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«L’Armée rwandaise vient au secours du M23 et avance sous couvert du M23», selon le chef de la diplomatie en RDC

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Le vice-Premier ministre et chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula Apala

La situation est toujours très tendue dans l’est de la RDC. Le 31 octobre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Goma contre le Rwanda. Kigali est accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23 alors que ces derniers ont progressé ces derniers jours dans le territoire du Rutshuru. Samedi, la RDC avait décidé d’expulser l’ambassadeur du Rwanda. Entretien avec Christophe Lutundula, vice-Premier ministre et chef de la diplomatie congolaise.

La situation est extrêmement tendue dans l’est de la RDC. Le Mouvement du 23-Mars (M23) progresse à l’intérieur du territoire de Rutshuru depuis le 20 octobre dernier. Les rebelles se sont emparées de deux villes, Kiwanja et Rutshuru-centre, la semaine dernière. Où en est aujourd’hui la situation sur le plan sécuritaire?

Christophe Lutundula : Moi, je pense qu’il faut d’abord rectifier. Ce n’est pas en réalité le M23, c’est l’armée rwandaise qui vient au secours du M23 et qui avance sous le couvert du M23. Effectivement, la situation sur le terrain au moment où nous parlons est préoccupante, mais nos forces armées résistent et sont parvenues à bloquer les offensives de l’armée rwandaise avec le M23.

Sur un plan diplomatique, la tension est également très forte. Vous accusez l’armée rwandaise de soutenir le M23. Hier, vous avez notifié à l’ambassadeur rwandais, Vincent Karega, son expulsion du territoire congolais. Et vous avez rappelé votre chargée d’affaires en poste à Kigali, Alice Kimpembe Bamba. Est-ce que cela signifie que le fil de la discussion est rompu avec les autorités rwandaises ?

Qu’il s’agisse de discussions, qu’il s’agisse de la relation entre notre pays et le Rwanda, la relation entre les hommes de manière générale, l’élément fondamental, c’est la confiance et l’intérêt mutuel. Pour l’instant, les autorités rwandaises nous ont démontré que nous n’avions pas de raisons de leur faire confiance et que leurs intérêts sont diamétralement opposés aux nôtres. Y aura-t-il une évolution qui va encourager le dialogue ? Nous le souhaitons bien, parce que nous sommes tous de la même région et donc, pour nous, s’il y a une évolution significative, c’est-à-dire, un, le retrait du M23 des territoires occupés, deux, le retour de nos compatriotes à leur domicile et trois, la fin définitive sans condition et sans délai, de tout soutien au M23 en particulier du soutien du Rwanda, il y aura aucune raison de ne pas dialoguer. Mais pour le moment, nous faisons confiance au président João Lourenço de l’Angola qui a été constitué facilitateur par l’Union africaine. Et nous sommes à sa disposition.

La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) doit prochainement déployer une force régionale dans l’est de la RDC, mais elle se heurte à des problèmes de financement et de commandement. Ces problèmes peuvent-ils être rapidement surmontés ?

Les problèmes de commandement ne se posent pas. Tous les chefs d’État qui étaient aux différents conclaves à Nairobi se sont accordés pour que ce soit un officier général, pour ne pas dire le chef d’état-major des forces armées du Kenya. Il n’y a pas de problème. D’ailleurs, ils ont déjà un siège à Goma. Le problème de financement est en train d’être résolu, parce que nous-mêmes, la RDC, nous avons donné une contribution très importante. Je pense qu’incessamment, peut-être au courant de la semaine, ça sera chose faite, le déploiement, l’opérationnalisation de cette force. Du moins dans un premier temps, il y a des pays, particulièrement le Kenya, qui est disposé, qui est même disponible.

Cela voudrait donc dire que cette force pourrait commencer à être déployée dès cette semaine, c’est ce que vous nous dites ?

Effectivement, il y a beaucoup de chances qu’il en soit ainsi.

Le général angolais Joao Massone vient d’être nommé à la tête du mécanisme de vérification ad hoc chargé d’examiner les accusations que se portent mutuellement Kinshasa et Kigali. Quand va-t-il débuter précisément sa mission ?

Je sais que nous, nous avons aussi désigné notre officier de liaison. Le ministre angolais des Affaires étrangères était ici dimanche. Il est passé à Kigali. J’espère que Kigali va désigner aussi l’officier de liaison. Ce que je sais, c’est que les observateurs angolais qui sont dirigés par le général angolais sont prêts à se déployer, pourquoi pas cette semaine. Ils vont s’établir à Goma, c’est connu. Donc, les choses sont prêtes, il reste la désignation de l’officier de liaison du Rwanda.

Un mot sur l’élection de Lula au Brésil. Comment réagissez-vous à cette victoire ? Est-ce que son succès peut permettre de mieux défendre à l’échelle internationale les grands bassins forestiers mondiaux ?

C’est la victoire de la démocratie. Je félicite les Brésiliens. C’est un pays qui a un ancrage aujourd’hui certain dans la démocratie. Je ne pense pas qu’il y a des raisons pour qu’il ne s’intègre pas dans la dynamique de la défense du patrimoine écologique que nous partageons tous. Nous espérons qu’il va apporter un peu plus d’énergie, parce que c’est un plus quand il vient, pour que la cause que nous défendons nous tous soit entendue de ceux qui sont pollueurs.

Source: RFI