Accueil A la une L’Afrique et ses routes tueuses!

L’Afrique et ses routes tueuses!

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Un spectacle insoutenable!

Au Mali, c’est un choc violent entre un car de transport de passagers et un camion de marchandises, qui a fait au moins 41 morts et de nombreux blessés graves, ce mardi, à Zambougou, sur l’axe Bamako-Ségou. Dans le même temps, le Sénégal pleurait 11 morts dans la collision fatale de deux bus de transport. Quant aux autorités ivoiriennes, elles ont été contraintes de renforcer l’arsenal de mesures préventives et répressives face à la recrudescence des accidents mortels, tant en pleine agglomération que sur les autoroutes et autres routes nationales: messages de sensibilisation, vidéo-surveillance, renforcement du déploiement des forces de l’ordre, retrait de permis de conduire, menaces d’emprisonnement, etc. La route tue, et tue partout sur le continent qui, certes, est loin de détenir la palme d’or des accidents mortels. Mais en Afrique, que ce soit au Burkina Faso ou au Bénin, ou ailleurs, les conducteurs de voitures, de bus ou de camion, que ces véhicules soient privés ou de transport en commun, endeuillent impunément des familles, dans des accidents dont ils sont, en réalité, les seuls responsables.

Véritables «s’en fout la mort» au volant de cercueils roulants, dont le système de freinage laisse à désirer quand il n’est pas simplement inexistant, mais dans lesquels se serrent comme des sardines, des passagers aussi imprudents que fatalistes, ces conducteurs souvent sous l’emprise de l’alcool ou d’amphétamines, ne redoutent qu’une chose sur la route: arriver en retard à destination. Parfois motivés par les primes de propriétaires véreux, ces chauffeurs, sont prêts à affronter tous les dangers, même la somnolence en pleine conduite pour effectuer le maximum de voyages. Surcharges, dépassements hallucinants, défauts d’éclairage et de documents du véhicule, toutes les infractions y passent. Pourtant, ce sont de vraies bolides qui sont lancés sur des routes transformées pour l’occasion en pistes de Formule1, où les champions de ce sport mécanique comme Esteban Ocon, ou Lewis Hamilton, ou encore Fernando Alonso, se seraient sentis comme des apprenants à la quête de permis de conduire. Malheureusement, tout se passe au nez et à la barbe de forces de l’ordre qui se rendent complices, pour une raison ou une autre, de ces course-poursuites auxquelles se livrent les fusées sur terre.

Mais en Afrique, la fatalité étant reine, tous les accidents sont la volonté de Dieu. Surtout quand les morts et les blessés sont ramassés à la pelle. L’imprudence des chauffeurs, intimement liée à la recherche effrénée de gains et encore plus de gains des propriétaires est oubliée, malgré l’ampleur du drame. «C’est le sort qui l’a voulu» ou «c’est leur heure qui a sonné». Ainsi se résument les dernières prières sur des cadavres ensanglantés, enterrés à la va-vite sur le bord de la route. En sorte, nombre de ces accidents portent la griffe de l’homme. Une bêtise humaine la plupart du temps impunie et qui s’enkyste dans les habitudes, transformant les routes africaines en cimetières grandeur nature. Les parents et les enfants des victimes n’auront que leurs yeux pour pleurer! Et demain, les mêmes routes tueront encore, dans les mêmes circonstances! Et c’est Dieu qui l’aura voulu!

Non, il est temps pour les autorités de sévir et d’ouvrir les grilles de la prison pour ces démons de la route qui ont trop ouvert les portes de l’enfer pour d’innocents usagers et passagers. Trop c’est trop! Plus jamais ça!

Par Wakat Séra