Accueil A la une La Côte d’Ivoire et ses trois «Joe Biden», en attendant 2025!

La Côte d’Ivoire et ses trois «Joe Biden», en attendant 2025!

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Henri Konan Bédié (à gauche) et Laurent Gbagbo, autour de Alassane Ouattara (Ph. d'archives)

Ils sont trois. Ils sont des patriotes indécrottables. Ils aiment tellement la Côte d’Ivoire, qu’ils ont pris sa vie politique en otage, depuis des décennies. Pendant le long règne de Félix Houphouët Boigny, ils étaient déjà aux affaires, en tant que ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale ou opposant. Suite au départ du Vieux, deux d’entre eux se sont érigés en héritiers de droit et de fait. Instaurant entre eux une querelle de coépouses aux grands remous, ils se sont disputés sans ménagement, le fauteuil du «sage» de Yamoussoukro, se jetant, et sans modération, de grosses peaux de banane sous les pieds.

Tous les coups étant permis en politique, même ceux en dessous de la ceinture, les trois gladiateurs de l’arène des berges de la lagune Ebrié, au gré des alliances, des divorces et des remariages puis des re-séparations, ont fait de la «terre d’espérance» et «pays de l’hospitalité», leur chose. Se succédant au pouvoir, en marchant souvent dans le sang de leurs compatriotes, le président Alassane Ouattara et ses prédécesseurs, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, se trouvent toujours une autre jeunesse, dès que le pouvoir est en jeu.

Et comme l’actuel locataire de la Maison Blanche avec qui ils partagent, non seulement la même tranche d’âge, mais aussi le goût pour les honneurs de la fonction suprême, les dinosaures de la politique ivoirienne, s’apprêtent à jauger leurs forces dans l’arène électorale. En attendant que Joe Biden, qui, du haut de ses 80 piges, compte défendre son fauteuil présidentiel en 2024 soit positionné à cet effet, si les Démocrates ne le mettent pas à la retraite forcée, les leaders de la politique ivoirienne s’affronteront déjà le 2 septembre prochain, par municipales et régionales interposées. Ensuite, si une modification constitutionnelle ne vient pas mettre fin à leur boulimie du pouvoir, Alassane Ouattara, 81 ans, retrouvera probablement son «cher aîné», Henri Konan Bédié, 89 ans le 5 mai, et son «cher cadet, Laurent Gbagbo, 78 ans le 31 mai, dans la course à la présidentielle de 2025.

Tous les trois, comme si un élixir de jouvence ou une potion magique dont ils ont le secret, s’occupaient de faire une mise à jour systématique de leurs logiciels biologiques, répondent toujours présents, à ces grands rendez-vous de la vie de la nation ivoirienne. Toutefois, la Côte d’Ivoire est loin de détenir la palme d’or des dirigeants du 4e âge! Le Cameroun qui a fêté, en février, les 90 ans officiels de Paul Biya, l’inusable locataire, pour ne pas dire l’éternel propriétaire du palais d’Etoudi, peut se targuer de figurer en pole position dans le classement!

En tout cas, tant que la Constitution le permet, que le peuple n’est pas contre, et que d’autres candidats plus jeunes continuent de ronger tranquillement leur frein, les présidents octogénaires et même centenaires peuvent, dans la sérénité totale, tenir le gouvernail. Surtout qu’ils semblent bien garder la maison. Sauf que les longs règnes portent rarement bonheur aux pays dits de démocratie! Et ce n’est, sans doute pas à la Côte d’Ivoire d’après Feu Félix Houphouët Boigny, qui a traversé des zones de fortes turbulences marquées par un coup d’Etat, une rébellion et des violences post-électorales aux allures de guerre civile, qu’il faut en conter!

Par Wakat Séra