtant, la justice, elle, est toujours là, patiente et impassible, à la fin du parcours, ou même pendant, qu’elle soit celle du tribunal des hommes ou immanente!

Par Wakat Séra